CEYLON a publié, le premier février, son premier EP éponyme. C'est donc en toute logique qu'a été publiée, le 10 février, une vidéo relative à un morceau qui n'apparaît pas sur l'EP en question, "Keep Smiling". Un titre superbe, proposant un tour de montagnes russes psychédéliques d'un quart d'heure.
C'est donc une prise de contact avec le monde de l'internet fort audacieuse que CEYLON met en place. L'esthétique globale est très fin sixties – le son, le toucher délicat du batteur, les phrases de guitare made in Woodstock – mais parvient tout de même à s'ancrer dans le présent à la faveur d'un travail vocal intéressant, mêlant un chant masculin chaud, serein et accrocheur, à une voix féminine pleine de soubresauts, qu'on aurait plutôt placé, instinctivement, dans un groupe de rockab surexcité ou d'expérimental perché, anachronisme intéressant. Le tout en passant de l'anglais au français de manière assez fluide.
La vidéo proposée par le groupe est un anti-clip. Comme La Grosse Radio propose à ses lecteurs-auditeurs un véritable travail d'investigation, on est allés vérifier : ils sont à peu près seuls sur le filon, mais la recherche a été écourtée, parce qu'on a décidé de s'arrêter après être tombé un type déguisé en Deadpool assis à côté d'un bong, un gros joint à la main (mais qui n'y fume jamais parce que c'est pas pratique avec le masque). Le tout sur fond de rap auto-tuné, ce qui n'a donc pas grand chose à voir avec le quintet toulousain – peu de chances qu'on ait droit un jour à un cross-over, mais on peut toujours espérer. Quoi qu'il en soit, le format, offrant un enchaînement de vues contemplatives, de jeux de cadre envoûtants et de scènes vivantes s'imbriquant de manière, à priori, aléatoire, convient parfaitement à la longueur du titre et au caractère absolument anti-commercial de la démarche. Il laisse surtout généreusement la place aux libres connexions, aux interprétations sensibles, plutôt qu'intellectuelles, que le spectateur fera entre ce qu'il voit et ce qu'il entend.
Le premier EP, Ceylon, est sorti le 1er février chez Fauché Records - nous en reparlerons sous peu.