Le rock psychédélique séduit encore les formations contemporaines, la preuve avec Wand, groupe californien qui n’a que six ans d’existence et se passionne pour la musique psyché, noise, et autres genres impliquant des arrangements improbables. Le quintette aime tellement le genre que son nouvel album, Laughing Matter, est le cinquième en six ans.
Une véritable frénésie d’enregistrement semble atteindre Wand puisque le groupe sort presque un album par an (sans compter les EP), et que son chanteur Cory Hanson trouve encore le temps de mener à bien des projets solo.
L’inspiration semble même avoir doublé sur ce nouvel opus, Laughing Matter, puisque là où les albums précédents duraient autour de 40 minutes, celui-ci frôle les 70 minutes.
Et en une heure dix, l’album a le temps d’être tout à fait foisonnant. Les claviers et les guitares débordent de tous les côtés, parfois là où on ne les attend pas, sans que cela ne semble surchargé. Tout reste léger, aérien, et en même temps complètement barré.
La première moitié du disque est parfaitement alléchante et comporte toute une série de titres marquants. « Scarecrow », « ses arrangements fantaisistes et son écriture exubérante » dixit le groupe lui-même, fait une très belle entrée en matière qui affiche un faux air de rock progressif. « xoxo » se présente comme un titre mid tempo de pop (au sens « léger et entraînant », pas « mou et médiocre »), et « Walkie Talkie » est un des morceaux les plus joyeux et animés de l’opus, avec des effets de voix et des distorsions du meilleur effet.
Les quelques passages plus calmes sont bienvenus pour montrer une autre facette de Wand, mais le groupe aime surprendre, comme avec ce « Thin Air » qui commence comme un titre lent au son dépouillé avant qu’une guitare rugissante n’emporte le tout dans des arrangements exubérants. Le processus sera d’ailleurs répété sur « Evening Star », avec un peu moins de réussite.
Mais dans sa seconde moitié, l’album commence à tourner un peu en rond. De planant, les titres lents deviennent fades (« Tortoise », ou le diptyque final « Wonder II » et « Jennifer’s Gone », trop dépouillé et pas assez inspiré), les morceaux qui se veulent les plus exubérants finissent par en faire trop (« Airplane », morceau de neuf minutes qui semble durer le double). Même les morceaux qui retiennent le plus l’attention (« Rio Grande », Lucky’s Sight) semblent en deçà de ceux du début du disque. Pourtant, écoutés séparément, ils sont loin d’être mauvais, « Airplane » fait même un voyage assez trippant, le problème vient plutôt que pour être pleinement apprécié, le son de Wand doit être écouté avec une certaine parcimonie, d’autant que le timbre de Cory Hanson devient vite irritant sur cet album.
Ce Laughing Matter vaut donc largement le détour psychédélique, mais aurait gagné à être plus concis pour mieux mettre en valeur son potentiel. Gageons cependant que les plus grands fans des Californiens seront ravis de profiter de vingt minutes supplémentaires d’expérimentations sonores.
Tracklist :
1. Scarecrow
2. xoxo
3. Bubble
4. High Planes Drifter
5. Walkie Talkie
6. Thin Air
7. Hare
8. Wonder
9. Evening Star
10. Tortoise
11. Rio Grande
12. Airplane
13. Lucky's Sight
14. Wonder II
15. Jennifer's Gone
Sortie le 19 avril chez drag City / Modulor