The Exploited a quarante ans. Quarante ans de chaos, quarante ans d'excès en tous genres, quarante ans d'un punk burné ! Pour son passage à Toulouse, c'est au Rex que le groupe a donné rendez-vous à ses fans qui se sont déplacés en masse pour l'occasion. Le show affiche complet et la salle est remplie à ras bord, si bien qu'il est difficile de circuler pour atteindre le devant de la scène ! Mine de rien, la dernière fois que The Exploited a joué dans une petite salle à Toulouse, ça remonte à une bonne grosse quinzaine d'années - le groupe préférant les grosses scènes et des festivals depuis quelques temps -, on sent que Wattie et sa bande ont décidé de (re)donner ses lettres de noblesse à leur punk rock pour cet anniversaire ! Mais avec ses nombreux problèmes de santé, beaucoup se demandaient comment l'indéboulonnable hurleur en chef allait s'y prendre pour mener à bien cette nouvelle tournée : lever le pied pour s'économiser ou se donner à fond... ?
MAID OF ACE
Mais pour l’heure ce sont les anglaises de Maid of Ace qui ont la lourde charge de faire face à un public déjà chaud et tout entassé sur le devant de la scène. Fidèles à leur réputation de groupe de live, les Britanniques vont vite tailler dans le lard avec un gros "Stay Away" des familles issu du dernier album en date, Maiden England sorti en 2016. Il n’en fallait pas moins pour mettre tout le monde d’accord et faire bouger le pit comme un seul homme ! Inutile de dire que le groupe est enchanté par le très bon accueil du public toulousain et que les filles vont enclencher directement la seconde avec "Hollywood Rain" et "Disaster of Noise". Même si les jeunes sœurs Elliott n’ont pas l’expérience scénique de leurs illustres aînés de The Exploited, force est de constater que les filles maîtrisent parfaitement leur sujet à l’image de la charismatique Anna Coral derrière le micro et de la gratteuse Alison Cara, très précise dans ses riffs (le costaud "Enemy Within"). Qui plus est, la section rythmique tenue par Abby Charlotte (batterie) et Amy Catherine (basse) est plutôt solide, même si ça reste très souvent basique.
Évoluant dans un punk rock brut de décoffrage sans concession qui rappelle pêle-mêle les grandes heures de The Distillers ou de Hole (notamment dans les lignes de chant), Maid of Ace possède une sacrée patte et semble tout avoir compris à l’essence du punk. Les titres sont courts, expéditifs avec juste ce qu’il faut d’accroches mélodiques pour rentrer dans le cervelet des spectateurs. C’est bien simple : malgré un temps de jeu d’environ 45 minutes, les filles ont réussi à s’imposer avec brio devant un parterre de spectateurs tout acquis à leur cause et disons-le tout net : conquis. Il faut dire que le groupe a visé juste en distillant les brûlots les plus corrosifs de ses deux albums Maid of Ace (2014) et Maid in England (2016). Et même si les compositions ne sont pas nouvelles (le disque de 2016 est toujours à l'honneur) et qu’elles ont déjà fait leurs preuves sur scènes, on ne peut que s’incliner devant des titres ra(va)geurs comme "Hollywood Rain", "Spitting Blood", "Monster" ou "Fight". Nul doute que si les sœurs Elliott sont venues tâter le terrain en compagnie de The Exploited pour préparer la sortie d’un nouveau disque, le succès risque d’être au rendez-vous ! D'ailleurs les morceaux "This is War" et "Terror" passent parfaitement l'épreuve du live...
Après avoir fait monter la température du Rex, Maid of Ace clôturera son set sur l’excellent "Bone Deth" avant de quitter la scène avec la satisfaction du devoir (très bien) accompli sous les acclamations du public de la ville rose, encore tout retourné par l’excellente prestation des p’tites anglaises ! Voilà une entrée en matière comme on aimerait en entendre/voir plus souvent...
Set list Maid of Ace
Intro
Stay Away
Hollywood Rain
Disaster of Noise
Boring
Enemy Within
Monster
This Is War
Spitting Blood
Minimum Wage
Terror
Fight
Made in England
Bone Deth
THE EXPLOITED
Après un rapide changement de plateau sous les yeux d’une audience qui se presse de plus en plus sur le devant de la scène, The Exploited s’apprêtent à monter sur les planches. Mine de rien, cela fait plus de 15 ans que le groupe ne s’est pas produit à Toulouse dans une toute petite salle et force est de constater que malgré des concerts plutôt bien ficelés sur les grandes scènes, la proximité avec le public passait parfois un peu à la trappe. Du coup, la salle du Rex avec sa petite scène est donc l’endroit idéal pour le groupe pour fêter ses quarante ans de carrière au plus près de ses fans. Il fait déjà très chaud et les premiers accords du sempiternel opener "Let’s Start a War (Said Maggie One Day)" vont sonner l’hallali ! En effet, en l’espace de quelques mesures l’indéboulonnable Wattie Buchan va prouver à tout le monde qu’il est loin d’être mort et enterré. En effet, malgré ses graves problèmes de santé récurrents, l’homme semble animé d’une fougue qu’on n’avait pas vue depuis bien longtemps. Et même si le chanteur est un peu plus amaigri qu’à l’accoutumée (il a subi plusieurs lourdes opérations chirurgicales), il n’en reste pas moins un redoutable frontman au charisme impressionnant.
De plus, avec le second morceau "Fightback", la machine The Exploited va se mettre en marche pour de bon tel un rouleau compresseur qui détruit tout sur son passage. Comme on pouvait s’y attendre, la proximité du public chauffé à blanc avec les darons du punk rock s’avère explosive. En un mot c’est la guerre : les retours en bord de scène vont vite être poussés quelques mètres en arrière en direction de la batterie et le ventilateur spécialement affrété pour la crête de l’ami Wattie rendra l’âme en moins de cinq minutes ! Un peu interloqué par cette entrée en matière ultra nerveuse du public toulousain, les membres The Exploited vont se donner à fond au travers d’un concert qui fera date dans l’enceinte du Rex tant la communion entre le groupe et ses fans est bel et bien réelle. Ainsi, le public reprendra à pleins poumons tous les refrains des brûlots que sont "Dogs of War", "The Massacre", "I Believe in Anarchy" ou "Chaos is my Life" et certains auront même le droit de chanter dans le micro avec ce bon vieux Wattie. On sent que les Britanniques sont heureux d’être là et même si le hurleur en chef peine à retrouver son souffle entre les morceaux (le ventilateur est décédé, rappelons-le...), il faut bien avouer que le set est fort bien mené.
Après quelques minutes particulièrement endiablées où l’ambiance va monter de façon exponentielle (on ne compte plus les fans qui montent sur scène en faisant vaciller ou tomber les micros), The Exploited va complètement se libérer et nous servir une prestation punk à l’ancienne à la plus grande joie d’un Wattie souriant comme jamais. Il fait chaud. Très chaud. Horriblement chaud mais ni le groupe, ni le public ne comptent baisser de rythme. Torse nu sur scène, laissant apparaître d’énormes cicatrices sur son torse qui mettent en lumière les nombreuses opérations d’urgence qu’il a dû subir, le chanteur de The Exploited semble vivre pour la scène et compte bien se donner à fond pour cette tournée anniversaire. Et ça, l’audience toulousaine l’a bien compris puisqu’elle scandera son nom entre chaque morceau, histoire de montrer à l’idole que ses fans le soutiennent !
Comme on pouvait s’y attendre, la set list de ce soir ne va pas verser dans l’originalité mais faire un tour plutôt complet de l’immense discographie du groupe avec pas mal de classiques comme "Dead Cities", "Cop Cars", "Fuck The System", "Porno Slut" et bien entendu l’énorme "Beat The Bastards" sur lequel le gratteux Robby Davidson sautera avec sa guitare dans le public... en plein solo, à la surprise d’un Wattie hilare qui ne s’attendait pas à ça ! À partir de là, tout va partir dans tous les sens dans le pit où quelqu’un prendra le micro pour demander à l’orga du Rex de fournir de l’eau aux musiciens tandis que d’autres monteront sur scène pour chanter avec le groupe dans une bonne ambiance. Avant d’entamer "Army Life", le bassiste Irish Bob prendra la parole pour appeler sur scène une jeune fille qui a laissé tomber sa carte bleue au pied de son micro... Celle-ci montera sur les planches sur de copieux applaudissements avant de repartir en slam. Bref, le concert de The Exploited s’est vite transformé en joyeux bordel incontrôlable comme à la belle époque et il faut bien le dire : ça nous manquait un peu tout ça !
Après un "Fuck The USA" rugueux dédié à Donald Trump, les Britanniques vont revenir en force pour un rappel du feu de Dieu initié avec "Sex & Violence" sur lequel pas mal de fans du public ainsi que les Maid of Ace viendront pousser la chansonnette avec le groupe dans une ambiance ultra festive. Pour conclure ce set haut en couleur et racé, Wattie Buchan et sa bande termineront en apothéose avec l’hymne "Punks not Dead" avant de finir de mettre tour le monde à genoux avec la triplette "Was it me ? ", "Disorder" et "Maggie". On ne pouvait espérer un meilleur anniversaire pour The Exploited !
Set list The Exploited
Let’s Start a War (Said Maggie One Day)
Fightback
Dogs of War
The Massacre
UK ‘82
Chaos is my Life
Dead Cities
Alternative
Noize Annoys
Never Sell Out
Rival Leaders
Troops of Tomorrow
I Believe in Anarchy
Holidays in the Sun
Cop Cars
Beat The Bastards
Fuck The System
Porno Slut
Army Life
Fuck the USA
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Sex & Violence
Punks not Dead
Was it me ?
Disorder
Maggie
Crédits photo : Olga Robinson
