Les Suédois de Normandie (oui, ils s’appellent comme la région mais ça n’a aucun rapport) étaient de passage dans notre belle capitale vendredi dernier, pour nous faire découvrir en live les titres de leur dernier album, White Flag, sorti il y a quelques mois. Et quel passage! Non seulement leur rock moderne a définitivement comblé l’assemblée, mais on a aussi découvert 2 groupes bien prometteurs.
À 19h30 pile, dans le sous-sol de l’International, un petit groupe originaire de Birmingham commence à jouer. Il s’agit de Led By Lanterns, et dès les premières notes, on sent que la soirée s’annonce de bonne augure. Les Anglais nous livrent un set de qualité, avec des sons de rock alternatifs bien gras, comme on les aime. Encore tout jeunes, Led By Lanterns n’ont sorti que des singles et EP pour l’instant, mais vu leur performance de ce soir, pas de doutes qu’ils iront loin. Le dernier en date, "Alive", a même réussi à faire bouger le public, déjà bien compact devant la scène.
Puis, ce sont Sun Arcana qui suivent. Dans le même style de musique, le groupe nous donne encore plus l’eau à la bouche. La voix semi cassée du chanteur ne laisse pas indifférente tant elle est utilisée différemment, et avec précision. Les parisiens adhèrent de suite, et bougent déjà beaucoup. Guitares saturées et gouttes de sueur, c’est un très bon moment qu’on passe en compagnie de rockeurs qui mériteraient de jouer dans des salles bien plus grandes. Sun Arcana jouent des titres ultra accrocheurs, avec des parties plus heavy et parfois bien punk. Tout ce qu’il faut pour chauffer la salle correctement.
Il est 21h30 lorsque la playlist d’attente s’arrête. Normandie arrivent sur scène sous les applaudissement du public, très hétérogène ce soir. Et c’est avec le premier single du dernier album, «Ecstasy» que le show débute. Malheureusement, à cause d’un problème de micro, le son ne fonctionne pas pendant un tiers de la chanson. Après les «Microoooo» et «We can’t hear a sound», Philip Strand, leader du groupe, décide de changer de place et se met à l’arrière, avec un autre micro. C’est au bout du second morceau que tout se remet à fonctionner, on peut enfin profiter.
Et donc, sans crier gare, le début puissant d’«Awakening» résonne. Avec deux albums bourrés de pépites, on s’attendait à voir et entendre du lourd ce soir. Et c’est chose faite, puisque les Suédois se donnent à fond et hurlent les paroles en choeurs, avec l’auditoire, visiblement déjà conquis. Avec leur metalcore moderne, les gars ne laissent rien au hasard. Il est même extrêmement plaisant d’entendre ces «vieux» titres en live. «Believe» s’en suit et on ne peut qu’admirer la performance vocale de Philip Strand: d’une justesse impressionnante, que ce soit en chant clair ou en chant crié. Le groupe sait d’ailleurs jauger à la perfection ce contraste, ce qui donne du relief à leurs morceaux.
Le set prend une tournure plus rock lorsque les nouveaux titres sont joués, comme «Maniacs» ou «(Don’t) Need You». Philip en profite même pour lancer une petite pique à ses détracteurs: «Certains pensent que notre nouvel album est plus pop, mais je ne suis pas d’accord. Quand on fait de la pop, on ne transpire pas comme ça!» Et c’est vrai qu’en live, la rupture metalcore / rock est bien maîtrisée, mais on ne ressent pas la différence avec l’ancien album.
Il est temps de passer à la seule ballade de la soirée, «The Bell», jouée avec le coeur et émotionnelle comme pas possible. La chanson permet même au groupe de chanter en suédois, et certains fans connaissaient même les paroles! Mais pas le temps de niaiser, la fête reprend de plus belle avec «Fight», hymne à la Parkway Drive où chacun lève le poing en l’air. Avec ses breakdowns et son refrain fédérateur, le public se met à mosher et le set prend un tournant metalcore. Les musiciens sont en forme et se permettent eux aussi de venir sur le devant de la scène, déjà (trop) petite.
Les deux prochains morceaux seront issus de White Flag, et on se demande même comment le temps est passé si vite. Philip n’hésite pas à tchecker les gens de la salle, et demande même comment on dit «cheers» en français. L’ambiance est toujours au top et chacun y va de son petit encouragement. Le set se termine avec l’indémodable «Collide», pour suer et pogoter une dernière fois.
Très proches de leur public, Normandie ont régalé ce soir, et on ne regrette pas d’avoir passé ce moment avec eux plutôt que devant le match des Bleus. Que ce soit les musiciens impeccables ou encore la prestation de haute volée du chanteur, on espère voir le groupe dans une salle de plus grande ampleur la prochaine fois. Ils sont incontestablement le futur du rock actuel, et ils l’ont prouvé avec ce concert parisien. S’ils restent inclassables dans leur style, nul doute qu’ils arriveront à sortir des albums encore meilleurs, en gardant la même recette : mixer des éléments purement metal, à des sons plus rock, le tout en ajoutant un peu d’electro.
Merci à Alternative Live pour cette soirée qui a dépassé toutes nos attentes.
Setlist
Ecstasy
Awakening
Believe
Dead
Maniacs
Pay For This
(Don't) Need You
The Bell
Ghost
Fight
Enough
White Flag
Collide
Crédits photos : Florentine Pautet