Johnny’s back from USA ! Et ouais ma gueule, cet été, Johnny Montreuil et son gang se sont payé un fucking Narvalo America Tour, c’est pas michto ça ? À Minneapolis, Minnesota très exactement, la ville du Prince. Pour y faire la tournée de bars qui kiffent les artistes et suffisamment barjo pour dealer avec un frenchy qui se la joue cash dans la langue de Molière… Son second coup d’santiag dans la basse-cour sonore franchouillarde, “Narvalo Forever” a fait voler un max de plûmes et caqueter sévère chez les pros de la critique et du son. On se devait de recueillir ses impressions à chaud au Benoit et annoncer son prochain passage dans la R.P. Ce s’ra pas à Treuilmon mon prâlo, mais à Issy-les-Moulineaux. Le 21 septembre, t’as bien noté la date ?
LGR - Comment avez-vous réussi à décrocher cette tournée aux States ?
Johnny Montreuil - C’est Emilie et Charles du groupe The Whale in the Thames qui l’ont montée, en faisant jouer leur réseau de musiciens et de clubs. Ça nous a permis notamment de jouer dans celui de Prince, le 7th St Entry, à côté de sa salle de concert night club, le First Avenue. Grâce à eux toujours, on a pu passer deux fois sur une radio associative, Hello Minneapolis, et au fil des treize jours que nous avons passé là-bas, ça nous a apporté une aura grandissante et nous a amené du monde.
LGR - Vous êtes quatre au sein du groupe et pourtant, vous n’êtes partis qu’à trois pour cette tournée américaine…
Johnny Montreuil - Deux jours avant le départ, Ronan notre guitariste a eu un gros souci personnel qui l’a contraint à déclarer forfait. On a pris vite la décision de ne pas le remplacer et de partir jouer au pays de la guitare, sans guitariste… A trois donc, dans une configuration qu’on n’avait jamais expérimentée et en laissant le soin aux organisateurs sur place - très cool puisqu’ils acceptent la situation - d’inviter d’autres musiciens quand l’occasion se présente…
LGR - Une sacrée prise de risques !
Johnny Montreuil - Pas trop le choix en même temps… Même si Johnny Montreuil a été dès le début conçu comme un projet à géométrie variable, me permettant de jouer en duo ou même seul, nous sommes un groupe dans lequel chacun a vraiment sa place. On a donc du ré-axer le propos, en dotant Kick d’un gros ampli pour faire cracher son harmonica. J’ai pris plus de place côté choeurs et côté solo à la voix, pareil pour Steven à la batterie. Ce choix de ne pas remplacer Ronan, a décuplé notre envie d’envoyer. Nos sets étaient très courts, on se les faisait façon sprints. Quarante minutes, une heure grand max. Sauf pour les Bastille day, une manifestation organisée par l’Alliance Française, où on a joué deux sets…
Photo © JM le Crew
LGR - Sans guitariste attitré, vous avez donc pu jouer avec d’autres musiciens…
Johnny Montreuil - On a invité pas mal de ceux qu’on a croisé. Clay Williams notamment, un joueur de steel guitar. Sur deux titres seulement, afin de garder la symbiose que nous avions pu construire entre nous trois. Matt un tromboniste nous a rejoint un soir également. Ça a beau avoir été des concerts sans Rönan, on trouvait le temps de parler de lui à chaque concert.
LGR - Les organisateurs vous avaient donné comme consigne de chanter en français, quel accueil avez-vous reçu de la part du public ?
Johnny Montreuil - C’est certain qu’ils ne percevaient pas cinq pour cent de ce que je racontais entre les chansons ou mes textes, mais ils en comprenaient l’âme. C’est la même chose ici, pour un groupe américain, tu vois, tu sais, ce qu’ils sont en train de raconter… Mais la plupart du temps, on nous disait après : “Fucking good show, men !” Car là-bas, tu ne fais pas seulement un concert dans ces bars ou ces clubs, tu dois faire un show. Et tu n’as pas longtemps pour le faire, à peine quarante minutes. Il y a un groupe avant toi, un autre après. T’es payé au lance-pierre ou avec les tips et tu peux enchaîner plusieurs sets durant la même soirée.
LGR - Un contexte bien américain…
Johnny Montreuil - Tous les musiciens que nous avons rencontré, ont un taf à côté, souvent lié à la musique et font partie d’une communauté très soudée. T’as pas d’intermittence, ni de couverture sociale, tu dois jouer. Le rapport au live est forcément différent, t’es à l’arrache, au taquet et tout l’temps ! Le plus important, c’est avec qui tu joues et surtout de faire le show. Il y a quatre personnes devant toi, pas grave. T’es Bruce Springsteen dans un stade…
LGR - Est-ce qu’il y aura un Narvolo Americana Tour, Part II ? Au delà des frontières du Minnesota, dans d’autres états ?
Johnny Montreuil - Pour faire une tournée dans plusieurs états, il faut que ta musique soit diffusée en amont et pendant. On peut dire que c’était un repérage, en mode concerts et rencontres. On va essayer de faire venir David Huckfelt qui jouait avec le groupe folk The Pines et avec lequel on a eu une belle rencontre artistique. Il est notamment en contact avec Rosanne Cash, la fille aînée de Johnny Cash qui s’investit sur les droits des artistes. Il joue aussi beaucoup avec la communauté amérindienne au Canada et s’inspire de leur culture. On se ferait bien un seconde épisode du Narvalo Americana Tour avec lui…
© Angela Lundberg / Reviler.org
LGR - Une anecdote sur ce first tour ?
Johnny Montreuil - On est tombé sur une lettre de Django Rheinardt à Duke Ellington, qui raconte sa tournée à lui et qui a été retrouvée dans les archives de la ville de Minneapolis. C’est pas une anecdote, mais on recommande chaudement The Boot R’N’B, un des groupes avec qui on a joué au Hook and Ladder, une ancienne caserne de pompiers avec deux scènes. Ils nous ont mis une sacrée tarte. On a fait un super concert avec un super son, en invitant du monde aux bons moments, tout en gardant notre identité. Et puis en étant pas connus, on était pas attendus, donc on y allait. La prochaine fois, ce sera pas le cas ! Et cette tournée nous a apporté un bon vent de fraîcheur en pleine sortie du disque. Ça nous a fait revoir les morceaux autrement et donner de la confiance pour les dates avec lesquelles on a enchaîné en France…
LGR - Votre “Narvalo forever” a reçu effectivement un très bon accueil critique et professionnel. Peut-on dire qu’il s’agit de l’album de la reconnaissance, avant celui de la consécration ?
Johnny Montreuil - Je ne sais pas si c’est l’album de la consécration, ce serait plutôt celui de l’identification. C’est bien sûr perfectible, mais l’entité de l’album me plait et a plu à des gens dont c’est le métier d’écouter des disques tous les jours. Et on a vraiment trouvé chacun nos marques en live notamment. Cette identité de groupe que je cherche depuis le début, même si je me mets volontairement en avant pour simplifier le propos et l’adhésion. J’ai beaucoup travaillé seul lors de la phase d’écriture, mais il y a toujours eu cette construction et ce retour collectif sur les titres. Et on est tous compositeurs.
© Angela Lundberg / Reviler.org
LGR - L’actu de Johnny Montreuil, c’est quoi ?
Johnny Montreuil - La sortie prochaine du clip de “Ma p’tite carlo” de Bertrand Vacarisas, un réalisateur qui nous suit depuis un moment. Un quarante-cinq tour de deux titres déjà présents sur l’album, mais que l’on joue complètement différent en live. Le festival International de Marjevols le 19 septembre et un co-plateau avec Little Bob Story le 21 septembre au Réacteur à Issy-les-Moulineaux. Et on va annoncer bientôt des dates en automne et jusqu’à la fin de l’année. Et en janvier, on va essayer de refaire une date à Montreuil avec un groupe guest, on pense à Delgrès notamment.
Un BIG THANKS à Angela Lundberg pour nous avoir transmis ses deux photos prises lors du concert au Hook and Ladder theather, le 20 juillet. Suivez son travail sur son compte Instagram @aclunderg.photo