Décidés à apporter un peu d’âme et de groove dans votre bastion rock favori, on a répondu présents à l’invitation de Malted Milk. Pour la release party de leur album au titre “so soul”, Love, tears & guns. Dans un lieu sanctuaire du Xeme arrondissement, vénéré par les amateurs de musiques noires. Arnaud Fradin et son gang de soul guys nantais, ça vous cause ? Il y a de fortes chances que vous répondiez “affirmatif” si vous êtes amateur de blues. Le genre de prédilection du duo fondateur, avant qu’ils ne basculent grave dans la soul et le funk en étoffant leurs rangs. Huit albums, plus de vingt ans de bons et loyaux au service d’une musique qui parle autant à ton coeur qu’à tes pieds, une technique irréprochable mais jamais “savante”, une énergie scénique ultra-communicative… Ce soir là au New Morning, les Malted Milk ont prouvé qu’ils sont bel et bien l’un des fleurons de notre scène groovy hexagonal !
Exit la somptueuse Toni Green avec qui les nantais ont collaboré ces dernières années et qui était une formidable frontwoman. Retour sur le devant de la scène de Arnaud Fradin, chapeau vissé sur le crâne et Telecaster en bandoulière. Encore que non… Jamais lui, ni aucun des musiciens de Malted Milk ne se sont retrouvés relégués au rang de yes-man, contrairement à certaines formations soul nord-américaines. Malted Milk la joue collectif, tout en donnant à tous l’occasion d’exprimer son talent et sa virtuosité. Dès “The best in me”, également premier titre de leur nouvel opus, cette formule emporte l’adhésion du public. Le New Morning est une salle chaleureuse mais basse de plafond. Et lorsqu’elle affiche complet, la température monte de plusieurs degrés. A part de rares trentenaires qui vous houspillent avec véhémence quand vous tentez de vous frayer un chemin vers la fosse, les quinquas majoritaires vont faire monter leur tension…
Photo © C. Cussat-Blanc
Après quatre morceaux gorgés de funk et de soul bluesy, Arnaud Fradin pose sa guitare pour reprendre “It’s happening all over”, un standard de Stax Records de William Bell. Lors du titre précédent, il a déjà prouvé que son grain de voix n’a rien à envier à ses modèles de Memphis, mais on en prend toute la mesure. Maxime Genouel, l’autre guitariste et petit-grand nouveau de la bande, se fend pour l’occasion d’un superbe solo. Alors que Arnaud reprend son instrument, duo de cuivres et les deux choristes Laurence Le Baccon et Julie Dumoulin s’esquivent discrètement. “Dady has a gun”, blues rock bien heavy sur lequel Arnaud fait chanter, pleurer, vibrer sa Tele….
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En switchant pour une acoustique, Arnaud annonce la seconde partie du show. Il nous informe que “Pay Day”, une balade interprétée à trois voix avec Maxime et Igor Pichon le bassiste, est co-écrite avec l’étoile montante de la scène, Theo Lawrence. Et l’un de ses comparses - le batteur Richard Housset - en profite pour annoncer qu’il fête ce soir son anniversaire, déclenchant d’inévitables et plus ou moins justes Happy Birthday… “To build something” voit le retour sur scène des choristes, qui contribuent à faire à nous faire ressentir des lyrics so soul. “I need to touch your skin”, on en frissonne… Les cuivres - Pierre-Marie Humeau à la trompette et Vincent Aubert au trombone - font leur come-back pour le reggae psyché “Childrens of the world”, mais ils font littéralement exploser l’applaudimètre en rivalisant de “tonitruance” sur “No more oky doke”, une cover de The Meters. Heureusement que Arnaud a pris soin de dédicacer en amont le titre au cher disparu Dr John, ces deux-là lui auraient cassé son effet…
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Après “Money”, heavy funk dédicacé non à Pink Floyd mais à ce grand joueur de pipeau qu’était Cahuzac, on reprend encore avec “More and more”, une grosse louche de notre élixir musical favori. Ça sent la fin avec la montée funk de “You got my soul” qui suit, mais les Malted Milk vont nous gâter pour le rappel. Trois titres ! Démo de scatt et de chorus d’Arnaud, solo déchaîné de Damien Cornélis au clavier, final en frontline de tout le combo… On en redemande encore, mais les lumières se rallument et notre public quinquas se laisse gentiment pousser vers la sortie. Vers la fraîcheur de la nuit parisienne, après avoir bien profité d’une heure et demi de chaleur corporelle et musicale…