La Boule Noire, la p’tite voisine toute en longueur de la Cigale… Salle “obligée” pour cette release party parisienne du premier album de Fabulous sheep. Les bitterrois y avaient en effet déjà mis le feu en 2018 lors d’une Saint Valentin mémorable. Un an plus tard, la fougue est toujours bien présente, mais l’énergie semble plus maîtrisée, mieux dosée. Les kids grandissent en maturité, tout en conservant toute leur gnaque. Belle soirée donc, avec un prime un power trio de la RP les Springwater qui ont bien chauffé le public de la Boule !
Springwater en lever de rideau donc. Un trio de baby-rockers, originaire de Colombes. Venus avec une horde de fans pré-pubères. Perdu au beau milieu de ces fans forts enthousiastes, votre serviteur, imperturbable comme toujours, casse l’ambiance et fait monter la moyenne d’âge au mètre carré d’une bonne dizaine de points… Il aurait du se tanquer sur les côtés ; il y aurait côtoyé des gens de son âge, tout aussi convaincus de la performance des colombiens. Des parents ou amis des parents, qui kiffent autant que le fan club officiel… Une des jeunes filles en fleur se moque gentiment de l’accent anglais à priori approximatif de Thomas Peydro, chanteur et bassiste. Pas bien, c’est comme si on les charriait sur le fait de ne boire que l’eau sur scène (étonnant non pour des rockers…) ou sur leur banderole de scène façon punk…
Arrêtons cette déferlante de fiel, car Springwater s’en sort haut la main ce soir-là. Ils allient une maîtrise technique et gros son, en étant toujours très audible (sur ce dernier point, certains vétérans devraient en prendre de la graine…). Le jeu de guitare de Tristan Lécuyer part volontiers et avec aisance en mode free et Killian Lefevre alterne technique irréprochable et frappe de bûcheron. Alternance, c’est le maître-mot du son Springwater ; entre atmosphère planante seventies, période progressive et riffs de plomb. Ils vont clore le set avec “Renaissance”, un “très vieux morceau” du premier EP. Springwater sera le 4 avril au Supersonic pour la release party de leur second EP, si ça vous dit, les franciliens !
© David Poulain
Tandis que Fabulous Sheep s’installe, on cherche désespérément de l’oeil la setlist, qui traine normalement aux alentours des pieds de micros. Rien, nada, que dalle… Heureusement qu’on connait bien leur répertoire à La Grosse Radio, on saura reconnaître les titres à l’oreille. Piero et Timothée ont pris place au centre de l’avant-scène comme de coutume, veste militaire vintage, guitare noire pour l’un, ensemble rouge guitare blanche pour l’autre. Gabriel veille au grain derrière ses claviers sur leur droite, tandis que les “frangins rythmique” - Jack et Charles Pernet - les couvrent sur leur gauche. On se retrouve tanqué face à Charles, le roc de la bande, solide dans ses bottes comme tout bon bassiste qui se respecte. Comme pour Springwater, on sent que des fans, des vrais, sont présents parmi le public de la Boule Noire. D’autant plus méritants qu’ils viennent de Béziers City !
© David Poulain
Le premier morceau, a comme un air des Stranglers, période “Nice n’ sleazy”. A part ça, si on reconnait la patte des Fab’, ce titre est inconnu au bataillon… Ouf, on identifie “People around me” à ses premiers accords, la setlist ne va pas trop nous manquer au final. C’est sans compter le côté joueur de ces sales gosses. Encore un nouveau titre ! Vous en connaissez des groupes qui osent jouer de nouvelles compos, en même temps que ceux de leur nouvel opus encore tout frais sorti des presses… Urgence de la jeunesse et de la création quand tu nous tiens… Tim dégouline déjà, Jack aussi et il en tombe la chemise. On est qu’au quatrième titre, ça promet. Piero, comme souvent porte-parole du groupe lorsqu’il s’agit de glisser un p’tit mot explicite, tient à préciser que “In this world” parle du monde dans lequel nous vivons et qu’il convient de partager de l’amour… N’allez pas les prendre pour des hippies les bittérois. Ou alors ceux qui à l’époque avaient quelques velléités révolutionnaires. Pour preuve, le coup de chapeau aux gilets jaunes pour la reprise d’un de leurs premiers titres “Athenian streets” ou le rappel des “quelques vingt-cinq suicides par jour dont personne n’a rien à foutre” (le bien nommé et rageux “Suicide”).
© David Poulain
Si Piero et Timothée trustent le lead vocal la plupart du temps - mention spécial au second pour son interprétation de son “Kills me slowly” - Charles assure grave sur “Wasting time”. Ils donnent tous du coffre sur le spendide “Take shelter” qui clôt ce premier album, mais il faudra attendre l’avant dernier morceau pour que Gabriel sorte enfin le saxo et se lance dans une impro free. Aussi étonnant et essentiel au son Fab que ses nappes de claviers, qui irradient et relient chacun des morceaux… Appelant de façon ostentatoire à la bagarre générale, les Fab ne semblent pas décidé à s’arrêter. “Zoo” traîne en longueur et en ferveur pour notre plus grand plaisir et Timothée se paye un slam tout en jouant. Un final à leur image…
Merci à David Poulain pour ses tofs !
Setlist
20 years old kids
People around me
Utoya
Kids are back
In this world
Hotel
No more crazy sound
Athenian streets
Wandering souls
You lie
Wasting time
Mediterrannean
Take shelter
Suicide
Parasite
Law number 1
Kills me slowly
Zoo