Après un album tous les 2 ans, et un merveilleux Tell me I'm pretty, le groupe s'est peut-être demandé comment faire mieux. Et il aura fallu 4 ans pour voir arriver ce Social Cues, cinquième album de Cage The Elephant. Comment faire mieux, mais peut-être et surtout différemment. A la première écoute, l'auditeur peut être surpris par le tour disco, voire electro qu'à pris le groupe. (Presque) Finie la mélancolie, bienvenue à la danse.
Ces aspects modernes sont marquants et ceci d'entrée de jeu. Mais c'est vraiment avec la participation de Beck sur "Night Running" que l'on se dit que le groupe a vraiment changé d'approche avec un morceau teinté de reggae dub (si, si), fini Dan Auerbach à la prod' (même si l'hommage est là avec le garage "Black Madonna"), et le son n'en est que plus moderne. Sans pour autant se renier car on reconnait encore la bande de Matthew Shultz avec des titres comme "Skin and bones" ou encore le premier single qui était sorti "Ready to let go", d'ailleurs à la suite dans le coeur de ce 13 titres. Titres qui sont suivis par le tendu "House of glass", disco rock, aux couplets rappés, ouais, un brin hip-hop et Gorillaz. Et ce n'est pas tout dans le mélange des genres. On trouve de l'electro punk en ouverture avec "Broken Boy", des touches de dub donc, du disco, de la pop pure et dure ("Social Cues"). On fleurte avec plusieurs styles avec soin, mais sans grande précision dans le choix de la playlist, plus comme une compilation qu'un album...
Quand en intro, nous annoncions la mélancolie presque finie, le presque faisait référence au thème de "Ready to let go", "Goodbye" et "Love's the only way" traitant du divorce de Matt avec Juliette Buchs. D'ailleurs les deux derniers titres cités sont les seules ballades de l'album, "Love's the only way" très épurée, avec juste quelques nappes de synthé, quelques rares arpèges et la voix de Matt en avant, et "Goodbye" qui conclue Social Cues est plus prenante, avec l'émotion qui monte, comme un adieu... Mais Social Cues n'est pas un simple album de séparation, c'est un album qui célèbre la variété, on l'a vu avec ces différents genres abordés. On reste très loin du niveau qualité et d'homogénéité de Tell me I'm pretty avec lequel le groupe avait glané un Grammy Awards.
Cage The Elephant a pris le temps pour sortir cet album et au final, on ressent l'envie du groupe de sortir des titres radio edit pouvant passer sur une majorité d'antennes. Si leur marque de fabrique est encore relativement présente, il devrait en falloir bien plus pour crever le plafond de verre pouvant leur faire accéder à la reconnaissance dans nos contrées où pour l'instant seuls les fans de rock indé saluent le groupe. Un album qui se cherche, en demi-teinte, ne sachant trop dans quelle direction aller. Ou peut-être un album qui ne nous a pas trouvés...
Sorti le 19 avril 2019