Le retour aux affaires du combo bordelais Luke - aka Thomas Boulard - était attendu par son public, pressé qu'il était de découvrir sur scène Porcelaine, leur sixième album studio. Une histoire d'amour de plus de vingt ans, un "vieux couple" comme il le dira lui-même ce soir-là, allant même à demander à son public s'il en avait pas un peu marre... Une relation au sein de laquelle on a eu du mal à s'immiscer, dans une Maroq' bien full de fans sentimentaux et enthousiastes. La faute au son exceptionnellement très mauvais, à une performance oscillant entre rock à clavier et punk à guitares durant laquelle la voix singulière de Thomas Boulard n'a pu s'exprimer à sa juste valeur.
Rien de plus navrant pour un chroniqueur de concert de ne pas être au diapason d’une salle, comme ce fut le cas ce soir là à la Maroq… Surtout lorsque le groupe - en l’occurrence Thomas Boulard - s'avère éminemment sympathique. Généreux sur scène comme dans ses textes, chaleureux et sincère avec son public, rock attitude sans trop en faire... Sur le papier - où plutôt sur album, son dernier notamment - Luke a tout pour plaire. Son public a répondu effectivement présent et s'est s'emballé dès le premier titre "Sauvage et fugitif". Nous, non… Pas faute d'avoir essayé, puisque l'on tiendra jusqu'à la fin du concert sans céder à la tentation de se réfugier au bar... Un temps le nez devant les boots de Thomas Boulard et ses musiciens, on a vite du se replier sur les coursives tant le son était à donf et les basses insupportables. Et même là, c'est limite. Les guitares sont brouillonnes et le clavier quasi inaudible. Parmi les centaines de concerts vécus dans cette salle, seuls Wavves et Yak nous l'avaient fait à l'envers de cette manière… Vous remarquerez d'ailleurs que leurs deux blazes commencent par la toute fin de l'alphabet, faut-il y voir un signe ?
© Pascal Cossé
À mi-concert, Thomas Boulard lui-même s'en est rendu compte. "Tu peux me monter un peu, demande-t-il au sondier. Même si ma voix n’est pas si importante…". Et bien si justement. Cela lui aurait permis sans doute de ne pas la pousser et d'être parfois bordeline côté justesse… En revanche, on passe volontiers sur le faux départ de "La terre ferme", tant sa répartie est drôle. "C'est à cause de moi car je viens du punk !". Et de renchérir un peu plus tard avec humour, "l'accordage, c'est bourgeois !" C'est méritoire d'assumer ainsi, mais c'est justement là où le bas blesse. Jouer punk et demeurer crédible pour autant, n'est pas donné à tous et ce type de démonstration qui pousse les limites, est plus défendable lorsque la prestation scénique est elle aussi excessive… Encore une fois, c'est notre avis et on le partage comme dirait l'autre, même s'il est très minoritaire. Lors du premier rappel, on ne se souvient pas d'avoir entendu des Ooooh ooh ooh aussi proprement exécutés, preuve de l'adhésion de la salle. À laquelle Thomas Boulard a répondu avec émotion et gratitude. On aurait vraiment aimé s'éclater comme celui qui campait derrière un des deux poteaux de la salle. À fond le mec. Mais "on n’est pas des machines" nous non plus… On est souvent le con de quelqu'un d'autre, les fans de Luke lui pardonneront sa partialité. Qui n'a guère d'incidences, car d'après nos informations, ils seront là à son invitation au Trianon le 7 novembre prochain (plus d'info sur Facebook)…
© Pascal Cossé
Setlist
Sauvage et fugitif
On est pas des machines
Soledad
je veux être un héros
Dis moi
Danse dans la nuit
Le robot
La terre ferme
Paradis rouges
Saluez les ombres
Zoé
le reste du monde
Sentinelle
Porcelaine
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Flèche
C'est immense
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On n’est pas des machines