On se remet à peine du set d’Architects de la veille à l’Olympia qu’il faut déjà replonger dans une salle de concert, plus intimiste cette fois pour le passage de Basement. La Maroquinerie accueille les Anglais, chefs de file du revival grunge venus défendre leur quatrième album Beside Myself. Pour l’occasion, Culture Abuse et Muncie Girls étaient de la partie et on tenait là un plateau de grande qualité pour peu qu’on se tienne un peu au courant des nouveautés de la scène rock alternative.
Muncie Girls
La salle est encore peu remplie lorsque Muncie Girls monte sur scène malgré l’expérience des Anglais, actifs depuis 2010. Le son met une chanson à se régler puis on peut profiter sans problème du rock alternatif du quatuor mené par Lande Hekt au chant et à la guitare. On est totalement dans le thème de la tête d’affiche puisque les riffs alternent entre punk, emo et grunge et évoquent des groupes comme Basement ou Movements avec un chant féminin.
En parlant du chant, il a un peu de mal à se faire entendre malgré tous les efforts de Lande. Néanmoins, la Maroquinerie se remplit doucement et l’ambiance se réchauffe dans les premiers rangs. La setlist est construite intelligemment pour un set de trente minutes et on est loin de passer un mauvais moment. Le groupe alterne entre ballade pop-punk et chansons plus lourdes ou la distorsion revient, de quoi faire plaisir à une large frange du public.
Sans avoir été emporté par le concert, on reverra avec plaisir Muncie Girls s’ils reviennent nous voir.
Culture Abuse
Culture Abuse revient dans la capitale après une date en première partie de The Bronx au Petit Bain cet été. Les Américains ont une petite réputation désormais et les fans sont plus nombreux à se presser devant la scène de la Maroquinerie. Le groupe arrive sur scène et on admire le style approximatif du chanteur David Kelling avec son chapeau, sa doudoune et son appareil photo analogique autour du cou. Flow négatif.
Là encore, il faut un peu de temps pour que le son se règle et on remarque tout de suite une grosse différence entre le Culture Abuse studio et le Culture Abuse live. Le dernier album Bay Dream est un album pop-rock léger sentant l’été à plein nez, les morceaux deviennent bien plus violents sur scène. David ne semble pas pouvoir fournir de chant clair et beugle donc les paroles à l’assistance sur une section rythmique qui s’emballe parfois. « Bee Kind To The Bugs » ou « Dip » s’en trouvent transformés. Le frontman ne semble d’ailleurs pas en mesure de faire grand-chose ce soir, en témoigne son discours complètement halluciné en milieu de set pour raconter comment le groupe s’est fait fouiller par la police en pleine rue.
Les Américains sont loin de livrer la performance la plus pro et carrée de l’histoire mais on s’amuse quand même beaucoup pendant ce set et même si le public reste calme, la fin du concert débridée illustre bien l’énergie que le groupe peut mettre à la tâche même dans un état second.
Culture Abuse est un état d’esprit avant d’être un groupe lambda et on a tout à fait retrouvé cet état d’esprit sur scène ce soir entre absurdité, désintérêt et folie douce. Forcément, le concert est un peu bizarre et ne restera pas comme le meilleur concert de l’année mais les fans des Américains ont eu ce qu’ils étaient venus chercher, dans une ambiance bien différentes des groupes habituels.
Basement
Passés il y a trois ans par la Mécanique Ondulatoire, Basement a désormais droit à la Maroquinerie et une Maroquinerie bien remplie pour la tournée promo du nouvel album Beside Myself. Les Anglais arrivent sans artifice et démarrent avec « Disconnect » avant d’enchaîner avec le tube « Aquasun » où les singalongs commencent vraiment. Andrew Fisher est toujours aussi sobre et renfrogné et on sent le groupe un peu agacé en début de set par des problèmes de retour. Le public lui commence doucement et va se réveiller à partir de « Whole » où quelques surprenant stage dives font leur apparition.
Andrew fait tout de suite signe aux photographes de quitter le premier rang, pour laisser la place aux fans prêts à reprendre les paroles. A ce petit jeu-là, c’est l’enchaînement « Pine » et « Spoiled » qui voit le plus de monde converger vers la scène pour hurler les refrains. Une vision toujours sympathique à la Maroquinerie où l’on peut se placer sur les escaliers à côté de la scène et admirer la passion à quelques centimètres de nous.
Dans l’attitude et dans les riffs, tout nous ramène dans la période grunge des années 90 avec cette mélancolie qui transparait dans les compos et dans le chant. Andrew est impeccable et nous fait passer toute son émotion, aidé par les excellentes lignes de basse de Duncan Stewart. Pour qui découvre le groupe, le tout peut sûrement paraitre un peu répétitif mais les connaisseurs passent un moment magique et cela se voit dans le pit, bien actif.
Avec 14 morceaux en 50 minutes, Basement ne traîne pas et nous a pondu une setlist bien équilibrée pour mettre en avant le petit nouveau mais ne pas oublier les géniaux colourmeinkindness et Promise Everything. Pas de gros changement de direction musicale en dix ans et tout se mélange donc parfaitement bien. Le groupe communique peu entre les chansons mais prend tout de même le temps pour remercier les Parisiens d’être venus un lundi soir. L’accent est mis sur la musique et non les discours, les Anglais ne s’autorisent aucun temps mort.
Bien trop vite à notre goût, Andrew annonce qu’il ne reste que deux titres, à commencer par LE tube de Basement, « Covet ». Le chant plaintif d’Andrew se mêle à celui du public sur les riffs évoquant «Where is my Mind ?» et on en ressort presque anesthésié. Puis « Promise Everything » vient terminer le tout dans un bazar de stage dive et de moshpit avant que le groupe ne parte aussi vite qu’il est arrivé.
Basement a donc fait mouche malgré un set un peu court et on reprendra avec plaisir une dose des Anglais lors de leur prochaine venue, si possible dans une salle aussi intimiste pour que la passion puisse s’exprimer.
Setlist:
Disconnect
Aquasun
Nothing Left
Whole
Be Here Now
Brother's Keeper
For You the Moon
Reason for Breathing
Pine
Spoiled
Crickets Throw Their Voice
Stigmata
Covet
Promise Everything
Photos: Clara Griot
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