The Wombats + Circa Waves + Bloxx au Trabendo, Paris 5/02

Par notre gros envoyé spécial : Jey Martz

Attention, ce mardi 5 février c’était l’alerte rouge pour tous les morfales d’indie-rock sauce happy. Alors que la frontière qui nous sépare de nos voisins britanniques semble inexorablement s’épaissir on ne boudait pas notre plaisir d’assister cette semaine à un BrexIN assez costaud et pour cause : Le Trabendo nous proposait un délicieux plateau british réunissant les excellents Londoniens de Bloxx et, tenez-vous bien, la crème de l’indie rock made in Liverpool, j’ai nommé Circa Waves et The Wombats. Rien que ça. Ceux qui me connaissent pourront témoigner que perso l’alerte rouge est vite passée à une couleur au-delà du violacé. Car depuis un certain temps mon analyse de la situation macro-géo-politico-sonique tend à se confirmer : la morosité permanente, les news toutes plus flippantes les unes que les autres et les replis sur soi en tout genre font résonner, il me semble, un rock plutôt sombre, épais et rugueux, certes bien travaillé et enveloppant mais trop contrôlé à mon goût, avec trop peu de lâcher prise. Ça va, j’en entends déjà crier au loup en me citant un tas de contre-exemples mais je ne les laisserai pas niquer ma transition : le Tradendo sold out et moi on avait visiblement besoin de notre dose de rock frais, joyeux et dansant !
C’est donc avec une pinte à la main et une happy face non dissimulée qu’on se dirige tous vers la fosse pour écouter les premières notes déjà dansantes de Bloxx, l’éclaireur de cette soirée, venus tout droit de d’Uxbridge, banlieue nord-ouest de Londres.

BLOXX

Bloxx se distingue sur plusieurs points. D’abord ils ont des catchy names : Fee (Ophelia) au chant lead/guitare, Taz à la guitare, Mozwin à la batterie et…Paul à la basse (ça ne s’invente pas). Ensuite ils sont jeunes, très jeunes pour avoir déjà atteint le million de streams, et enfin ils ne sortent que des singles. On en compte déjà 9 depuis 2016, et le groupe nous confirmera que c’est une vraie stratégie de leur part. Pas d’EP donc jusqu’à présent même si… leur tout premier est finalement prévu pour le 27 février 2019. Niveau sons, beaucoup font la comparaison avec Wolf Alice, certes, je rajouterai un soupçon de Two Door Cinema Club.

Le groupe dégage une belle ambiance de potes. Réservés mais visiblement ravis de jouer ensemble, le quatuor enchaîne des tubes spontanés à l’énergie douce. On ne peut pas passer à côté du tubesque "Sea Blue" ou de l’excellent "Novocain", pour le coup plus proche de The 1975. Tiens une autre référence, mais c’est peut-être aussi ce qui caractérise Bloxx, ce savant mélange sans prise de tête d’influences contemporaines. En tout cas promesse tenue, ça se trémousse dans la fosse et malgré un set court d’à peine 30 minutes le groupe termine par un final débridé, guitare jouée derrière la tête. On a hâte de se remettre Bloxx entre nos 2 oreilles sur un prochain trajet métro, un matin pour aller bosser de bonne humeur.

CIRCA WAVES

Next stop, les très attendus Circa Waves qu’on ne présente plus et qui se retrouvent eux aussi à devoir présenter leurs incontournables ainsi que 2 titres issus de leur prochain album dans un set assez court de 30 minutes. La salle est cette fois bondée et le groupe commence fort avec "Wake Up" et sa sirène d’intro, ses fameuses explosions de riffs puissants et son rythme endiablé. Bon c’est ce qu’on appelle poser ses couilles sur la table hein. Ca donne le ton et la temperature monte tout de suite d’un cran. Le batteur fait régulièrement virevolter sa blonde chevelure, ça cogne sec à la basse et on sent que ça ne va pas tarder à saigner des doigts à la guitare. Sans transition le groupe enchaine avec "Fossils" que tout le monde reconnait dès la toute première note de guitare.

La salle est chauffée à blanc, il y a des fans hardcore qui impulsent un point de non retour à une frénésie dansante qui ne nous quittera plus jusqu’à la fin du concert. Le chanteur présente le groupe et une salve d’applaudissement retentit à l’évocation de leur ville natale Liverpool, on est content d’être en quelque sorte en communion avec un bout de légende. Troisième morceau du set, c’est "Movies", issu de leur prochain album qui résonne avec ses "ouh ouh" en chœurs, puis vient "Be Somebody Good" toujours issu de leur prochain album, titre plus posé mais intelligemment balancé avec d’excellents riffs lourds qui vient ponctuer un set jusque là très nerveux. Puis c’est "Stuck" qui arrive à la 5eme place en relançant un groupe d’irréductibles pogoteurs visiblement venu pour exorciser quelque chose, je ne sais pas quoi mais c’est sûr ils s’y emploient avec détermination. Arrive ensuite "Stuck in my Teeth", "Fire that Burns" et évidemment l’incontournable "T-shirt Weather" en final, climax de la communion du public qui applaudit en rythme sans relâche. Le groupe sort sous des cris et applaudissements très nourris, c’était clairement trop court. Mais intense.

THE WOMBATS

Après une petite pause pinte c’est au tour de The Wombats de littéralement enflammer le Trabendo. Le groupe n’a pas son pareil pour chauffer son public à blanc avec des morceaux pop immédiats, catchy et jouissifs dont l’énergie n’est pas sans rapport avec la capacité du bassiste à occuper tout l’espace scénique avec une facilité déconcertante à faire des grandes enjambées en avant et à reculons, tout en bougeant sa tête dans tous les sens et en maltraitant son instrument. Ce mec est sur une autre planète et ça fait extrêmement plaisir de le regarder, un peu comme ces images en 3D représentant des enchainements et des imbrications d’objets en mouvement dans une mécanique parfaitement huilée le tout visuellement satisfaisant pour le cerveau.

Avec un set de 19 titres qui commence direct par le très rythmique "Cheetah Tongue", le groupe enchaîne les tubes planétaires à commencer dès le 2eme par "Moving to New York" puis "Jump into the Fog", "Give me a Try", "Black Flamingo" et "Emoticons". On est clairement dans un mood punchy-catchy, et avec ça dans la tête on peut soulever des montagnes. C’est "Lemon to a Knife Life" qui va opérer la transition du set vers quelques morceaux plus posés. L’aventureux bassiste se saisit d’une guitare acoustique mais a toujours du mal à refreiner sa bougeotte. On aime ça, en bons musiciens on se demande s’il y a une basse samplée mais non. D’ailleurs l’ensemble du set est parfaitement maitrisé et richement produit. Ça joue au clic, avec des backing samples, des chœurs à profusion tellement caractéristiques du trio et qui apportent gaité et rythme en contretemps du chant lead. Aussi, après quelques titres plus calmes venant faire baisser la température générale ("I Don’t know Why I Like You", "Pink Lemonade", "Bee Sting") c’est pied au plancher que le groupe lance leur tubesque "Kill The Director". Fini les retours oreillette, on arrache tout et fuck le tempo ! Ca joue une fois et demi plus vite que prévu, on sent qu’ils ont du mal à freiner mais ils kiffent tellement, et nous aussi, libérés des contraintes d’arrangements produits.

Ça continue avec "Ice Cream", "Techno Fan", "Your Body is a Weapon" et "Tokyo" avec lancer de ballons géants et 2 gugus déguisés en Wombats façon Disney Village qui font irruption sur scène ! On finit bien sûr sur l’inénarrable "Let’s Dance To Joy Division" et que dire, si ce n’est « fuck the tempo » again. Le public en redemande et immanquablement le groupe nous aura toujours répondu en français dans le texte, avec un très bel effort du batteur capables d’assez longues tirades dans la langue de Molière.
Finalement Murph reviendra tout seul sur scène avec sa guitare acoustique pour un rappel sur "Lethal Combination" puis sera rejoint pas ses potes pour Turn et l’excellent Greek Tragedy dont on se remémore encore les images du fantastique clip qui l’accompagnait. Pas de doutes, pour les fans d’indie rock british cette soirée était un must see, must be there, must whatever, une euphorisante piqure de rappel en ces temps de gnagnagna ambiant, que le verre est finalement peut-être plus à moitié plein qu’à moitié vide !



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