Weird Omen – Surrealistic Feast

Dans le monde du rock ‘n’ roll façon garage punk, on connait la formation de base immuable avec guitare, basse, batterie et un hurleur, parfois un clavier pour sonner un peu plus lysergique. Mais ici point de tout ça. Les Weird Omen sont un power trio avec le saxophoniste baryton Fred Rollercoaster au pédigrée long comme le bras (King Khan and the Shrines, Bee Dee Kay and the Roller Coaster, un passage chez les Courettes le temps d’un solo pour ne citer que quelques unes de ses exactions), accompagné par le guitariste Sister Ray (Ray and the Dead Drums) et par la batterie de Remi Pablo (Escobar, Anomalys) les deux derniers se partageant le chant. Un gage d’originalité qui, on va le voir par la suite, ne manque pas non plus de qualités. Et il n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’ils nous livrent déjà leur troisième long format Surrealistic Feast sorti chez les Anglais de Dirty Water Records.

La belle intro velue de "A Place I Want To Know” nous fait bien comprendre qu'il va y avoir du remue ménage. Une ambiance poisseuse s'installe. Une batterie martiale pose les bases pendant que du coté de la guitare on impose une rythmique puissante transpercée par des soli incisifs. Le sax, troisième larron s'invite aussi à la fête et remplace la basse quand il faut ou fait monter la sauce quand le besoin s’en fait sentir. Le tout dans un trio décidément bien ancré dans une folie furieuse garage punk. Voila de quoi partir sur des bases solides.
 

Tout au long du disque, on retrouve cette singularité d'un trio sax guitare batterie. Même si notre oreille n'est pas formatée de prime abord à ce genre d'association, après deux morceaux, on en comprend la logique de fonctionnement ainsi que la puissance de feu. De temps en temps le gang rajoute des touches plus psychédéliques (comme sur "Wild Honey") avec des effets d'écho que ne renieraient pas les fans de Pink Floyd période Syd Barrett.

Forcement quand on parle rock ‘n roll garage avec du saxophone, on pense aux fondateurs que sont les Sonics. Les Weird Omen semblent avoir bien digéré l’œuvre de leurs illustres prédécesseurs. Sur "Please Kill Me" ou "Earthworn", le groupe nous offre quelques belles parties de sax solo et la guitare s'y fait plus garage avec un riff incisif et rempli de fuzz pour nous garantir un déluge sonore du plus bel effet.
 

Weird Omen Promo Pic


Les Weird Omen savent aussi ralentir un peu le tempo. Sur le titre éponyme "Surrealistic Feast", on trouve des ambiances très obscures qui rappellent certains Stooges période Funhouse comme "Dirt" mais saupoudrés de quelques nuances de gros riffs façon heavy metal type Black Sabbath. on pense aux productions de Ty Segall avec Fuzz. Parlons en d'ailleurs de la fuzz. Les Weird Omen lui vouent un culte non dissimulé en en usent à outrance pour notre plus grand plaisir.

Ce gros son, les Weird Omen le maitrisent. Mais ils sont aussi capable de donner un peu plus de légèreté à l’édifice en incluant de temps à autres quelques relents de surf music. Sur "Trouble In My head" par exemple, un tempo mega speed et un riff prenant nous accueillent mais enrobés dans un petit coté surf. On pense au récent défunt Dick Dale, prince du genre ! Mais attention ici, c'est toujours un mur du son qui nous accueille.

"Collections Of Regrets" ou encore "Out In My Brain" revêtent un coté plus accessible et pourraient se pose comme des "singles" potentiels. Les refrains y sont plus accrocheurs et ces titres trouveraient bien leurs places sur les compils Peebles entre "Action Woman" des Litters et "Green Fuzz" de Randy Alvey. Mais attention, le reste de l'albums lorgne plutôt clairement vers les Back From The Grave que chez les Peebles !

Les Weird Omen se baladent dans tout un tas de directions différentes. Un riff de blues trash nous accueille sur "The Goat". Mais on part très vite dans des ambiance qui illustreraient à merveille un bon horror movie série Z ou un film de science-fiction à la Ed Wood.

 

 

On finit par une ballade très "beatlesienne" avec "I Will Write You Poetry". Une note un peu plus posées dans ce monde de débauche d'énergie qu'est celui des Weird Omen !

Les Weird Omen livrent donc avec Surrealistic Feast un album dense avec plusieurs directions mais toujours avec ce même fil conducteur : jouer du garage punk avec des ambiances poisseuses et sombres et surtout de la fuzz ! On pensera aux Cramps, aux compils faisant la part belle aux monstres et autres goules divers et variés, mais aussi à Ty Segall et à des choses beaucoup plus sombres. L'énergie du combo n'est plus a démontrer et ils ont réussi le difficile pari de la faire transparaitre sur la gravure vinyle. Bien joué les Weird Omen !

Surrealistic Feast paru le 15 mars 2019 chez Dirty Water Records

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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