L'été parisien "morne plaine", sans le moindre concert à se mettre derrière l'oreille… Un lointain et mauvais souvenir, depuis que le Supersonic a ouvert ses portes ! Entre ses soirées Tribute Holi(mon)days et ses concerts - souvent en mode triplette de Bastille - ce lieu est devenu un must pour découvrir les groupes qui s'y font les riff ! Comme The Shazzams, combo new-yorkais et parisiens d'adoption, qui écume depuis un bail nos "petites" salles. Ou leurs compatriotes, les trois ravissantes et catchy Baby Shakes (okay, Ryan le batteur est ravissant lui aussi en mode punchy). Le son parfois brouillon du Super n'avantage pas toujours les groupes, surtout si comme le duo rouennais Allie Wilson on joue à fond les ballons… La petite fausse note de la soirée.
"Trashy-chic, acousticana, bluesabilly". S'ils n'inventent rien - comme on a coutume de l'écrire depuis des lustres à propos de n'importe quel groupe ou presque - The Shazzams définissent plutôt bien leur style hybride. Justin Houser, élégant frontman à nœud pap' a du bagout et de la prestance. Un brin cabotin même (smiley clin d'œil). A l'opposé de Stephen Harrison son acolyte co-fondateur du groupe, flegmatique comme tout bon bassiste qui se respecte… Elisabeth Keledjian, la tête souvent baissée dans ses fûts, fait preuve d'une concentration totale et comme de juste, son beat est irréprochable. Autant que le vibrato de la guitare de Raphael Dumas, le frenchy de la bande… Comme de juste, ils vont alterner blue grass jazzy ("Gun in your face"), rockabilly ("Nothing to say to me"), voire du disco-à-leur-sauce ("Let it…"). L'interprétation de "Freddie" par Justin, a même un côté Kurt Weill. Délaissant sa guitare, il est tout jouasse de pouvoir bouger ses bras pour conter l'histoire de ce "bankrobber"… The Shazzams concluent leur set par un blues chaloupé, hommage pas si délétère à Marie Shelley la créatrice de Frankestein.
The Shazzams - © C. Cussat-Blanc
The Shazzams © C. Cussat-Blanc
On ne peut décemment pas évacuer la prestation de Allie Wilson. Quand bien même elle nous a contraint à adopter la position favorite du chroniqueur professionnel… Accoudé au bar donc. Car même en conservant nos bouchons, on y profitait très bien du gros son de notre duo rouennais. Théo Pelletier au chant et à la guitare. Hugo Van Leene - au chant également - à la batterie et à l'animation scénique… La voix haut perchée à la Rotten de Théo est au diapason de sa guitare chargée de disto et son attitude est gentiment punk elle aussi. No stress, no chichis. Nullement gêné par les breaks interminables entre chaque morceau, que tente de combler son comparse. À l'aise comme pendant les répet ! C'est ce que remarque un de nos co-piliers de bars, qui nous confie qu'il aurait bien aimé lui aussi, bénéficier d'une répet dans un tel cadre… Un autre petit plaisantin balance à qui veut l'entendre des "C’est la dernière, merci !". A l'exception de quelques jeunes filles au premier rang - forcément des fans - le reste du public demeure dubitatif à l'écoute de leurs brûlots de deux minutes max. La plupart sont amateurs de rock vintage, énervé peut-être mais pas destroy. Allie Wilson aurait sans nulle doute eu leur place en tant que premier groupe lors d'une triplette stoner. Mais ce soir, ce fut bel et bien une erreur de casting. On pardonne à l'équipe de prog du Super, ce phénomène est extrêmement rare…
Allie Wilson - © C. Cussat-Blanc
Les très attendues Baby Shakes montent enfin sur la scène. Mary, Judy et Claudia sont tout bonnement divines… Trois brunettes, avec blouson et chemisier trendy, jupette et bas résilles (sans oublier les indispensables Stilettos). Un look sage et sexy à la fois, millésimé sixties et manifestement très apprécié du public. Ryan, un peu en retrait - batterie oblige - arbore un tee shirt siglé Undertones, ce qui le rend éminemment sympathique aux yeux de bon nombre d'entre nous… On a beau découvrir les morceaux des Baby Shakes, on se surprend à faire les choeurs avec elle avec une facilité déconcertante. Leurs refrains garage pop sont tellement frais, acidulés que même un gothique de batcave hautement déprimé en retrouverait le sourire et le goût pour le rock acidulé. Les Baby Shakes se fendent d'ailleurs d'un tribute à un orfèvre de la pop américaine en reprenant Nick Lowe et son "Heart of the City". Seul bémol à ce set un peu court – une quarantaine de minutes seulement – la voix parfois difficilement audible de Mary. On ne leur veut pas trop au Super…. La preuve, on vous recommande chaudement la prochaine soirée power pop avec les garageux de Joinville-le-Pont, les Fuzzy Vox dont c'est le grand retour sur scène en France. Ce sera le 14 août, ne les ratez pas !
Baby Shakes - © C. Cussat-Blanc
Baby Shakes © C. Cussat-Blanc
Merci à mon side-kick shooteux Christophe Cussat-Blanc d'avoir choisi le noir et blanc qui fait écho à cette impeccable soirée rock vintage !
Setlist Baby Shakes
Do What You Want
All the Pretty Things
Baby Blue
Tearin’ Me Apart
Another Place
Cause a Scene
Just Another
Heart of the City (reprise de Nick Lowe)
Summer Sun
Angels
Modern Girl Renegade
Nowhere Fast
Turn it Up
Last Night
Stuck on Blue
L'ami vidéaste garageux Livedtap était bien sûr dans la place ! Retrouvez d'autres vidéos de la soirée sur sa chaîne.