Des groupes cultes des années 60 ou 70 qui reviennent pondre un album dans les années 2010 après plusieurs décennies de disparition, il y en a à la pelle, et ce n’est pas toujours une franche réussite. Si The Chocolate Watchband n’a jamais eu la notoriété des Rolling Stones, il a été un groupe marquant du courant psychédélique. Il sort un nouvel album 18 ans après son prédécesseur, et plus de 50 ans après sa formation.
Alors, un groupe a-t-il encore des choses à dire plus de 50 ans après sa formation ? The Chocolate Watchband peut répondre par l’affirmative, mais il faut préciser que la carrière du groupe est loin d’avoir été linéaire. Après une carrière éclair mais prolifique de cinq ans et trois albums dans la seconde moitié des années 70, la formation américaine se sépare, pour se reformer presque vingt ans plus tard. De cette période n’était jusqu’à présent né qu’un album studio, Get Away, en 2000.
Mais le groupe ne songe définitivement pas à la retraite, puisqu’il revient cette année avec un tout nouvel album, This Is My Voice, formé en grande partie de compositions originales, et de quelques reprises de titres des années 60. Si l’on se fie à ce disque, le groupe est en forme. Les morceaux s’enchaînent avec fluidité, s’inspirent beaucoup du blues, parfois du punk, virent carrément au rock psychédélique sur certains morceaux.
Le chanteur David Aguilar possède une voix éraillée, à laquelle l’âge apporte une certaine maturité, une couleur identifiable. A la guitare, les accords bluesy du vétéran Tim Abott et du nouveau venu Derek See confèrent un ton homogène à l’album. Les sonorités de l’album évoquent clairement les heures de gloire du groupe, la fin des années 60, mais The Chocolate Watchband réussit à ne pas rendre l’ensemble poussiéreux ou daté, grâce à une production qui apporte une certaine modernité tout en conservant l’aspect old-school des compositions. Côté paroles, The Chocolate Watchband a voulu un album politique, qui évoque aussi bien la crise de 2008 et ses désastreuses conséquences pour la population que les innombrables problèmes auxquels est confrontée l’Amérique de Trump.
Si l’album s’écoute du début à la fin avec plaisir et ne commet aucune fausse note, il ne renouvelle pas les genres du rock garage et psyché, et les chansons sont loin de toutes réellement laisser une impression durable. Le groupe donne parfois trop l’impression de trop se reposer sur ses acquis pour que l’album soit révolutionnaire, et si ses reprises sont sympathiques, elles n’en sont pas pour autant indispensables.
Dans l’ensemble, les chansons ne manquent cependant pas de charme, et certaines marquent les esprits un peu plus durablement, comme le titre de clôture, "Til the Dailight Comes", qui laisse les auditeurs sur une sensation très mélancolique, ou "Judgement Day", qui offre une ambiance de blues rocailleux très cinématographique. Le titre d’ouverture "Secret Rendez-Vous" est lui aussi très réussi dans un genre extrêmement différent : très énergique, avec ce qu’il faut de son vintage mais une énergie complètement contemporaine, on peut regretter que le groupe n’ait pas persisté dans cette direction. Enfin, le meilleur morceau est peut-être l’instrumental "Bombay Pipeline", un morceau purement psychédélique qui convoque des sonorités orientales pour envoûter les auditeurs pendant plus de trois minutes.
Tracklist :
01 Secret Rendezvous 3:21
02 Judgement Day 4:21
03 This Is My Voice 4:12
04 Trouble Everyday 4:34
05 Take A Ride 3:16
06 Talk Talk 2:40
07 Bed 3:10
08 Bombay Pipeline 3:30
09 Desolation Row 4:45
10 I Can't Seem To Make You Mine 3:11
11 Till The Daylight Comes 3:31
Sortie le 22 février chez Dirty Water Records