A une heure de leur concert à Rock en Seine, la Grosse Radio a eu la chance de s'entretenir avec Kevin Baird, le bassiste du trio nord-irlandais Two Door Cinema Club. Très décontracté, le musicien aussi claviériste, a pu entre autres parler avec nous son dernier album False Alarm sorti le 21 juin dernier. Au programme également : des anecdotes artistiques sans langue de bois et d'autres surprises bien rock...
Bonjour Kevin et merci de nous accorder cette interview. Comment te sens-tu une heure avant ton set à Rock en Seine ?
Salut ! Oui, je suis très impatient. Quand on se remémore notre parcours, on a vraiment de très bons souvenirs de nos concerts à Rock en Seine et ces moments incroyables avec tant de monde qu’on n’attendait pas. On a eu la chance de déjà jouer ici plusieurs fois (ndlr : en 2010, 2016) devant des milliers de personnes ! On a certes joué dans plein de festivals en France, mais celui-ci est vraiment particulier, puisqu'il a le charme d'être au plein coeur de Paris et on s’y est toujours bien amusé. La France est aussi un des premiers pays dans lequel nous nous sommes exportés après la Grande Bretagne, donc on adore revenir ici.
Selon toi, trouves-tu qu’il soit plus difficile de jouer en festival que lorsque que vous jouez seuls en tournée ?
Il y’a toujours des points positifs et des points négatifs dans les deux cas. C’est très différent. Ce dimanche, c’est génial ! On joue en face d’une programmation qui est superbe. Donc il faut se distinguer. Ici, il y’a tellement de groupes et on ne voit pas ça dans beaucoup de festivals en Europe. Que ce soit des groupes du rock, de la pop ou encore des Djs, il y a vraiment des artistes géniaux. Par exemple rien qu'aujourd’hui, tu peux aller voir Aphex Twin, Deerhunter, ou encore Boy Azooga. Mais en même temps tu n’as pas le même niveau d’intimité avec le public que quand tu joues en tête d’affiche d’un concert dans une petite salle et lorsque les gens ont payé leurs tickets pour venir te voir. La connexion avec le public n’est vraiment pas la même. Les deux sont géniaux, mais dans les deux cas, on peut avoir des problèmes et se rater (rires).
Le 21 juin dernier, vous avez sorti votre nouvel album False Alarm, un album avec un peu moins de guitare et plus de sons électrons et du clavier. Pourquoi un tel choix ?
Je ne pense pas qu’on fasse vraiment des choix par rapport à cela. C’est peut-être le résultat que ça donne à la fin. C’est juste que quand on écrit les chansons, on se dit qu’on va sûrement jouer avec tel ou tel instrument pour que ça rende mieux. Et évidemment, il y’avait des instruments que nous n’avions pas l’habitude d’utiliser. Bien sûr la guitare, c’est un peu naturel pour nous, c’est instinctif de l’utiliser et on se dit toujours qu’il y a des moments où elle doit être présente. Mais je trouve que c’était vraiment très intéressant, voire même stimulant d’utiliser de nouveaux sons afin d’expérimenter de nouvelles choses. On s’est vraiment tout le temps dit qu’on devait tout le temps innover pendant l’écriture de l’album et trouver de nouvelles choses à faire.
Justement, plus que de faire de la pop ou du rock, vous abordez des thèmes de plus en plus engageants avec votre nouvel album en évoquant des thèmes tel que l’environnement ou encore les fakes news. Vous considéreriez-vous comme des artistes engagés ?
Oui je dirais que oui, mais c’est une question compliquée. Tu sais… Je pense qu’avant tout on est vraiment des gens normaux comme tout le monde. A l’heure des réseaux sociaux on est forcément exposé compte tenu de la quantité d’info qui circule et on doit parfois ne pas trop prendre parti.
On ne se considère pas meilleurs que les autres et on ne se voit pas comme des personnes qui devraient répandre la bonne parole et dire ce que tu dois faire ou ne pas faire. On est plus dans le ressenti dans l’expression d’idées je dirais. Et en cela on est forcément engagé puisque d’un point de vue personnel on est forcément touché par certains thèmes que tu mentionnes comme l’environnement ou les fakes news. Ce sont en plus des thèmes très politiques. Et c’est très dur je pense de passer outre ces sujets.
Mais d’un autre côté c’est très facile en étant artiste de faire du « virtue signaling » et de tomber dans une sorte de marketing de la bonne pensée. Ce n’est vraiment pas le but de nos productions, on évite d’être trop « woke ». Ce n’est pas toujours facile je t’avoue.
Il y’a une bonne dizaine de jours, vous avez également sorti une vidéo pour la chanson "Once". Comment avez-vous pensé son concept ? Et bien sûr, y avait-il une référence implicite à Metallica ?
Oui tout à fait, on a pensé à Metallica, on adore (rires) ! On aime faire ce genre de vidéos un peu folles dans lesquels on ne se prend vraiment pas au sérieux et où on peut s’amuser. Il y’a évidemment un petit message derrière, mais c’est quelque chose de léger. Et les poupées sont vraiment cools. (Rires)
Peux-tu nous parler de ta collaboration avec le groupe afro-fusion du Zimbabwe, Mokooba sur le titre "Satisfaction Guaranteed" ?
Oui cette histoire est assez cocasse. On avait d’abord pensé à utiliser une de leur chanson qu’on a trouvée juste excellente. Mais le problème c’est qu’on devait les appeler pour leur demander si on pouvait l’utiliser. Vu qu’on savait que leurs voix étaient incroyables et qu’ils pouvaient faire quelque chose de tout simplement fou, on s’est alors dit qu’on avait qu’à écrire quelque chose ensemble. En fait il se trouve qu’à un certain moment, Alex était à Los Angeles en train d’écrire et d’enregistrer l’album avec le producteur. Et par la plus grand des hasards, Mokoomba était dans le coin la semaine suivante. Donc en fait c’était plutôt simple après tout (rires) !
Parlons d’une anecdote plutôt sympa, puisque vous avez envoyé votre album dans l’espace, comment avez-vous fait ?
On a trouvé une entreprise qui le faisait, tout simplement ! Bon je ne comprends pas vraiment comment ça marche. Apparemment on pouvait envoyer ce qu’on voulait dans l’espace, donc on s’est dit : pourquoi pas notre album ! C’est, je crois, une sorte de ballon météorologique qui monte dans le ciel par l’effet de la température avec l’air chaud.
Donc logiquement, Two Door va s’étendre dans toute la galaxie, non ?
Déjà qu’avec le ballon ça a pris 12 heures, je pense qu’il faudrait une fusée pour ça ! Donc je ne serais pas aussi optimiste ! (Rires)
Étant donné le nom du festival, quels seraient vos influences rock ?
Je pense que ce sont les groupes avec lesquels on a grandi. Les gros comme les Pixies, Nirvana ou encore Sonic Youth. Mais il y’a aussi beaucoup de groupes actuels qui nous influencent énormément come Idles ou The Virgins et enfin, ceux qui jouent aujourd’hui comme Boy Azooga ou The Murder Capital. Il faut vraiment aller les voir, j’insiste !
Un dernier mot pour les fans français ?
Et bien je leur dirais simplement d’écouter notre musique, notre album et de venir nous voir en concert. En plus ce n’est pas encore annoncé mais on viendra en France très bientôt. A très vite !
Crédits photos: David Poulain, toute reproduction sans l'accord du photographe est interdite.
Remerciements au label PIAS France et à l'agence Ephelide pour l'organisation de cette interview.