Ca y est, c'est dimanche. On a fini le ragoût de mémé, débarassé la table, il est temps de passer aux choses sérieuses. Ce soir, c'est Punk-Rock, ça se passe à l'Alhambra, il y a les Shériff, et avant il y a Hellbats et Supermunk. S'agirait pas non plus d'arriver en retard !
Supermunk
Le public parisien n'a pas la même notion du retard que ton serviteur. En effet, la salle de l'Alhambra n'est pas assez pleine lorsque Supermunk s'annonce sur scène. C'est vrai qu'il est un peu tôt, un peu plus de 19h, et que le bar est encore bien rempli par les assoiffés en manque de Kro tiède (oui, la bière ne sera pas de qualité ce soir. C'est dommage, mais comme dit l'autre, on n'est pas venu pour ça non plus).
Et du coup, la soirée démarre pépouze, malgré l'énergie déployée par le trio. Supermunk, Punk-Rock ardéchois, va en effet mettre du coeur à l'ouvrage, et ne pas se laisser décourager, même lorsque le silence envahit l'Alhambra entre deux titres. Parce que le public attend les Shériff. C'est bien dommage, le set est carré, sérieux, ça envoie bien du lourd, avec ce qu'il faut comme pincées d'humour entre les titres. Le son est très correct, mais voilà, le public reste en retrait. Pas simple que d'ouvrir dans ces conditions.
On guettera donc les prochaines dates de Supermunk avec attention, parce que ça en vaut la peine, et ça mérite d'être vu dans des meilleures conditions pour eux.
Supermunk est sur facebook, ici.
Hellbats
Allez, changement de plateau, de région, c'est reparti pour du gros son.
C'est maintenant au tour de Hellbats de prendre l'Alhambra par le fond du falzard. Annoncés comme psychobilly / heavy rock, le deuxième trio de la soirée ne fait pas dans la dentelle. Ou alors si, mais celle qui coupe un peu, qui déborde. Parce que le style annoncé est un peu réducteur quand même. Parce que il y a du Punk-Rock, de la Oï, du Psychobilly, du Métal typé Motörhead... Tu l'as compris, c'est costaud tout ça. Et servi avec une guitare qui a des fourmis dans les doigts, une basse qui bastonne et une batterie qui battelle, The Hellbats, c'est pas de la rigole.
Le set est sérieux, efficace. Le public reste tristement en recul, vraiment pas simple que d'ouvrir pour les Shériff... Le trio ne s'en laisse pas compter, y laisse de la sueur, joue fort et vite, et bien. L'écurie Kicking, y a pas de doute, c'est quand même une belle marque de fabrique ! Alors on se précipitera voir The Hellbats une autre fois, parce que ce soir, c'est la fête aux Shériff.
The hellbats sont à suivre sur leur page Facebook, ici.
Les Sheriff
Cette fois, y a pas de doute. C'est l'heure.
On est retourné chercher une Kro tiède, changement de fût en même temps que le changement de plateau, changement d'ambiance également. Tout change. Le public change d'attitude aussi. Enfin. La fiesta annoncée démarre.
Ca commence par une batterie, poum-ta-poum-ta, rythme binaire, simple. Et puis l'annonce, rituel obligatoire, de Olivier le chanteur. "Bonsoir, on est les Shériff et on vient de Montpellier". Et c'est parti. Panik à Daytona Beach, le public est en transe. Le Punk-Rock ultra efficace des Shériff met instantanément l'Alhambra dans une transe, un pogo géant, qui ne s'arrêtera pas. "Je sens que vous aimez quand ça casse du petit bois". Et voilà, "A coup de batte de base-ball" qui démarre. Dans le mille, Emile !
Et en plus, tu sais quoi ? Non seulement les Shériff jouent vite et fort, mais en plus ils jouent bien ! Les guitares sont aux taquets, ça défouraille du riff et du solo à qui mieux-mieux, le tout avec une banane énorme. Parce que les Shériff, c'est aussi un groupe qui sourit. Qui prend du plaisir sur scène, et qui ne s'en cache pas. Non monsieur, non madame, on n'est pas obligé de faire la gueule quand on est sur scène ! Laisse ça à Michel Sardou, et prends-en de la graine. Parce que tout le monde est venu faire la fête ce soir.
La fête est totale. Le public, qui s'était bien économisé sur les 2 premiers groupes, se lâche. C'est la valse du slam, tout le monde y va de son (petit) plongeon. Et on dira ce qu'on voudra, le public des Shériff n'a plus 20 ans depuis longtemps. Et n'a plus non plus son poids de forme, comme en feront vite le constat les premiers rangs, qui vont se prendre plusieurs tonnes de viande sur le crâne durant le concert. Ca slamme, ça stage-dive, ça se vautre aussi un peu quand même, mais ça y retourne quand même, parce que c'est quand même un énorme kiff.
Sur scène, les Shériff sont imperturbables. La setlist est idéale, que des titres à pogo, pas de pause. C'est vrai que les slows, c'est pas vraiment leur truc, aux Montpelliérains ! Les seules pauses, c'est entre les titres, les membres du groupe vont s'enfiler des litres de flotte, prendre leur temps, ce qui permet également au public de récupérer. Les titres sont efficaces, mélodiques, avec des refrains simples à reprendre en choeur. Ce qui permet à l'Alhambra tout entier de hurler "j'aime jouer avec le feu mais j'aime pas me brûler", "putain que ça fait mal", ou encore "attention à toi si tu me pousses à bout". Olivier annonce chaque titre tout simplement, en commençant par "ça s'appelle...". Un vieux tic de langage, des années que l'homme pratique, c'est sa patte, sa griffe. Et ça marche toujours autant.
Le concert se termine sur les titres les plus attendus du groupe, avec la "Saga des Shériff", suivi du décompte final, "Non, Non, Non". On n'est pas venu pour être surpris, on est venu se prendre une bonne tranche de Rock'n'Roll, de Punk-Rock qui donne la banane. Et pour ça, les Shériff, c'est quand même une recette imparable.
C'est donc dans une ambiance euphorique que la salle se vide. La régie joue "Pour La Gloire", titre de Camera Silens, hommage au chanteur Gilles Bertin décédé il y a quelques jours, pendant que quelques Punks du public prolongent la fiesta avec un dernier pogo...
Photos: Rodolphe Goupil
Merci à Los Locos
