Andreas Hollstrand, guitariste de Port Noir

Pour les Suédois de Port Noir, pas question de suivre un chemin déjà tout tracé. Le trio, qui a déjà fait ses preuves auprès de groupes comme In Flames ou Pain Of Salvation, sort son troisième album studio et décide de surprendre. Une biographie metal, un nouveau label, InsideOut Music, orienté prog, et pourtant une évolution musicale et une identité bien affirmée, voici ce que nous avons évoqué avec le guitariste Andreas Hollstrand à quelques jours de la sortie du nouvel opus de Port Noir, The New Routine... 

La Grosse Radio : Bonjour Andreas, merci de répondre à nos questions. Tout d'abord, nous vous avons connu en France en première partie de Pain Of Salvation, plutôt orientés metal donc. Or là, votre troisième album semble démontrer un changement de direction. Cette difficulté à « classer » Port Noir dans une catégorie fixe, c'est quelque chose qui vous agace ou dont vous êtes fiers ?

Andreas Hollstrand : Eh bien, à vrai dire, on ne pense pas beaucoup aux genres et à ce type de classification. Quand tu demandes aux gens ce qu'ils entendent dans Port Noir, tu peux avoir des réponses tellement variées ! Certains vont te dire qu'ils entendent de la musique pop, d'autres du metal, certains disent que ça les fait penser à Muse, d'autres à Deftones, d'autres encore parlent de Tool... C'est un mélange de tout ça, en fait. Même pour nous, c'est difficile de dire ce qu'on joue exactement. Le plus simple pour nous, c'est de dire qu'on fait du rock, en tout cas aujourd'hui c'est comme ça qu'on définit notre style. 

Ça a changé par rapport à avant, alors ?

Sur les deux albums précédents, je dirais qu'on était plus orientés metal, mais c'est parce qu'on jouait du metal avant, dans d'autres groupes, alors on peut dire que la musique metal nous a collé à la peau un petit moment. Mais aujoud'hui, je dirais qu'on est un groupe de rock, tout simplement, avec des petits « plus » originaux et très cool.

port noir, the new routine, 2019

Votre troisième album va sortir très bientôt [interview réalisée quelques jours avant la sortie de l'album The New Routine le 10 mai, NDLR]. Quel est votre état d'esprit, notamment par rapport à ce changement de direction ?

Eh bien tout va super bien ! Pour le moment, les premiers avis sur les titres que l'on a déjà sortis sont très positifs. Nous avons un peu changé, évolué : si tu compares cet album aux précédents, comme je le disais, tu te rends compte que la tonalité est différente, la vibe est différente, et on a été vraiment impressionnés par les réactions et les retours qu'on a reçus. Tu vois, ça aurait pu faire un flop complet auprès de nos fans les plus anciens, mais en fait je pense que tout le monde semble apprécier ce qu'on fait aujourd'hui. C'est vraiment agréable et ça rend la sortie de l'album plus facile pour nous... notamment parce que cet album ne se résume pas aux trois singles déjà sortis. Il y a autre chose, c'est comme une pochette surprise : vous allez en découvrir plus que ce que vous avez déjà entendu !

Les trois titres qui sont déjà sortis étaient déjà très différents les luns des autres, il y a une diversité dans les styles.

Tout à fait !

Parle-nous de l'écriture et de l'enregistrement de cet album. Avez-vous travaillé de la même façon qu'avec les précédents ?

Globalement oui, le travail a été le même... mais c'est le début du processus qui a été différent. Avant, on faisait notre musique sans vraiment prêter attention à autre chose. Cette fois-ci, on a passé beaucoup de temps à écouter de la musique, beaucoup de musique, des vieilles chansons avec lesquelles on a grandi. Chacun faisait écouter aux autres les morceaux de sa jeunesse. Andreas (Wiberg, à la batterie), Love (Andersson, chant / basse) et moi, nous venons d'horizons, de milieux tellement différents, nos goûts musicaux sont différents aussi, et d'habitude on ne passe pas autant de temps à écouter de la musique avant d'écrire, mais là c'est comme ça que les choses se sont faites. On a passé un ou deux mois à écouter de la musique, à discuter de la musique qu'on écoutait quand on était jeune et des influences qui nous ont amenés à jouer du rock ; c'était très intéressant, et ça nous a aussi donné une nouvelle perspective sur ce qu'on allait faire avec Port Noir. C'est comme ça que le processus a commencé avant qu'on se mette à écrire.

port noir, andreas hollstrand, the new routine, 2019

Pour ce qui est du reste, je pense que nous avons fonctionné à peu près comme d'habitude, mais là nous avons passé beaucoup plus de temps à simplifier nos morceaux le plus possible. On avait ces chansons très longues qui allaient jusqu'à neuf minutes dans nos albums précédents, mais ce n'était pas ça qu'on voulait faire cette fois-ci. On voulait des morceaux plus concis, pour préserver l'énergie du début à la fin, avec un esprit plus rock, plus pop et moins d'éléments progressifs.

Moins d'éléments progressifs, plus de pop, on peut dire que vous assumez une certaine évolution dans votre son. Alors même que votre nouveau label, InsideOut, est un label plutôt prog, d'ailleurs...

Oui, c'est vrai, mais on l'assume. Avec The New Routine, on a clairement un son qui est moins metal. C'est un changement de direction, mais aussi d'état d'esprit. C'est le moment pour nous où les portes sont ouvertes sur plein de possibilités. On peut dire qu'on est quand même plus axés sur le rock avec cet album, mais qui sait ce qu'on fera par la suite ? On peut tout à fait bifurquer encore, rien n'est interdit.

Sur le nouvel album, Love joue de la basse alors que le groupe fonctionnait sans basse jusqu'ici. C'est une vraie valeur ajoutée, notamment sur des morceaux comme Young Bloods.

Ah oui, c'est sûr que ça ajoute un côté très intéressant aux morceaux. On avait déjà de la basse sur certains morceaux avant, mais très peu. Ça a vraiment changé les choses pour nous en tant que groupe.

Tu joues de la guitare mais aussi du synthé sur beaucoup de morceaux. Tu préfères être au clavier ou à la guitare ? Et tu comptes faire les deux sur scène ou allez-vous faire appel à des musiciens pour grossir les rangs en live ?

Moi, je suis avant tout un guitariste. Pour moi la guitare c'est mon instrument presque naturel, tu vois, alors que le synthé c'est venu comme ça, pour certains morceaux où il nous fallait des pistes au clavier. Pour répondre à ta question sur le live, je dirais que Port Noir, c'est avant tout un trio. Nous sommes trois, et on a décidé de mettre vraiment l'accent sur les trois instruments quand on va jouer en live. On ne veut plus faire appel à des musiciens supplémentaires, de façon à se concentrer sur le côté authentique de notre musique en live. Ça sera nous trois et notre musique telle qu'on la joue avec trois instruments et nos voix.

Quels morceaux de The New Routine sont tes préférés, ceux que tu es pressé de jouer en live justement ?

J'aime bien le titre "13", qui sonne vraiment bien. Mes titres préférés, ceux que j'aimerais jouer en live, ce sont ceux qui sont orientés bien rock, comme "Old Fashioned" ou bien "Young Bloods". On a déjà commencé à discuter de la setlist de nos concerts à venir. Ce qui est sûr c'est qu'on va jouer beaucoup de pistes issues de The New Routine. On arrive sur un nouveau cycle, et on veut jouer un maximum nos nouvelles chansons, car elles  nous correspondent vraiment.

Vous avez déjà prévu des tournées ? Plutôt en tête d'affiche ou en première partie ? A-t-on une chance de vous voir en France bientôt ?

Oui, on va venir en automne cette année. On a une tournée qui va bientôt être annoncée, où nous jouerons en première partie avec d'autres artistes. Et ça passera par la France. [Cette tournée a été confirmée depuis, Port Noir accompagnera le groupe de prog Leprous et passera en France pour trois dates en novembre 2019 à Paris, Villeurbanne et Biarritz].

Il y a une raison particulière pour laquelle vous avez choisi un nom français pour votre groupe, Port Noir ?

À vrai dire ce nom n'a pas une signification particulière ! Au tout début on s'apelait A.I.Act, et quand on a essayé de se faire un nom, un label nous a dit que c'était difficile à prononcer alors on a cherché autre chose. Et Port Noir ça nous a plu, et ça sonne tellement mieux en français ! Mille fois mieux que si on avait choisi la même chose en anglais ou en suédois. Il suffit de dire Port Noir et ça évoque tout de suite quelque chose, une certaine atmosphère.

Nous vous attendons donc en live très vite. Le concert que vous avez fait avant Pain Of Salvation avait été bien apprécié. Pour votre avenir maintenant, vous vous voyez plus continuer de faire des festivals plutôt heavy metal avec des grands noms du metal prog ou autre, ou vous vous sentiriez mieux à l'affiche de festivals plutôt indie rock voire pop ?

Je dirais que ce que nous recherchons c'est plutôt ta deuxième proposition. À terme, on souhaiterait faire plus de dates indie rock, pop ou rock. On ne renie pas du tout notre héritage metal, et d'ailleurs, comme on a fait partie de cette scène, c'est énorme toutes les possibilités qu'on a eues grâce à tous nos contacts dans le monde du metal. Mais si tu penses aux affiches des festivals metal, tu te rends compte que les grands groupes headliners sont des groupes qui existent depuis des décennies. Depuis les années 80, pour la plupart. Ces énormes groupes sont toujours là, ce sont des légendes, des références. Mais finalement, assez peu de jeunes groupes émergents prennent leurs places en haut de l'affiche. Il n'y a pas eu de gros renouvellement dans le metal avec l'apparition de nouveaux groupes originaux ou marquants. Chose qui n'est pas du tout le cas dans le rock ou la pop, où les choses se renouvellent avec des groupes qui apportent de la modernité et une identité forte. Nous, ce qu'on veut, c'est garder notre héritage mais aussi s'ouvrir à un public plus large et faire évoluer notre musique et notre son pour faire ce qui nous semble le mieux. On va là où on veut aller, vers la musique qui nous correspond.

Le troisième album de Port Noir, The New Routine, est déjà disponible via InsideOut Music. 

Port Noir se produira avec Leprous et The Ocean Collective à Paris (Cabaret Sauvage) le 12 novembre 2019, le 13 novembre à Villeurbanne (CCO) et le 14 novembre à Biarritz (Atabal). 



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