Epsylon – Astronaute

Le Rock celtique a toujours eu ses fameux représentants en France, comme Matmatah, Soldat Louis, Les Ramoneurs De Menhirs... Ces dernières années le style de deux d'entre eux a bien bougé comme pour Merzhin qui est passé du Rock celtique à du Rock plus tendu à la No One Innocent, et pour Epsylon, le style est aujourd'hui devenu plus pop. Pour ces deux groupes, on garde une trame tradi mais plus en fond; comme s'ils cherchaient non pas une nouvelle recette mais une évolution obligatoire, et c'est encore plus flagrant pour Merzhin.

Une douzaine d'années, un cinquième album, Epsylon tourne beaucoup, n'a plus grand chose à prouver, si ce n'est leur originalité intacte, des textes en français toujours recherchés et contemporains. On retrouve avec plaisir la voix de Nicolas Michon qui démarre fort par des vocalises qui rassemblent les foules, "à la mémoire de nos pères"... "À l'avenir" qui traite d'entrée de jeu des attentats terroristes (Bataclan...), comme No One avait su le faire avec « Djihad Propaganda » (Propaganda, 2015) quasiment dans le feu de l'action avec un texte très nerveux et vindicatif. Ici, pour Epsylon, c'est surtout un appel à résister et à garder l'espoir, celui d'avoir de grandes ambitions tous ensemble, pour la paix. À notre connaissance, Epsylon a toujours manié une verve engagée, sans jugement, avec intelligence. La preuve étant que le groupe a attendu plusieurs années pour sortir un tel titre, signe de réflexion. Mais "rien ne [les] fera taire", restant "Insoumis". 

Et les réflexions sont nombreuses dans cet album, comme celle sur notre génération trop connectée, qui est ironiquement "welcome sur la toile", à ses relations illusoires, berçée et satisfaite par les likes qu'on attrape sur les réseaux sociaux ("Sur la toile"), en proie dans la gueule du "Serpent". La marche du temps est présente également ("Le plus beau reste à venir", "Eldorado"...). La perte, les
, les opprimés ("14 mai"), l'amour aussi et surtout sa fin... Autant de thèmes universels traités avec humilité et simplicité.

Un titre ressort de cet album et il a été judicieusement été placé en single, "C'est plus le paradis" qui offre un beau duo avec Melissmell, artiste dont nous vous avons déjà parlé sur La Grosse Radio avec son L'Ankou par exemple. Nicolas et Melissmell se répondent, pour connaître le chemin pour s'attraper la main. Le tout en cadence électronique, pour un entêtement nocturne d'un couple qui se perd... Mais franchement, "ce n'est rien" ("Eldorado"), le groupe se veut optimiste sur la vie, alors qu'"on ne fait que passer, le temps nous est compté". Le bonheur, qui peut troujours revenir après des chagrins, est mis en exsergue par une musique haletante. 

Epsylon, Astronaute, album

Au final, un Astronaute qui a plutôt les pieds sur terres, porteur d'espérance "au-delà des rêves que l'on fait" ("Astronaute"). Epsylon, hormis son virage pop rock, reste fidèle à sa musique et à ses engagements sociaux. On peut espérer que le grand public sera touché par cet Astronaute, car si la reconnaissance n'est pas un idéal en soit (confère le nombre de like que pourra obtenir le post Facebook de cette chronique...), elle permet l'accès à de plus grosses scènes de concert, de festivals... Et c'est bien cela, être pop, tout en restant soi-même.

Sortie le 8 mars chez Arsenal Prod / Coop Breizh

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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