Mine de rien, ça fait maintenant pas loin de 20 ans que les p'tits gars de Robert OpeNightmare traînent leur amplis sur toutes les scènes rock diablement amplifiées de l'Hexagone (et même au-delà) et force est de constater que le power trio se bonifie avec le temps, tout comme le bon vin. En effet, après avoir réussi à stabiliser un line up sans cesse changeant pendant quelques années, les Toulousains semblent avoir maintenant trouvé la bonne formule pour tout faire exploser. Ainsi, après un précédent enregistrement intitulé Silent Scream qui redéfinissait véritablement les bases de son punk rock à la sauce stoner qui tâche, Robert OpeNightmare est de retour avec un nouvel album répondant au doux nom d'Air Fart One...
D'entrée de jeu, le morceau "To Hell And Fast" pose les bases de ce que va être le reste du disque : ra(va)geur. Avec des titres relativement courts qui ne dépassent que très rarement les 3 minutes et des constructions plutôt simples (mais pas simplistes), Robert Openightmare tape là où ça fait mal et ne s'embarrasse pas de fioriture inutile. Ici, on navigue à vue dans une musique brute de décoffrage sauvagement accrocheuse. Il n'y à qu'à écouter des titres comme "Why", "Never Trust" ou bien le hit de l'album "Ruin The World" pour s'en rendre compte ! Toutefois, à y regarder de plus près, on s'aperçoit vite compte que les Toulousains font montre d'une redoutable technicité dans les gimmicks de guitare subtilement bien placés ("Wainting For The Sun", "Semen", ...) avec des morceaux de bravoure que n'auraient pas reniés des groupes comme Danko Jones, Helmet ou bien même Therapy?.
Il faut dire aussi que le costaud Yoorwell derrière sa guitare possède une sacré expérience en la matière et n'a pas son pareil pour pondre des riffs corrosifs et des compositions percutantes (il est aussi le maître d'œuvre de Chauve, le combo toulousain qui décape...). Mais l'un des points les plus remarquables dans Air Fart One se concentre dans les rythmiques mises en place. Ainsi, derrière des oripeaux assez classiques, le groupe dévoile ici et là des titres au cordeau porté par une batterie ô combien explosive mais qui ne tombe jamais dans la démonstration que ce soit dans les titres rapides comme "To Hell And Fast" ou bien les mid-tempi plus lourds à l'image du poisseux "Black Sun, Shiny Moon" aux accents stoner efficaces. Un excellent point, donc.
Du côté du vocal, l'ami Yoorwell a semble-t-il trouvé sa voix après quelques tâtonnements sur les premiers albums de Robert Openightmare. En effet, les lignes de chants au timbre voilé, voire éraillé sur quelques passages d'Air Fart One amènent pas mal de relief à l'ensemble et collent à merveille à l'ambiance énervé du disque. Et même s'il est vrai qu'il manque parfois un peu de chœurs sur certains refrains, force est de constater que tout reste parfaitement cohérent. On a une envie furieuse de taper du pied, jusqu'à la fracture ouverte du tibia/péroné !
Au final, cet Air Fart One mis en boîte à la maison démontre le savoir-faire des Toulousains en matière de rock qui fait du bruit et se place sans conteste dans un sillon punk rock / stoner qui fait du bien aux cages à miel. Malgré son âge canonique dans le p'tit monde du rock indépendant, Robert Openightmare a toujours la niaque et ne semble pas encore prêt à raccrocher les guitares. Eh oui, le groupe compte bien tout péter sur son passage... hihihi !
Sorti le 5 octobre 2018 chez Les Productions du Chauve