Rencontre avec Neal Black et Fred Chapellier


Vendredi après-midi, avant leur set nocturne sur la scène Village à Guitare en Scène on a pu interviewer Neal Black et Fred Chapellier ensemble, pour aborder notamment leur bout de chemin à deux mais aussi leurs expériences en solo. Tout ça dans une interview d'une petite dizaine de minutes en plein après-midi, juste après la fin des balances. Dans le jus, comme on dit.

LGR: Neal, cela fait un moment que tu es en tournée en France. Quel type de relation as tu avec le public français ?

Neal: J'ai beaucoup joué en France, lors de tournées de 80 à 100 dates par an en Europe, et j'ai toujours eu une belle relation avec mon public français. J’ai démarré avec Dixie Frog avec un album en 1993, et je n’ai pas quitté la scène depuis cette époque, en tournée dans toute l’Europe.

LGR: Tu viens de dire que tu as beaucoup tourné en Europe, et notamment dans un paquet de festivals. Quelle pourrait être une de tes meilleures expériences sur scène ?

Neal: Quand je travaille avec Fred ! (puis en français) Quand je travaille avec Fred, c’est toujours un plaisir ! (rires)

LGR: Fred, une question un peu similaire. On a pu te voir dans beaucoup de festivals ces derniers temps, en Europe comme en France (notamment, on t’avait vu dans la programmation du Jazz Sous les Pommiers en Normandie). Qu’est-ce qui te fait le plus plaisir quand tu pars en tournée ?

Fred: Bah ce qui fait le plus plaisir, c’est de voir que les salles sont remplies, qu’il y a du monde. Et puis de voir que notre travail est quand-même récompensé et bien perçu. Là, en l’occurence tu parles de Jazz Sous les Pommiers, j’y allais pour présenter mon nouvel album qui est Fred Chapellier plays Peter Green. Et c’était archi comble des mois à l’avance : ça, ça fait plaisir !

LGR: Quel est ton rapport au festival Guitare en Scène ?

Fred: Et bien en fait je suis venu pour la première fois il y a quatre ans, si je ne m’abuse, et j’ai tout de suite trouvé que c’était un festival sérieux, très sérieux : quand on voit l’organisation, le professionnalisme de chacun ici avec l’aide des bénévoles… Tout se passe sans stress. Quand c’est sérieux et professionnel ça se passe comme ça ! J’ai aussi un super souvenir du public, évidemment !

LGR: L’ambiance un petit peu resserrée du festival participe aussi ?

Fred: Voilà, ça reste encore un festival à taille humaine, et c’est important ouais.
Neal (en français): Et aussi c’est toujours un plaisir qu’à chaque fois que tu arrives au festival, le rider est complet, toujours. C’est pas souvent le cas quand tu vas dans un autre festival, en général il manque toujours quelque chose. C’est très professionnel ici.
 

Fred Chapellier & Neal Black

 

LGR: Neal, tu as eu l’occasion de jouer avec des grands bluesmen, Chuck Berry, BB King pour les citer.
Neal: Non, non, je n’ai jamais joué avec BB King, mais tu peux le dire si tu veux (rires).

LGR: Est-ce qu’à un moment tu as eu ce ressenti, ces frissons de te retrouver devant une de tes stars d’enfance, un de tes modèles quand tu as commencé à jouer ?

Neal: Eh bien, une des premières expériences que j’ai eu a été le festival Montreux Jazz en 1990, mon premier festival en Europe, où j’étais le guitariste des Chambers Brothers. Et je les avais vu quand j’avais douze ans, en première partie de Steely Dan ! Et je me disais “Wow, j’aime vraiment beaucoup ce groupe, ce mix entre rock, gospel et blues”. C’était un choix très bizarre de première partie pour Steely Dan, mais si j’appréciais Steely Dan, je préférais les Chambers Brothers. Alors d’être sur scène avec eux à Montreux, en plus pour mon tout premier festival en Europe, c’était vraiment quelque chose d’exceptionnel. J’avais du mal à y croire !

LGR: Vous nous avez dit que vous êtes bien habitués à travailler ensemble, alors, quels sont les plans pour le futur ? Un nouvel album en préparation peut-être ? Ou des plans pour une tournée plus longue ?

Neal: On a quelques dates de prévues pour reprendre en février prochain, et (continue en français) c’est toujours le problème de s’arranger avec nos agendas et plannings respectifs, parce que Fred a beaucoup de projets et moi aussi. C’est difficile de trouver du temps pour travailler à deux. Avant on jouait beaucoup de concerts ensemble. Quand j’ai rencontré Fred c’était dans le studio en 2005 ou quelque chose comme ça, et je lui ai dit : “Ah putain ! Tu joues très bien, (éclats de rires dans la salle) j’ai une tournée en Norvège la semaine prochaine, est-ce que vous voulez faire ça avec moi ?” Et il m’a répondu “Oui, très bien !” Et on n'a pas fait de répétitions, pas vrai Fred ?
Fred: Tout à fait.
Neal (de retour en anglais): Et cinq jours après on était dans l’avion pour la Norvège et on a commencé à jouer ensemble. On a fait beaucoup de projets depuis, beaucoup de concerts. Mais maintenant c’est moins fréquent.

LGR: Mais comme vous avez tous les deux beaucoup d’autres projets également, c’est bien compliqué en effet...

Fred: C'est vrai, mais en fait on a envie pour l’année prochaine de réserver des périodes pour le faire, être sûr qu’on soit bien dispo en même temps.

LGR: Une dernière question pour toi Fred: tu as récemment tourné avec les Vieilles Canailles. Ça s'est fait dans la continuité de ton travail avec Jacques Dutronc ? Quelle expérience et quels souvenirs marquants en as tu gardé ?

Fred: Alors, ça s’est fait dans la continuité oui. Je travaille avec Jacques depuis une quinzaine d’années, et c’est lui qui m’a embarqué dans les Vieilles Canailles évidemment. Il voulait absolument que je sois là et c’est le genre de trucs qui se refuse pas. Et j’en garde un souvenir fabuleux, extraordinaire quand-même ! Parce qu’on a fait 7 ou 8 soirs à Bercy en 2014, d’affilée, et une tournée d’une trentaine de dates en 2017, juste avant que Johnny ne parte. C’était fabuleux et émouvant en même temps, parce qu’il était au bout du rouleau, on le voyait déjà là. Mais ça restait quand-même un monstre sacré, qui a chanté jusqu’au bout comme s’il allait mourir. Et en l’occurrence, il savait que ça allait être le cas. Donc c’était super intense, super émouvant, et bien sûr un immense plaisir d’être sur scène avec ces trois légendes.
 

Fred Chapellier & Neal Black

Photos : Liza Brume. Toute reproduction interdite



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