Lundi de Pentecôte. Jour férié... Mais pas pour tout le monde. Les Daddy Long Legs sont à pied d'œuvre. Après plus d'un mois de tournée intensive, les voici à l'aube de commencer le dernier gig européen de 2019. Tournant sous l'égide de Jostone Traffic, c'est à Orléans, dans le fief de Jean-Luc Jousse, patron de la boîte, que ça va se passer.
19h. Quelques dizaines de rockers commencent à s'amasser devant le Blue Devils. Signalons au passage la qualité du lieu, parfait pour accueillir des concerts rock dans un très bon état d'esprit. On y mange bien sans se ruiner et en écoutant du bon rock 'n' roll. Endroit à marquer d'une pierre blanche pour tous les fans de musique du diable.
Mais revenons aux invités de ce soir chez les Diables Bleus. Du blues trash ! Pas un mais deux groupes! Pour soutenir les Daddy Long Legs, le duo canadien Catl nous met en appétit. Ils ne sont pas nés de la dernière pluie ceux-ci. Leur show à deux est bien huilé. Elle martelant un tom et une caisse claire tout en hurlant son blues et lui au chant et six-cordes. On revisite les racines du blues à la sauce lo-fi.
Parfait pour mettre en orbite les Daddy Long Legs une dernière fois pour cette longue tournée européenne.
Toujours tirés à quatre épingles, le combo fait son apparition sur la scène du Blue Devils. Ce soir, le troisième et dernier album Lowdown Ways, paru chez Yep Roc il y a quelques semaines, sera à l'honneur. En intro, l'instrumental "Daddy Long Legs Theme" va poser les bases de l'édifice.
On retrouve dès les premières notes ce son du groupe si caractéristique. Josh Styles cogne dur avec des maracas en guise de baguettes. Murat Akturk pousse sa vieille guitare hollowbody dans ses derniers retranchements... Et Brian Hurd arpente la scène de long en large juché sur ses "long legs". Toujours prêt à dégainer son harmonica et chantant dans son micro vintage spécial créé pour ledit instrument.
Les nouvelles compos comme "Winners Circle" enchainée au titre éponyme de leur premier opus "Evil Eye" tiennent la route. Le fait que l'album soit moins lo-fi que les deux premiers n'empêche pas pour autant de le jouer sur scène et on sent bien le groupe parfaitement rodé en cette fin de tournée. Parfois quelques signes de fatigue mais largement compensés par la maitrise technique.
Le premier single extrait du troisième LP "Morning Noon And Nite" fera monter d'un cran la chaleur dans la salle bien remplie et comblée. "Blood From A Stone" derrière et le tour est joué. Les Daddy Long Legs ont captivé leur audience pour ne plus la lâcher.
Brian ne rechigne pas à faire participer le public qui ne se fait pas prier non plus. Mister Long Legs ira prendre quelques bains de foules, armé de son harmonica. Il se pose sur scène comme un prêcheur devant ses fidèles. Il diffuse la bonne parole. On l'écoute, on interagit avec lui. Aussi à l'aise à l'harmonica qu'à la guitare, il force le respect.
C'est à l'harmonica qu'il mettra tout le monde à genoux, avec une version excellente de "Death Train Blues" où son instrument est soumis à rude épreuve. Le public reprendra en chœur avec lui "Fire & Brimstones" et "I'll Be Gone" au final en live totalement dévastateur.
Les Daddy Long Legs ont beau être sur la route depuis de longue semaines, ils ne veulent pas que la tournée finisse. Ils vont donc prolonger le plaisir avec les rappels. D’abord, ceux qu'on fait parc qu'il le faut. Ceux programmés... comme "Motorcycle Madness", une version à réveiller les morts avec Brian faisant vrombir son harmonica comme une Harley ! Puis aussi ceux qui viennent des tripes. Avec des titres qu'on joue en refusant de voir le rideau se baisser avec un public qui apprécie. Ce soir donc, un vrai rappel. Pas écrit dans le marbre avant le concert. Ca, c'est la magie du rock 'n' roll. Le partage entre une bande de gars qui s'éclatent sur scène et un public qui veut communier avec le groupe.
Ce final sera donc un très beau moment avant de se jeter au merchandising pour acheter l'édition limité en vinyle blanc de Lowdown Ways puis bien sûr, la faire dédicacer par le trio qui refuse de rentrer chez lui et de déclarer la tournée finie.
SI vous les avez ratés, gageons que rien n'est perdu. Murat nous confiait son attrait pour la France et louait l'accueil des publics européens bien plus chaleureux selon lui que celui des USA. On devrait les revoir bientôt sur le vieux continent ! On vous tiendra au courant.