Voila déjà plus de huit ans que l’on entend causer des Grys-Grys dans le petit monde du garage psyché. Les gars du gang cévenol sont bien décidés à conquérir le monde avec leur premier album. On les a croisés sur différentes scènes de France et de Navarre et force est de constater qu’ils ont un grain de folie que les autres n’ont pas. Ce n’est pas Tony Truant qui nous contredira, lui qui a invité la quasi-totalité du groupe comme pour certains de ses concerts et aussi sur son dernier EP live Chez Maryse & Lulu.
Mais ce soir, on cause Grys-Grys. Huit ans pour un premier album, inutile de vous dire qu’on les attend au tournant. Comme nul n’est prophète en son pays, c’est sur l’immense label garage de Lisbonne Groovie Records que le combo d’Alès est signé. Le tout est enregistré au mythique studio londonien Toe Rag sous la houlette de Liam Watson. Un gage de qualité. Mais voyons donc ce que ce premier long format a dans le ventre.
On sent des les premières note de "Time Flies And Still" que le voyage en De Lorean a bien fonctionné. Convecteur temporel OK. Nous voila bien retourné dans les «early sixties». Les guitares nous ramènent vers les productions des Them et autres fers de lances de l’époque. Niveau mélodies, les Grys-Grys se baladent. Forcement, on pense aux duo mythique Lennon - Mc Cartney. Mais aussi à la période Their Satanic Majesties Request de Jagger - Richards.
"In A Loop" avec son intro psychédélique renvoie aussi vers les Pink Floyd du début notamment "Astronomy Domine" et "Interstellar Overdrive". Nul doute que le Piper At The Gates Of Dawn des Pink Flamingos a été un disques de chevet des Grys-Grys. Les titres restent quand même très abordables et ne nécessitent pas l’absorption de quantités phénoménales d’acides pour être appréciés. Certains comme "Satisfy The Lords of Anarchy" revêtent même un coté pop avec un des mélodies totalement addictives. Les lignes de basse y sont toujours très soignées.
Beaucoup de titre trouveraient leur place dans les compils Nuggets si chère à Lenny Kaye. Les sixties sont bien évidemment le fond de commerce des Grys-Grys et tel les Fuzztones dans les années 80, les Grys-Grys incarnent à merveille le revival sixties de l’aube des années 2020.
On a déjà causé garage sixties comme influence. Parlons maintenant blues. Un harmonica introduit "The Day" en nous prouvant que les Grys-Grys ont du potasser la discographie de chez Chess Records. Les guitares sont ici remplies de fuzz et l‘interaction avec l’harmonica fonctionne parfaitement. Cette association harmonica et guitare fuzz nous rappelle aussi que les Daddy Long Legs sortent un nouvel album. On imagine assez facilement les Grys-Grys partager l’affiche avec les new yorkais. Mais revenons à ce premier album des Grys-Grys.
De morceaux comme "Got Love" ou The Day" puisent ans les racines du blues. On pense au "Boom Boom" de John Lee Hooker puis le riff se durcit et un batterie métronomique vient enfoncer le clou. Les giclées de fuzz de la guitare déchirent le paysage sonore et un riff digne de celui du célèbre "Tequila" finira de mettre tout le monde d’accord. Ça dépote sauvage et ça file des fourmis dans les guiboles. On adhère immédiatement à ces compos qui sont d’une facilité d’accès déconcertante. Définitivement le son des sixties n’est pas mort et les gars du Sud de la France n’ont pas leur pareil pour nous le rappeler.
"Daylight Robbery" rajoute un petit côté soul et groove magnifiquement. Des parties de slide dynamisent l’édifice et font penser à un Ronnie Wood au meilleur de sa forme avec les Rolling Stones. Un petit coté "It’s All Over Now" se dégage.
Résultat des courses, quand dans une chronique sur un album de rock sixties psychédéliques mâtiné de garage, on a causé des Floyd de Syd Barrett et des Stones de Brian Jones, on peut s’arrêter là et juger que le boulot a été fait de manière correcte.
Mais on préfère en rajouter une couche et confirmer que dans le style, les Grys-Grys sont vraiment ce qui se fait de mieux et dépassent largement l’échelle de l’Hexagone. Entre eux et les Liminanas, le rock sixties français se porte à merveille ! Merci pour lui ! Pas étonnant qu’ils soient signés chez Groovie Records , un label qui figure parmi les plus actifs du genre !
Allez, maintenant il est temps de rependre la De Lorean pour le chemin du retour. Doc Brown terminait l’épisode un en disant : "La route, là où on va on n’a pas besoin de route" ! Nous on espère bien les retrouver rapidement sur la route les Grys-Grys. On veut du live maintenant !
Les dates de tournée sont ici...
