Nous avons rencontré Danko Jones à l’occasion de la sortie de son nouvel album A Rock Supreme. Ce dernier nous parle de la composition de ce nouvel album, du travail qui a été fait sur la pochette ainsi que sur ses clips. Il a aborde également avec nous la sortie de son livre I’ve Got Something To Say.
Bonjour Danko, comment te sens-tu à la sortie de ce nouvel opus?
Très excité, cela fait plusieurs mois qu’on attend d’enfin pouvoir le faire écouter. On sait à quoi il ressemble, mais on a hâte de partager!
Vous venez de finir une tournée avec Nashville Pussy, comment ça s’est passé?
Oui, on n’avait jamais tourné avec eux! On a beaucoup joué avec eux, mais jamais tourné, alors qu’on les connait depuis les années 80, c’était vraiment cool. C’est un plaisir d’être avec eux, et Blaine est hilarant.
Oui, tu voulais faire une série Netflix avec lui, c’est ça?
Oui (rires) on voit rapidement qu’on est vraiment deux opposés, et ça nous fait beaucoup rire.
Tu peux nous parler du processus d’écriture de cet album ?
Le processus a été le même que les derniers albums. Je viens avec des riffs, je les présente au groupe, s’ils aiment, on travaille dessus et on voit si ça peut le faire, si on peut les amener au bout du processus d’écriture. Il y a certain morceaux qui ne sont pas assez bons, ou qu’on n’arrive simplement pas à terminer. Pour « Dance, dance, dance », j’avais le riff et on a simplement jammé jusqu’à ce qu’on trouve le bon arrangement. La plupart du temps, les morceaux viennent de façon assez spontanement.
Pour l’enregistrement, vous n’avez pas enregistré avec votre team habituelle?
On a travaillé avec Garth Richardson, on a déjà travaillé avec lui auparavant. On est fan de son travail avec Biffy Clyro, etc. Le seul problème, c’est qu’il habite à Vancouver et nous, on habite à Toronto. On devait prendre l’avion. Jusqu’ici on a quaisment toujours enregistré à Toronto même, sauf pour Never Too Late. En plus, on ne l’avait jamais rencontré en vrai avant l’enregistrement. Mais on a vite réalisé qu’on avait le même sens de l’humour et qu’on s’entendait bien. Ce qui est marrant avec Garth, c’est qu’il a grandit à Toronto, et pas seulement à Toronto, mais quelques mètres de là où j’ai grandi, et il a même été à l’école que je voyait depuis la fenêtre de ma chambre. Quand j’avais 4 ans, je regardais certainement Garth jouer au foot.
Et en studio, tout a été super simple, on n’avait pas à gérer de problèmes d’ego, on n’avait pas à gérer les plaintes de quiconque, rien. C’est bien de communiquer, mais on ne fait pas une activité qui demande autant de prises de tête. On fait quelque chose de simple. Donc, quel est le problème? On a pas eu à gérer ça, tout ce temps-là, on a pu l’utiliser pour parler de musique, des morceaux, du son. Wild Cat et Fire Music avec Eric Ratz, c’était pareil, on a travaillé. La différence c’était qu’on était à Toronto, on pouvait rentrer chez nous le soir.
D’ailleurs pourquoi avoir arrêté de travailler avec Eric Ratz pour cet album?
On a eu l’opportunité de travailler avec Grath, on en parlait vraiment depuis un moment. Mais il n’y a aucun problème avec Eric, les deux albums qu’on a fait avec lui font partie de nos meilleurs albums, et A Rock Supreme s’incrit vraiment dans la continuité de ce qui a été établi avec Eric. C’est un producteur incroyable. On voulait essayer avec Garth, on est fan de son travail, on voulait voir ce qu’il pouvait se passer avec lui.
L’album s’appelle A Rock Supreme, pouquoi ce titre?
C’est une suggestion de Rich, c’est une référence à l’album A Love Supreme de John Coltrane, qu’on adore tous les trois.
La pochette est également assez cool.
L’illustrateur, c’est Ulf Lunden, qui a fait les dernières pochettes de Graveyard, donc quand on a eu la chance d’avoir un de ses travaux pour nous, on était super contents. A la base c’était pour un autre groupe, mais il nous l’a donné et on a adoré. Ca fait sens, j’aime que ce soit une fille qui joue dans sa chambre. Il a bien évidemment changé quelques éléments pour s’adapter à nous. Mais vraiment, j’aimais l’idée que ce soit une fille, car on ne voit pas tant de filles que ça dans le rock. Il y en a, mais il faut les mettre en avant.
C’est votre troisième album avec Rich Knox à la batterie, est-ce qu’on peut dire que vous avez finalement trouvé votre batteur?
Ca nous a pris toutes ces années pour trouver un batteur, mais ça fait six ans qu’on joue avec lui, et d’habitude à ce stade, avec d’autres batteurs, il y avait déjà un millier de problèmes ou alors ils étaient déjà partis. Il n’y a aucun problème avec Rich, c’est plus simple de tourner, plus simple d’écrire des albums, et en plus de ça, c’est vraiment le meilleur batteur qu’on ait pu avoir. Il est vraiment concentré sur la batterie, alors que par le passé, d’autres étaient plus intéressé par le fait … d’être cool (rires). Avec Rich, il est sympa, il a l’esprit d’équipe, il vient du jazz avec une base de rock et je pense que c’est très bénéfique pour le groupe.
Pour votre clip “Burn in Hell” vous avez demandé au public de filmer pendant les concerts et vous en avez fait un clip, pourquoi cette démarche?
Alors la première raison, c’est que c’est le plus simple à faire ! On a fait tellement de vidéos, on n’en peut plus. Je déteste ça, je déteste faire des clips, je ne dis pas qu’on ne le fera plus, mais il fallait sortir quelque chose rapidement pour le label et on était en tournée, on n’avait pas le temps.
Et ça ne vous embête pas que les gens filment pendant les concerts? On a plutôt l’impression que les groupes se battent contre ça.
Non, ça ne me dérange pas. Ce que je n’aime pas c’est les gens, au premier rang, qui lisent leur mail juste devant moi. Pour ce qui est de filmer le concert, ça ne me pose pas de problème, les gens profitent à leur façon, on ne peut pas se battre contre le changement. C’est devenu naturel.
Pour le clip de “Dance, dance, dance”, où vous n’apparaissez pas, j’imagine que c’est pareil, vous ne vouliez pas vous impliquer là-dedans?
Oui, en fait, j’ai été vacciné avec le clip “Do You Wanna Rock”. La création de ce clip était un cauchemar, le réalisateur était bon, mais l’expérience vraiment mauvaise. On devait marcher la nuit, dans le froid, au Canada, et faire comme s’il faisait chaud. Ca a été l’expérience de trop. Et j’adore le travail du réalisateur de “Dance, Dance, Dance”, il a notamment travaillé avec Hellacopters et d’autres groupes suédois. C’est un des protégés de Jonas Ackerland, qui a travaillé avec Metallica, Madonna, et travaillé sur les films Lords of Chaos et Polar. J’avais donc rencontré son protégé en 2002, Dregen me l’avait présenté, donc on le connait depuis des années.
En parlant de Jonas Ackerland, dans l’intro du podcast que tu avais enregistré avec lui, tu parlais de ta vocation à faire de la musique, tu disais que tu as toujours voulu faire ça, et maintenant tu te retrouves à sortir de nombreux albums, à chanter une chanson comme “I’m In a Band”.
Beaucoup de gens se lancent, pensent devenir rock star et la réalité les rattrape, et ça peut être très triste. J’ai fait des études de cinéma pour ne pas penser à tout ça, mais aussi pour faire plaisir à mes parents et avoir un diplôme. Je n’allais pas devenir médecin, mais c’était un bon compromis, j’étais dans quelque chose d’artistique, mais j’allais à l’université. J’ai continué à trainer avec des groupes et j’ai rapidement compris que je devais faire ça, même si c’était un hobby. Je voulais monter sur scène et m’amuser. Puis, de plus en plus de personnes venaient aux concerts. Au début, tu ne vois que tes amis, puis des inconnus commencent à s’intéresser à ton groupe. Petit à petit, il n’y a plus eu que des inconnus et je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à creuser. Et nous voilà aujourd’hui !
Tu sors maintenant des albums quasiment tous les deux ans, puis enchaîne avec des tournées, est-ce que tu as l’impression d’être dans un genre de routine, ou c’est toujours aussi cool pour toi?
En effet, c’est un peu la routine, mais ça reste cool. Avoir une routine n’est pas une mauvaise chose. Aujourd’hui les gens veulent toujours que tu changes quelque chose, que tu sois imprévisible. On est juste le groupe le plus prévisible et je ne nous vois pas changer ! On fait des albums tous les deux ans, et maintenant on est capable de faire de longues tournées, c’est dur, mais aime ça. Je suis content de dire qu’on est prévisible et j’en suis même fier.
Tu as également écrit un livre récemment, sorti l’année dernière?
Oui, il s’appelle “I’ve Got Something To Say”, et je suis heureux de l’avoir sorti chez… car j’adore leurs livres, c’est chez eux qu’est sorti le livre Lords of Chaos. Ils ont beaucoup d’outsiders. Je suis content d’en faire partie. C’est un livre collaboratif, de nombreux illustrateurs que j’adore ont participé et Duff McKagan a écrit la préface. On a passé deux ans à travailler dessus, l’industrie du livre est beaucoup plus lente que l’industrie de la musique, c’était assez surprenant au début, mais le projet a fini par se faire!
Merci beaucoup Danko pour cette interview !