Avec l'Express albums, découvrez cinq albums qui nous ont séduits en cette rentrée.
Pour cette deuxième édition, vous pourrez découvrir les nouveaux albums de Nick Cave &The Bad Seeds, Bison Bisou, Why Mud, Flying Colors, Nicolas Jules et... Blink-182.
Nick Cave & The Bad Seeds - Ghosteen
Sortie le 4 octobre en numérique et le 8 novembre en physique
Par Yann Landry
De l'intérêt de ne pas chroniquer le nouvel album de Nick Cave. De l'intérêt de l'écouter et de se taire. Ce n'est pas un album rock, c'est le requiem par un rockeur pour son fils décédé. Et c'est grandiose, c'est une messe, mais ce ne sera pas l'album le plus populaire de Nick Cave. De la détresse déjà émise dans un très sec Skeleton Tree, on la dépasse par le lyrisme froid de Ghosteen. Nick Cave n'a jamais cherché à être une pop star (cf son refus du MTV music awards) et bien plus encore maintenant qu'il est, probablement le seul d'ailleurs, à entretenir une correspondance publique avec ses fans via ses Red Right Files dont la presse s'empresse de reprendre les détails les plus intimes que partage l'Australien.
Ce nouvel album est seulement sorti numériquement pour l'instant, par même une avant-première sur Youtube, qu'il divise déjà les fans, ici "où sont les Bad Seeds ?" "Où sont les guitares?" ou là "c'est magnifique", à côté des discussions parfois houleuses des fans sur les réseaux sociaux, la presse est unanime, c'est un album somptueux et élégant. Et de tout cela, Nick Cave n'en a que faire, il poursuit sa route artistique, il n'est plus un jeune punk à Berlin, non c'est un homme de 62 ans meurtri par une perte dont il ne pourra se remettre. Et nous devons simplement être heureux qu'il soit encore parmi nous pour nous partager sa peine.
Bison Bisou - Pain & Pleasure
Sortie le 4 octobre
Par Yann Landry
De leur propre aveu, ce ne sont pas des branleurs, mais foncent tout droit. C'est avec une grande immédiateté que l'on se mange le mur de son de Bison Bisou. Pain & Pleasure, tout est indiqué dans le titre, "c’est tout à la fois le résumé de la vie, la tienne, la mienne" et celle d'un groupe qui cherche un équilibre. Et ça gueule comme les guitares grésillent pour nous exploser en 34 minutes pour 11 titres ravageurs. Heureusement, le "Summer Eye" qui se pose nous permet un répit au premier tiers de l'album. De courte durée car le titre prend son envol et sa colère dans sa partie finale tout en distorsion. Effet qu'on retrouve beaucoup parmi d'autres folies.
A La Grosse Radio, nous suivons avec une curiosité particulière ce groupe du Nord depuis Régine, il y a quatre ans. Nous avions déjà remarqué une progression avec Hypersects il y a deux ans, aujourd'hui le groupe est mûr. Pain & Pleasure est ramassé, perturbant et radical, c'est une migraine torride un dimanche matin ("Moist Ends"), une partouze de l'enfer sur un "Parking Lot", une cascade tragique en "Parallel Power". Sans faire aucune promesse, Bison Bisou nous tient de bout en bout. Merci les gars, on a apprécié le voyage.
Why Mud - VHS
Sorti le 20 septembre
Par Yann Landry
Why Mud, c'est l'aisance mélodique dans toute sa splendeur. Le groupe nous sort une pop fraîche, légérement surranée par les codes qu'elle emploie, par son esthétique et pourtant, c'est furieusement dans l'air du temps. Des titres chantés en français à la sauce psyché synthétique ("VHS", "Amenemhat III"), tantôt mélancolico-guillerets ("Atlantide", "Les Glaces", "Cyclamens"), tantôt carrément oniriques ("Equinoxe"), Why Mud a une nouvelle fois choisi une couleur particulière, ici dans l'espace aux commandes d'une VHS intergalactique.
Comme Bison Bisou, on suit Why Mud depuis 2015, chacun aux antipodes de notre style de prédilection, entre noise et pop, mon coeur chavire sur un refrain tendre des seconds quand mon crâne résonne sur un pont des premiers. Près de cinq ans au sein de La Grosse Radio pour jouir de tels ravissements différents. De "Somebody Do Something" en mai 2015 et sa mélodie qu'on oublie toujours pas, et le concept album Adam & Joe, en passant par l'EP Ketchup, Why Mud est toujours bien inspiré. Voilà un groupe qui pourrait accéder tranquillement à la notoriété, on le souhaite fort.
Flying Colors - Third Degree
Sortie le 4 octobre
Par The Keyboard Wizard
Flying Colors revient pour un troisième album très attendu par ceux qui savent de quoi le groupe est capable. On parle quand même de Steve Morse de Deep Purple, Dave LaRue son compère de toujours, Mike Portnoy ex-Dream Theater et batteur d'une myriade de projets rock et metal, Neal Morse le roi du rock progressif et un inconnu pour la plupart au chant : Casey McPherson.
Pour ceux qui pensent que le prog c'est long, c'est pénible, c'est complexe et ça appartient aux années 70s, jetez-vous sur cet album qui va contredire tous vos aprioris. Flying Colors mêle intelligemment au rock progressif, des sonorités plus pop rock qui rappelleront The Beatles et Muse. Des morceaux aux refrains entêtants pouvant passer en radio mais avec une technicité pour ne pas ennuyer l'auditeur.
Comme si ça ne suffisait pas, la voix de Casey McPherson emporte tout sur son passage, à la fois douce ou plus en force. Third Degree : un album qui fait du bien, sans prise de tête mais avec du talent.
Nicolas Jules - Les Falaises
Sorti en octobre
Par Yannick kRockus
Nicolas Jules, c'est 20 ans à peu près de bons et loyaux services au service de la poésie, de la chanson esthétique, et du jeter de jambe gauche.
Dernier opus en date, Les Falaises sort en ce joli mois d'octobre. 11 titres, autant d'histoires, d'ambiances, d'humeurs. Le verbe est léger, humour pince-sans-rire. Musique légère, balancée entre rock'n'roll limite surf, et chanson dans le beau sens du terme, mélodies bien léchées, Les Falaises est un objet à écouter plus qu'à raconter. Parce que aussi Nicolas Jules nous entrapîne dans un jeu de piste dont lui seul connaît la solution. Ballade dans des tranches de vie, voix profonde, intime, belle production, son bien léché, "Les Falaises". Bel album.
crédit photo : Lara Herbinia
Blink-182 - Nine
Sorti le 20 septembre
Par Aude D.
Qu’attendre de Blink-182 en 2019 ? Si le groupe a marqué les ados des années 90 et 2000 avec son pop-punk jubilatoirement régressif (ou juste régressif, pour certains), il a fallu attendre 2003 et son album éponyme pour être surpris : oui, Blink était capable de se montrer sombre et mature et d’écrire de vraies bonnes chansons. Un album dispensable, des brouilles, des séparations, des réconciliations, et un remplacement de l’historique chanteur guitariste Tom Delonge par Matt Skiba plus tard, on retrouve donc ce dernier pour la deuxième fois aux côtés de Mark Hoppus et Travis Barker.
Mais là où California avait agréablement surpris alors qu’on n’attendait plus rien du trio, Nine laisse un peu perplexe. Les Californiens semblent vouloir se rapprocher de leur album éponyme, sans la profondeur ni l’énergie. « Happy Days » et « Heaven » tombent à plat, « Run away » s’inspire trop de l’éponyme pour être marquante… Blink s’en sort cependant pas mal dans deux types de chansons : soit quand il expérimente complètement, sans chercher à s’autoplagier (« Blame it on My Youth », « Black Rain », déroutante mais pas inintéressante), soit, à l’opposé, quand il s’en tient à ce qu’il a le plus pratiqué, du pop punk jouissif parce que décomplexé et bas du bulbe : « The First Time », « Pin the Grenade », « Darkside », ou encore « Generational Divide », son titre le plus punk depuis longtemps. Dommage qu’il dure moins d’une minute.
Il résulte de tout ce mélange un album inégal mais plutôt plaisant pour les amateurs de pop punk – les grincheux persuadés que ce genre ne mérite pas d’exister se seront de toute manière enfuis dès les premiers singles (note du rédac' chef : je suis de ceux-là). Plus pop que punk, il est vrai, Nine n’est ni le meilleur album de Blink-182 ni l’album de l’année, mais il a le mérite de montrer que Blink sait toujours faire des refrains accrocheurs.