Moins d’un an après son dernier passage en France, Anti-Flag est de retour en France. Cette fois-ci, il s’agit de promouvoir le festival de NOFX Punk In Drublic, qui débarquera quelques jours plus tard pour la première fois en France, à Angoulême.
Two Trains Left
Et pour ce warm-up qui célèbre l’arrive prochaine du festival punk sur les terres hexagonales, c’est à un groupe français que revient l’honneur d’ouvrir pour Anti-Flag ce soir-là. Two Trains Left joue un pop-punk pêchu et globalement bien ficelé, mais pour l’originalité, on repassera. La musique des Parisiens sonne comme énormément d’autres groupes, et si on entend bien les influences du groupe, qui cite Neck Deep ou Blink 182, on peine à percevoir sa marque de fabrique.
Ceci dit, le premier EP du trio date de novembre dernier, il a donc encore le temps d’affiner son style. Les compositions sont en tous cas efficaces et suffisamment entraînantes pour chauffer la salle comme il se doit. Un tout petit groupe de spectateurs – trois, pour être précis – lance un pogo dans la fosse, qu’il réussira à élargir à une douzaine de personnes. Probablement le plus petit pogo de l’histoire du punk, mais il est tout de même plus virulent que certains plus massifs. Sans être mémorable, la prestation du combo est une bonne mise en jambe avant la tête d’affiche.
Anti-Flag
La dernière venue du combo date d’il y a moins d’un an, mais la salle est presque pleine pour l’accueillir. Les Américains montent sur scène sur l’un de leurs tous premiers succès, "Die for the Government", imparable, et la foule s’agite aussitôt. Un pogo part très rapidement et animera la fosse toute la soirée. L’arrière de la salle reste plus calme, en tous cas sur les premiers morceaux, le public y étant assez attentiste.
Ce n’est pas systématique pour le Gibus, mais le son est loin d’être mauvais. Les arrangements punk simples et directs du quatuor facilitent peut-être les choses. Justin Sane à la guitare et Chris #2 à la basse se partagent le chant et la parole et ils sont assez volubiles – mais toujours en anglais. Ils répètent plusieurs fois aux spectateurs de prendre soin les uns des autres, comme un appel à la solidarité, et demandent même à tout le monde de se prendre dans les bras les uns les autres, demande qui aura un effet très variable selon l’emplacement dans la salle. Les deux frontmen ont aussi des interventions plus concrètes, ils évoquent l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris quelques jours auparavant, et introduisent le morceau "One Trillion Dollar" par un emphatique "Personne ne devrait avoir un million de dollars sur son compte". Ce qui fait sourire certains spectateurs : "Paye ton discours anticapitaliste quand tu vends tes tee-shirts à 20 euros", glissera l’un d’eux à son comparse.
Quoi qu’il en soit, l’énergie du groupe n’est pas simulé, il se donne dans ses morceaux et le public le lui rend bien, même les derniers rangs s’agitent timidement au fur et à mesure que les morceaux défilent. Le batteur fait aussi bonne figure que les autres, et pourtant, il s’agit d’un remplaçant, car l’offficiel Pat Thetic est apparemment en train de s’occuper de son nouveau-né. Qu’importe, ce concert est avant tout un warm-up du Punk In Drublic, et Anti-Flag annonce les vainqueurs du tirage au sort qui remporte des billets pour le festival. Pour être exact, les deux chanteurs désignent quatre personnes dans le public plus ou moins au hasard, ce qui est après tout plus punk qu’un tirage au sort en bonne et due forme.
Si la setlist accorde beaucoup de place à la seconde partie de carrière du groupe, avec notamment les trois derniers albums représentés, le groupe n’en oublie pas ses racines, puisque son tout premier opus Die For The Government (1996, cela ne rajeunit personne) a droit à trois morceaux, tandis que The Terror State et For Blood And Empire en totalisent huit. Il faut dire que tous les morceaux ou presque de ce dernier sont des brûlots ravageurs en concert, "The Press Corpse" ou "This Is the End (For You My Friend)" en tête. Le public chante à tue-tête les refrains et les chœurs, et même les morceaux les plus mous, notamment ceux du dernier album en date, American Fall, beaucoup plus pop, gagnent en agressivité sur scène. "One Trillion Dollar", rare ballade de For Blood And Empire, n’échappe pas à la règle.
Entre les discours des deux chanteurs et l’enchaînement des morceaux – qui dans la lignée de la tradition punk, tournent souvent autour de deux minutes – le concert défile à une vitesse folle, et 19 titres et une grosse heure plus tard, le groupe lance "Brandenburg Gate", hymne addictif traditionnellement son dernier morceau. Chris #2 finit juché au milieu de la foule sur un morceau de batterie tandis que le public s’époumone sur le refrain. Mais là, surprise, le groupe revient et propose un ultime morceau aux spectateurs, sommés de choisir entre deux morceaux. "I’d Tell You" remporte la grande majorité des suffrages et offre quelques minutes de déchainement supplémentaire. Clairement, Anti-Flag a offert un très bon concert, et l’envie irrémédiable de suivre le groupe jusqu’à Angoulême.
Setlist
Die for the Government
I Came. I Saw. I Believed.
Broken Bones
Cities Burn
Racists
Fuck Police Brutality
The Bright Lights of America
Trouble Follows Me
Turncoat
All of the Poison, All of the Pain
The Criminals
1 Trillion Dollar$
Power to the Peaceful
This Is the End (For You My Friend)
American Attraction
Death of a Nation
When The Wall Falls
The Press Corpse
Drink Drank Punk
Brandenburg Gate
Rappel
I'd Tell You But...
Crédits photos : Florentine Pautet