Rencontre avec John Butler à  Guitare en Scène

Le site de Guitare en Scène s'éveille pour accueillir les quatre jours annuels, les gens commencent à s'entasser devant l'entrée en attendant ouverture. À l'intérieur, les balances résonnent, les bénévoles s'agitent dans tous les sens pour accueillir dignement les festivaliers, les artistes méditent, d'autres viennent répondre à quelques questions. C'est le cas de John Butler, qui nous a accordé une dizaine de minutes, bien trop restreintes, avant son passage sur la scène Chapiteau.

John, ces deux dernières années ont marqué beaucoup d'événements. La sortie de Home l'année dernière, mais aussi le départ de Byron Luiters et Grant Gerathy, l'arrivée de Lozz Benson et Ben Corbett. Il y a eu énormément de changements dans la formation du trio, comment ressens-tu tout le parcours effectué?

C'est marrant que tu le mentionnes, parce que depuis ces derniers changements, qui ont eu lieu en février, on a encore bougé! (rires) Lozz et Ben sont partis, maintenant j'ai trois nouveaux acolytes qui les ont remplacé. J'ai toujours vu le Trio comme quelque chose de très libre, chacun y vient, fait son bonhomme de chemin et repart quand il le sent. En même temps c'est normal, quand la formation ne porte pas ton nom, tu te sens moins impliqué! Donc des passages divers, plus ou moins longs, tout s'est toujours bien passé, et on s'est énormément apporté les uns les autres. Tu prends Byron, il est resté dix ans, il a été une partie plus intégrante du groupe, mais il a fini par vouloir faire autre chose, et c'est cool! Au final, c'est une très belle chose qu'il y ait autant de monde, l'expérience humaine est géniale.

On peut dire que chaque musicien ayant participé à l'aventure a participé à sa manière à l'évolution et les horizons de tes compositions.

Évidemment. Je reste le seul à composer mais forcément, toutes les influences des gens que tu rencontres deviennent les tiennes quand tu commences à travailler avec eux. Après, les idées me viennent souvent comme des apparitions, j'ai l'impression d'être un shaman qui entend des gens morts (rires). Je suis là, l'idée survient fans ma tête, et elle me hante jusqu'à ce que j'arrive à rentrer et la mettre sur papier. Donc ouais, c'est tout un ensemble, mais j'imagine qu'absolument tout ce qui m'entoure en fait partie.

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Bon, on est là, Guitare en Scène, comme tu peux le constater on est pas dans de l'immense machine pleine à craquer, ici c'est familial ! Tu connaissais le festival?

J'étais même persuadé que j'y avais déjà joué (rires). Quand on m'a dit le nom du festival, je me suis rappelé un endroit hyper spécial, dans une forêt, et une fois arrivé, j'ai pas compris pourquoi ça avait autant changé! (rires) Et du coup je sais pas du tout à quoi m'attendre ! Mais les gens du staff ici ont l'air hyper passionné, pour l'instant c'est super détendu, y'a aucun stress, ça fait du bien.

On a eu Rob Hirst de Midnight Oil au téléphone il y a quelques jours, qui nous disait qu'il était ravi de savoir que tu es là aussi ce soir. Midnight Oil, en Australie, ce doit être difficile de les différencier de leurs messages politiques tant ils sont engagés. Penses-tu qu'il est indispensable d'être engagé?

Je sais pas si c'est tant une notion d'engagement pour moi quand il s'agit de donner à des assos ou de faire valoir ma voix sur certains sujets, surtout en ce qui concerne l'écologie. Je veux dire, je vais pas débarquer chez toi, ouvrir tous les robinets et chier dans ton jardin, alors je défends mon pays de ceux qui viennent y faire ça. Et quand je te dis ça, je te parle pas d'immigration, ni même des habitants, l'échelle citoyenne a rien à voir là dedans, je te parle des corporations, des industries qui viennent juste implanter leur saloperie de business ici en se foutant de l'impact que ça va avoir. Je sais pas si Midnight Oil a contribué à mes prises de position, j'ai eu conscience de tout ça assez tôt j'ai l'impression, mais c'est un de mes groupes préférés, et ils ont forcément forgé une partie de ce que je suis, autant musicalement qu'humainement. Chaque fois que je les vois, et selon le planning j'irai les voir un peu tout à l'heure, j'ai des frissons de malade. Ils ont une justesse et une sincérité dans les sujets qu'ils abordent, je m'y retrouve, mais même juste en terme de musique, j'aime leurs compositions. Mais tu sais, pour revenir à l'engagement, je suis pas persuadé qu'il faille forcément avoir des positions radicales, parce que tu en as quoi qu'il arrive. Quand tu parles d'amour, de déboires, tu parles à tout ceux qui ont vécu ça et tu t'engages sur ces sujets pour eux. Quel que soit le sujet, même léger, tu milites pour un idéal. Tu n'es pas obligé de pointer du doigt, de dénoncer des choses fortes, parler de bonheur c'est aussi s'engager pour la vie tout court. T'as vu ce que je te disais avant, y'a des énergies des fois qui nous parlent, je sais pas si je suis très mystique mais je pense que dans la passion tu as aussi la transmission. Quand je joue, je suis ailleurs, et si je peux transmettre ça aux personnes devant moi, leur apporter du bonheur, de la transe, alors énormément de choses se sont passées. Les sensibiliser sur des sujets sensibles, d'autres sont là pour le faire, mieux d'ailleurs, moi j'espère créer une communion par la musique. Je sais pas du tout comment ça va se passer ce soir, mais j'espère que les frissons seront là.

John Butler, Guitare en Scène, Interview, fierté

Mec, vu la force de ton discours et la façon dont tu le prononces, de manière aussi sincère, ils sont déjà là, les frissons!

Bon ben si j'ai réussi avec toi déjà, c'est super! Et ça veut dire qu'on est bien parti pour ce soir. Il me tarde! 

Photos : Liza Brume. Toute reproduction interdite



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