Shakin’ Street (+ Sabotage) au Metronum (Toulouse) le 21/01/2019

Et de dix ! Voilà que Shakin’ Street en est déjà à la dixième date de son Magic Tour débuté le 10 janvier dernier, et force est de constater que le groupe emmené par l’excellente Fabienne Shine monte en puissance après les premières dates de cette nouvelle tournée pour promouvoir Don’t Tell Me How To Shake It, le dernier effort solo de la chanteuse ainsi que la réédition du mythique second album éponyme de 1980. Après des passages à Paris, Montpellier, Lyon ou bien Nice, c’est maintenant dans la ville rose que Shakin’ Street a décidé de poser ses amplis et plus précisément au Metronum, dans l'enceinte de la Music Box. Et puis, ça faisait presque trente ans que le groupe n’était pas revenu à Toulouse… autant dire que ce 21 janvier 2019 est à marquer d’une pierre blanche.

Ouch ! Il fait froid et on est lundi… mais le public est là pour accueillir comme il se doit ce groupe légendaire. Certes, les crânes sont dégarnis, les tempes sont grisonnantes et les bides sont quasi ostentatoires mais l’audience toulousaine est belle et bien de sortie pour faire honneur à Fabienne et à sa bande, comme au bon vieux temps !
Qui plus est, le line up de ce Shakin’ Street mouture 2018 est plutôt intéressant. En effet, la chanteuse est accompagnée de redoutables briscards en plus de son compère Ross The Boss (Manowar, The Dictators) puisqu’on retrouve le batteur J.P "Thunderbolt" Patterson (The Dictators, Thunderboss), le bassiste Dean Rispler (The Dictators, Murphy’s Law) ainsi que le gratteux Freddie Katz (qui est aussi le co-compositeur de l’album Don’t Tell Me How To Shake It de Fabienne Shine). Bref, que des fines gâchettes qui en ferait presque oublier l’absence de Nono de Trust qui a dû annuler sa participation sur ce Magic Tour au tout dernier moment "à la suite de sa précédente et éprouvante tournée avec Trust,  de soucis de santé et de soucis personnel"

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Sabotage


Mais pour l’heure, ce sont les locaux de Sabotage qui ont la lourde charge de lancer les hostilités. Et autant dire que les musiciens vont vite se donner à fond pour se mettre en un clin d’œil toute la Music Box dans la poche. Bon, il faut dire que les Toulousains jouent à domicile et que leur hard rock qui fleure bon les seventies fait le reste… Let’s the music do the talking, comme dirait l’autre !

Évoluant dans un rock n’ roll largement inspiré par Aerosmith, Led Zeppelin, The Black Crowes ou même The Quireboys (les claviers en moins), Sabotage n’en reste pas moins empreint d’une sacrée personnalité. On sent que les influences ont bien été digérées et que le groupe en a parfaitement capté les essences : les compositions sont bien ficelées, excellemment exécutées et surtout très propres à l’image de "Catch That Train" ou du très bon "Rock n' Roll Queen". Le chanteur Loup (c’est son nom) et sa bande maîtrisent leur sujet et derrière des traits d’humour assez second degré, il faut bien avouer qu’on a ici affaire à de redoutables musiciens. On comprend mieux pourquoi le groupe a partagé l'affiche avec des groupes comme UFO ou plus récemment Nashville Pussy...

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Ainsi, au détour des compositions bien senties comme "Are You Ready ?", "King Of The Mountain" ou "Sidekick", Sabotage fait un étalage d’une technicité sans faille auréolée de lignes vocales tout bonnement à tomber parterre ! Oscillant entre le chant (et la gestuelle parfois trop appuyée) de Steven Tyler d’Aerosmith et de Phil Lewis de L.A. Guns, Loup fait le show et se pose sans conteste comme un showman accompli qui focalise tous les regards.

Côté musique, la machine tourne à plein régime et les compositions construites au travers de structures à tiroirs sont hautement accrocheuses ("Wheel Of Fortune" ainsi que la ballade "The Angel" qui rappelle parfois certains accents de "The Ballad Of Jayne" de L.A. Guns). Et même si on peut parfois reprocher certaines petites longueurs dans les morceaux comme sur "Devil’s Got A New Disguise" (oui, c’est pour chipoter un peu), l’énergie déployée sur scène met tout le monde d’accord : Sabotage est très bon et sait apprivoiser son auditoire… et ça, c'est plutôt rare pour un "simple" groupe local de première partie !
Aux dernières nouvelles, le groupe devrait sortir un album d’ici peu et gageons qu’il a toutes les cartes en main pour faire (re)parler de lui sur les scènes de France et de Navarre…

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Are You Ready ?
Keep On Going
Catch That Train
King Of The Mountain
The Angel
Dancing
Wheels Of Fortune
Sidekick
Rock n' Roll Queen
Devil’s Got A New Disguise

 

Shakin’ Street  

Après un très rapide changement de plateau, c’est enfin au tour de Shakin’ Street d’investir les planches sous un backdrop imposant. Les lumières ne sont pas encore éteintes que déjà le public commence à se presser sur le devant de la petite scène, prêt à en découdre.  Dès l’arrivée du groupe, l’auditoire se donne de la voix comme un seul homme ! Déjà, Ross The Boss serre des paluches et pose pour les photographes tandis que le reste de la bande s’installe tranquillement. Voilà, on y est…

Malgré un petit flottement dès les premières secondes de son arrivée sur les planches – Fabienne cherche son pied de micro – le groupe taille vite dans le lard en envoyant un bon "Solid As A Rock" des familles ! Le son est un peu trop fort en façade et les retours ne semblent pas bien réglés pour les musiciens mais les choses vont vite se caler à la fin du morceau. On va d'ailleurs s’en apercevoir dès l’excellent "No Compromise" qui va mettre tout le monde d’accord ! Et même si le line up ne possède pas encore tous les automatismes (la tournée a débuté il y a à peine une petite dizaine de jours), le groupe n’en reste pas moins redoutable à l’image de la section rythmique made in Dictators, J.P "Thunderbolt" Patterson / Dean Rispler qui envoie du bois. De plus, la voix de Fabienne Shine est toujours aussi excellente et c’est un plaisir d’entendre son chant sur des vieux titres comme "No Time To Lose", "Soul Dealer" ou "Mômes Des Villes". On se croirait revenu quelques années en arrière ! Quel plaisir, mes aïeux…

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Certes, tout n’est pas toujours parfait sur les planches : Fabienne parle beaucoup entre les morceaux au grand dam de J.P "Thunderbolt" Patterson qui voudrait enchaîner plus vite, le son en façade est un peu criard (ce petit problème sera vite réglé) et Ross The Boss fait quelques petits pains sur ses soli endiablés… mais c’est aussi ça le rock n’ roll de Shakin’ Street : c’est joué avec les tripes pour taper directement là où ça fait mal. Et même si les interventions de Fabienne sont un peu longuettes, elles font partie de l’ADN-même du groupe. Les grincheux diront que ça casse parfois la dynamique du set mais il faut bien avouer que ça fait du bien de se retrouver devant un show non dépourvu d’âme qui suinte l’envie de partager quelque chose avec le public ! C'est vrai qu'on peut trouver la prestation perfectible certes, mais rendons à césar ce qui appartient à César : ce concert est ô combien sincère et redoutable d’efficacité.

Et d'efficacité, il en sera aussi question au travers de "I Gotta Fly", "Don’t Tell Me How To Shake It" et "The World And Me", trois nouveaux titres issus de l'album solo de la chanteuse qui passe allègrement le baptême du live. Fabienne a encore artistiquement des choses à dire et elle le prouve encore une fois !

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Bref, comme on pouvait s’y attendre Shakin’ Street a décidé d’axer la quasi-totalité de son set sur les deux premiers albums avec une nette préférence pour le second album puisque le groupe en jouera la quasi intégralité ("Suzie Wong", "I Want To Box You", "No Time To Lose", "Every Man Every Woman Is A Star" et j’en passe…) et ce n’est pas le public de ce soir qui va s’en plaindre ! En effet, les vieux roublards des premiers rangs connaissent les paroles sur le bout des doigts et il ne sera pas rare de voir un poing rageur levé en l’air pour reprendre en chœur les refrains ("no compromiiiiiiiiise"). Et même s’il faut bien avouer que le public est plutôt sage (la moyenne d’âge doit tourner autour de cinquante ans au bas mot…), il n’en restera pas moins très attentif aux moindres sollicitations de Fabienne (et ce, même pour parler neige et météo entre deux morceaux…) et se montrera enthousiasmé par chaque titre. On sent une véritable communion entre l’audience toulousaine et la maîtresse de cérémonie, malgré les moqueries gentillettes du reste de la bande qui ne comprend pas un traître mot de français.

Ceci étant, le groupe n’en oublie pas d’envoyer du lourd et terminera son set en apothéose avec un triptyque mortel composé d’"I Want To Box You", "Vampire Rock" ainsi qu’un costaud "I Wanna Be Your Dog" des Stooges en guise de rappel ! Biiiiim ! Ça fait du bien par où ça passe !

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Au final, malgré le poids des années irrémédiablement présent, force est de constater que Shakin’ Street possède encore le feu sacré du rock et a su faire montre d’une redoutable énergie scénique ! Certes, tout n’était pas parfait et ultra calibré mais c’est comme que devrait être le rock n’ roll : rugueux, sans concession, ra(va)geur et hautement tapageur ! 

Solid As A Rock
No Compromise
No Time To Lose
I Gotta Fly
I’m Your Girl
Suzie Wong
Mômes Des Villes
Don’t Tell Me How To Shake It
Every Man Every Woman Is A Star
The World And Me
Soul Dealer
I Want To Box You
Vampire Rock
--------
I Wanna Be Your Dog

Merci Shakin’ Street… et on ne vous dit pas à dans trente ans cette fois, hein ?

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Un grand merci à Laurent, Hubert, Hatem ainsi qu'à toute l'équipe du Metronum.



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