Triple affiche rock en cette veille de la Fête de la Musique à Oberkampf ! Ça nous a permis de compenser rétrospectivement un 21 juin parisien hautement pauvre en concert live, notre capitale étant définitivement vendue par les marchands du temple à la daube dj-electro-sound-system… The Belmondos s’étaient fait rares sur les scènes parisiennes, mais un set presque entièrement constitué d’inédits nous a permis de leur pardonner cette absence. On a eu plaisir à découvrir que le garage se porte bien aussi au Portugal avec les Basset Hounds et avons retrouvé avec délectation les Rest In Gale, des bêtes de scène de Romainville promis à un brillant avenir !
Ils ont beau avoir choisi pour patronyme Basset Hounds, nos quatre jeunes lisboètes ont comme presque tout le monde la tête près du plafond… Car la scène de l'International est aussi basse qu'exiguë. Est-ce là la raison pour laquelle ils s'économisent, au risque de paraître un peu statiques ? Ou bien parce que leurs morceaux riches et complexes - de l'indie pop lorgnant sur le rock progressif - se suffisent à eux-mêmes… Les instruments sont rois. A commencer par les guitares, pourvues d'impressionnants racks d'effets et qui se font tantôt aériennes ou tantôt virulentes. Antonio et Miguel en modèles dominants donc. José conserve le flegme propre aux bassistes et sa technique irréprochable, presque jazzy, lui suffit pour ne pas se laisser distancer. Afonso, batteur en short, n'a lui qu'une idée en tête. Jouer. Le set est trop court pour bavasser. Et de fait, Miguel au chant, parle peu et étrangement, semble plus à l'aise en anglais que dans sa langue natale. Ou du moins, on l'entend moins distinctement. Comme bien d'autres avant lui, il a peut-être le réflexe de monter le volume lorsqu'il interprète les morceaux dans la langue originelle du rock n'roll…
Photo © C. Cussat-Blanc
Nous nous faisions une joie de retrouver le quartet garage-pop parisien et amateur de belmonderies. Mais nous nous attendions pas à la surprise qu'ils nous ont réservé… Un set presque entièrement constitué d'inédits ! En avant-première mondiale donc, avant une release party officielle que l'on espère pour la rentrée… Pas de mauvaise surprise en revanche quant à la qualité de la prestation de Luc et de son gang. Toujours carrée de chez carrée. Et la destination demeure toujours la même. Le Londres des sixties. À son apogée donc, en équilibre subtil entre pop et garage. The Belmondos captent à merveille l'essence de cette période magique, tout en insufflant l'indispensable relecture "moderne". Les Kinks et autres Zombies, versus The Strokes ou les Tame Impala, made in Paname City… Les "hou hou" de "What for" font immanquablement songer à de sympathiques choeurs stoniens. “Sunday morning” se la joue psyche et le bien-nommé “Love is all” nous ramène dans le swinging London en plein Summer of love… Conscients que leurs fans les plus accros, qui s’étaient évidemment déplacés pour l’occasion, ne pouvaient reprendre en choeur ces nouveaux morceaux, The Belmondos leur ont offert un “Awesome rumble” bien énorme. L’invitation de Luc à danser sur l’un de leurs tubes a été reçue cinq sur cinq !
Photo © C. Cussat-Blanc
Les romainvillois de Rest In Gale, nous les avions découvert l’an passé, en première partie des défunts Shupa, à deux pas de là, à l’Alimentation Générale… On avait pris une très grosse claque. Et ce soir à l’Inter, on a eu droit à l’aller/retour ! Folie furieuse, joyeux bordel… Ces qualificatifs sonnent faiblards pour décrire leur prestation. Leur frontman Julien Hicks en est en grand partie responsable et coupable, mais ses acolytes sont au diapason et la bande de potes bien frappés qui leur sert de fans officiels, sont complices au dernier degré. A l’instar d’un Didier Wampas dont il partage la folie furieuse, Julien aime à passer autant de temps avec eux que sur scène. Reconnaissants, ces derniers le désappent lors du quatrième morceau “Ladyboy”, le portent en triomphe et lui permettent de faire son Iggy Pop. La référence n’est que pas scénique, il s’y entend comme personne pour “stooger” sur “Goal”ou surfer sur les riffs morriconniens de “Ladyboy”. On l’a dit, les autres Rest in Gale ne sont pas en reste. Le clavier s’inquiète presque plus de sa binouze que son instrument (ce qui ne l’empêche pas d’assurer). Le joyeux joueur de tambourin se fait littéralement et délicieusement rouler une méga pelle par une fervente admiratrice. Le duo basse / batterie demeure stoïque en comparaison et William Rainaud, l’autre pilier du groupe, fait office de grand ordonnateur à la guitare… Les Rest in Gal avaient gagné le tremplin du festival Val de Rock. On regrette certes ce rendez-vous manqué avec de vieilles gloires rock des années 80, mais son annulation prive surtout ce jeune groupe hautement prometteur d’une belle visibilité… Ils ont été repérés par Rolling Stone, gageons que l’on ne va pas tarder d’entendre parler d’eux ailleurs que sur votre webzine préféré !
Photo © C. Cussat-Blanc
Un GRAND bravo à Christophe Cussat-Blanc pour être parvenu à sortir de telles photos, avec un éclairage scène quasi-inexistant !
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