Vendredi 18 octobre, La Villette.
Los Locos ont convoqué les Punks historiques de la capitale, pour célébrer comme il se doit Les Rats, figures historiques des années 80. Deux ans après le Grand Rat-Tour qui les a vu remonter sur les planches après une longue pause, leur tournée 2019 passe par Paname, avec en cadeau bonus Stygmate et Justin(e). C'est pas un beau plateau, ça monsieur-dame?
Stygmate
Lorsque les portes s'ouvrent, vers 19h30, il fait encore bon. Aussi le public va profiter des derniers rayons de soleil avant de s'engouffrer dans la cave de la Pena. C'est donc logiquement, et malheureusement, que Stygmate va démarrer son set devant une salle peu remplie, avec un vide gigantesque devant la scène. Tu ajoutes les problèmes de son, la basse qui tourne, et le début du concert s'en retrouve bien compliqué pour les trois Parisiens.
2-3 titres pour se lancer, et le moteur s'est bien emballé. la salle se remplit enfin, le désert se comble, et on peut enfin assister à ce pourquoi on est tous venus : un concert de Rock'n'Roll. Yeah.
Stygmate, ils sont 3. Et ils en font, du bruit, à trois ! C'est vintage, on est plongé direct dans les années 80. Plus Rock que Punk, mais avec du punk quand même dedans. La guitare qui envoie, la basse aussi, ça roule fort. Petite pique en passant à un téléphone allumé, "tu profites pas du concert avec ton truc, c'est dommage"... Et oui, le Rock ça s'écoute avec ses oreilles, pas son téléphone, coco !
Stygmate aura bien réveillé les esgourdes. Alternance de titres Rock, Punk, et même un slow où l'on verra un briquet s'allumer (et oui !), les morceaux feront la part belle aux qualités de musiciens du trio. Parce que Stygmate, ça joue bon. La qualité des lignes de basse,des parties de guitare, c'est peut-être rien de le dire, mais le rock, quand c'est bien joué, et ben tu sais quoi ? C'est bien !
Stygmate est à suivre sur leur site web.
Justin(e)
Changement de tonalité. Le temps d'un lait-fraise, et c'est au tour des Nantais de Justin(e) de prendre possession des lieux. Nantes, ou à côté, pas très loin. Pas loin du tout même, puisque le groupe n'est visiblement pas venu seul. Dès les premières notes, la salle est comble, et le pogo démarre, pour ne plus s'arrêter. C'est parti pour le gros bordel, ça joue à 200 à l'heure, le Punk-Rock made in Treillères a envahi Paname. Les Justin(e) ont des potes, et ils sont tous venus ce soir. Et ils ont bien fait ! Parce que sur scène, Justin(e), c'est une boule d'énergie communicative, une déferlante de textes intelligents sur fond de grosse guitare, du Punk Rock sans virage, c'est tout droit. Bim.
Difficile de tenir le tempo devant, tant le pogo est puissant. Les Justin(e) font parler la sueur, et pas que. Parce que groupe avec des valeurs, ils vont dédicacer un titre à cette directrice d'école qui s'est suicidée en banlieue. Plusieurs fois également, ils crieront leur amour de cette banlieue, si défavorisée mais si riche de ses habitants, de ces mélanges. C'est ça Justin(e), des mélanges, de tout. Dédicace aussi aux Psychobillies, aux Banane Metalik, à l'ouest tout le monde se connaît. Dédicace aussi avec une reprise de PKRK, "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans". Bon choix, non ?
Le Punk mélodique des Justin(e) fait mouche. La fosse est en transe, la soirée était annoncée Punk, elle tient toutes ses promesses. De ces soirées qui laissent des traces, si tu vois ce que je veux dire ! Avec en cadeau pour les quelques nantais présents ce soir une dédicace à Jean-Claude Suaudeau, morceau signé du batteur FX (qui officie également dans Poésie Zéro... Si tu ne connais pas, va jeter une oreille, tu m'en diras des nouvelles !).
Justin(e) laissera la salle sur les rotules, après un set intense. Une bonne grosse claque comme on aime en prendre. Sans prise de tête, juste comme il faut.
Justin(e) est à suivre ici.
Les Rats
Trois salles, trois ambiances.
Au moins sur les premiers rangs, chacun a ramené son public. Avec Justin(e) on a eu droit à un Punk-Rock du XXIème siècle, maintenant place aux patrons, aux Rats. Les plus anciens, ceux qui ont vécu la folle période des années 80, se pressent désormais devant la scène, et crois-moi, ils n'ont rien à envier aux jeunots ! Dès les premières notes, c'est parti pour un giga bordel, un pogo comme on aime, que du plaisir, de la joie, et une putain d'énergie.
Depuis leur retour, ou leur rat-tour pour être plus précis, les Rats ont repris leurs bonnes vieilles habitudes. Des titres punchy, des riffs bien sentis, le style Punk canal historique n'a pas vieilli. A la guitare, Rolo envoie ses solos. Pas de temps mort pour s'accorder, ça ne sert à rien, la guitare sonne toujours nickel. L'urgence absolue, c'est le jeu. Envoyer du lourd.
Forcément en colère, toujours révoltés, les Rats enverront leurs titres phares devant une Pena qui n'attend que ça. "J'fais qu'des conneries, faut pas m'en vouloir, c'est parce que j'suis un enfant à problèmes". Les titres ont 20 ans, et restent toujours actuels. Les Rats chantent le mal-être, le décalage entre les mômes et cette société qui ne veut pas d'eux. "Mon Cafard Et moi", "Je M'Emmerdre", "J'ai pas envie", les titres sont alléchants, non ? Et pourtant, malgré ces cris du coeur, le concert est une fête.
Oui, une fête keupon. Les anciens sont venus revivre leurs années passées, les plus jeunes découvrent ou re-découvrent, et tout le monde pogotte dans la joie, chante ou plutôt hurle les refrains, et même les couplets pour "Paris s'Eveille", la cover de qui tu sais. Un clin d'oeil à Géant Vert à qui les Rats doivent quelques paroles, et la route continue. Ce sera "Tequila", juste avant le rappel.
Rappel qui se terminera par deux titres de choc, "C'est des moutons" scandé par une Pena en transe, puis "La Fleur Au Canon", un final qui aura ravi le public. Concert total, les Rats restent bien parmi les légendes du Punk français, mais ça, on le savait déjà, non ?
Photos: Méli Photographie