Avec l'Express EP, découvrez cinq courtes galettes qui nous ont séduits ces derniers temps.
Pour cette dixième édition, vous pourrez découvrir Rank-O, Aldo, Love Fame Tragedy, Charly Fiasco, Someone.
Rank-O - Rank-O
Sortie le 27 septembre chez Another Record
Pour son tout premier manifeste d’existence, Rank-O propose un EP dont l’immédiateté de l’effet addictif est stupéfiante. Dès les premières secondes, on se convainc qu’on ne pourra plus s’en passer : une guitare, un motif simple et entêtant, rejointe par une section rythmique au groove mécanique, une machine à faire bouger les culs, et l’auditeur se voit contraint de la fermer et d’accorder au groupe la totalité de son attention. Ce premier titre, "Cheetah", est d’une telle efficacité que ne connaissant que trop bien comme la vie est naze, on se prépare déjà à être déçus.
Que nenni, Rank-O gère sa boutique brillamment, orchestre une redescente de tension sur Boom Boom Lady, baisse le tempo pour calmer le palpitant et rediriger l’œuvre vers d’autres pistes de création, à explorer sur quatre titres, qui présentent ensemble tout ce qu’il faut d’étonnant, d’intrigant, de bizarre et de beau pour conquérir nos oreilles. Les mélodies, qu’elles soient vocales et portées par une voix typée, charismatique et captivante, ou instrumentales et surgissant de n’importe où à n’importe quel moment, sont instantanément addictives ; le groupe voue un culte au Yamaha rx7, mais le batteur est bon quand même ; la composition est fine, créative, originale et audacieuse ; Rank-O connaît en somme les chemins labyrinthiques et lumineux qui serpentent jusqu’en plein cœur des Hommes, et ne se prive pas de les fouler en sautillant allègrement.
Love Fame Tragedy – I Don’t Want To Play The Victim, But I’m Really Good At It
Sortie le 25 septembre chez Good Soldier Records - par Aude D
Aux inconsolables de l'été qui pleurent la disparition des beaux jours, I Don’t Want To Play The Victim, But I'm Really Good At It est fait pour vous ! En quatre titres de pop nonchalante, aérienne et insouciante, cet EP illumine la grisaille ambiante.
Love Fame Tragedy, c’est le premier projet solo de Matthew Murphy, le chanteur des Wombats, qui s’est entouré pour l’occasion d’une belle brochette de musiciens : Joey Santiago, guitariste des Pixies, Gus Unger-Hamilton, claviériste d’Alt-J, l’ex Soundgarden Maddi Jean Waterhouse, et le batteur de Pearl Jam, Matt Chamberlain.
Le chanteur garde ici son talent pour les mélodies pop bien ficelées et les morceaux accrocheurs, et va encore plus loin dans la pop que ne le faisait le dernier album en date des Wombats, Beautiful People Will Ruin Your Life (Et oui, il a toujours un sens imparable des titres).
En soi, cet album a peut-être les mêmes défauts que le dernier (et que plusieurs) des Wombats : il n’invente pas grand-chose, et flirte parfois avec la vacuité. Mais Murphy et ses copains savent faire des morceaux si accrocheurs et addictifs qu’on leur pardonne aisément leur manque de substance.
« My Cheating Heart » nous entraîne sur une piste de danse indie pop où la guitare discrète mais bien présente et la voix haut perchée du chanteur font merveille. « Backflip » offre une ambiance lascive et entêtante sur un rythme lent et langoureux qui ne laisse pas indifférent. « Pills » revient sur l’ambiance pop faussement innocente de « Cheating Heart », un cran en dessous, et « Brand New Brain » clôt l’album sur une note douce et plus dispensable mais toujours aérienne et bien ficelée. Effectivement, quand des gens superbes ne sont pas occupés à ruiner sa vie, Matthew Murphy joue les victimes avec beaucoup de charme.
Aldo - Trembling Eyelids
Sortie le 30 août chez Full Time Hobby
Les communiqués de presse le revendiquent : le nom du groupe, Aldo, est celui de l’oncle des deux frères constituant le duo, un marginal à l’existence sulfureuse dans le São Paulo des 90’s, désormais repenti et tourné vers l’Eglise. Bien commode, Trembling Eyelids, premier EP du groupe, présente, en quelque sorte, ces deux aspects : la tentation du marginal autant que celle du sage et du conventionnel.
Tout l’enjeu est de savoir laquelle de ces options le duo développera par la suite ; plutôt le groove sexuel, toxique et camé de "Papermaze", ou le sage "Craving", dream-machin à la vaguement-Coldplay qui aurait juste bu trop de café. En attendant, si l’on excepte cette quatrième piste décevante, les qualités sont là, de la mélodie entêtante, de la rythmique lascive et dansante, et du soin dans les sons, leur texture et leur architecture.
Charly Fiasco - RIEN
Sortie le 18 octobre chez Guerilla Asso - par Yannick Krockus
A Toulouse, du nouveau. Charly Fiasco revient avec un nouvel EP, 6 titres de pur rock'n'roll, des riffs qui te rentrent dans la tête, des grosses guitares, bref tu l'as compris, du Punk bien mélodique comme on aime, avec des paroles intelligentes, ce qui ne gâche rien, bien au contraire.
Sorti chez Guerilla Asso, RIEN est le 4ème objet du groupe en nom propre (2 albums et un EP avant). mais ne va pas croire qu'ils glandent, les Charly Fiasco non, au contraire ! on ne compte plus leurs splits, leurs tournées, leurs concerts... Alors que les 4 Toulousains aient eu le temps d'enregistrer ces 6 titres, c'est cadeau. Et ils n'ont pas gâché le boulot, ces morceaux sont tous accrocheurs. Porte-étendards d'un Punk engagé, sombre, les Charly Fiasco portent cet EP, RIEN, comme ils portent leurs convictions, haut et fort. La révolution n'est peut-être pas pour demain, le désespoir est peut-être pour aujourd'hui, mais la lutte continue, et tant qu'il y a de l'énergie, les Charly Fiasco continueront à nous abreuver de ce Punk-Rock si revigorant..
Someone - Orbit
Sortie le 18 octobre chez PIAS
L'artiste Tessa Rose Jackson propose, avec Orbit, une expérience artistique multimédia, l'EP étant présenté en même temps qu'une exposition en réalité augmentée, à visiter via une application mobile. Sur le plan musical, "Pull It Together", le deuxième single, attire particulièrement l'attention, avec un refrain hyper attachant, tout en harmonies de voix auxquelles répond un synthé nous caressant dans le sens pileux, tandis que le groove lent de la batterie propulse l'aventurier spatial dans le cosmos à chacune de ses entrées, l'envoyant rebondir contre les planètes imaginaires chères à l'artiste.
Sous la voix fine et sensible de Tessa Rose Jackson, les autres titres proposent quelques textures sonores bien travaillées, souvent douces et appelant la rêverie, mais sachant tout de même s'en aller titiller d'autres émotions, comme la production compacte du refrain de "I can't remember how to talk to you" et son synthé massif et asphyxiant, où les sons salis, comme parasités, du thème de "From Here", semblant émaner d'outre-stratosphère ; de quoi contrebalancer l'aspect un peu sage de la composition.