La date du 7 février 2020 a de quoi être une date très attendue pour quiconque s'intéressant de près ou de loin au monde de la Pop-Rock. En effet, le trio frenchie de Telegraph y sortira son tout premier EP, Simple Drive, après avoir publié plusieurs singles avec succès ces trois dernières années. En effet, les Telegraph peuvent d'ores et déjà se vanter d'avoir connu une exposition peu négligeable sur les ondes et que cela soit dans nos contrées ou tout bonnement dans les paradis du genre, dans le pays de l'Oncle Sam et en Angleterre. L'EP marquera donc une nouvelle étape dans l'évolution de ce groupe qui s'assume pleinement et qui ne cache pas son envie d'en vouloir encore plus. Et ça, ça nous interpelle.
Il faut être honnête, et ce d'entrée de jeu. Le monde de la Pop-Rock est extrêmement cloisonné, bien souvent très formaté et en laisse plus souvent sur le carreau qu'autre chose. La Pop-Rock, même si on pourrait la penser comme étant un genre très inclusif pour le très grand public est en fait un véritable nid de vipères pour beaucoup d'artistes, bien souvent cachés par des grosses machines nivellant vers le bas le style mais étant en haut de l'affiche. C'est un constat que l'on pourrait considérer comme dur, voire (trop ?) grave, mais il est à notre avis important de le rappeler pour déceler ce que pourrait apporter de plus dans l'équation Matthieu et Julien Humez ainsi que Maxime Fornareso, les trois gaillards de la formation. L'hônneteté, de prime abord, comme dans le morceau d'ouverture "Run With Wolves". Les membres ne le cachent pas, leurs morceaux sont pensés avec un potentiel radiophonique certain. C'est absolument le cas durant ce titre où les voix se complètent parfaitement et imposent l'ambiance. Assurément, on sait comment faire de la Pop-Rock efficace chez Telegraph. C'est également dans le mixage et le mastering que l'on reconnait également la maîtrise des arcanes du genre par le groupe, avec ce son légèrement compressé donnant ce feeling punchy, avec beaucoup d'impact, très caracteristique du mixage typé radio. Et c'est là que la touche Telegraph intervient: le break intervenant durant la dernière minute du morceau. Ce dernier prend le temps de respirer un peu, de s'aérer et de s'octroyer un moment où la guitare se retrouve plus en avant qu'à l'accoutumée.
Crédits photo: Emilie Mauger
"Broken Bones" et son intro que ne renierait pas The Edge de U2 préfère jouer sur un terrain tout de même moins facile. Astucieux mélange entre l'acoustique et l'électrique, "Broken Bones" se révèle être un titre qui sait transporter l'auditeur sans problème, où nous pouvons y voir tout le professionnalisme propre à Telegraph. Le trio n'est pas celui qui se contente de servir une soupe fade, en poudre qui plus est. Il cherche avant tout à exprimer sa musicalité, à l'image une nouvelle fois de ce break toute basse en avant et le crescendo qui s'en suit. Les garçons savent apporter de la nuance à leur son et aux structures des compositions, comme peut et surtout en témoigner "Down in the River". Plus gros succès de nos amis, traitant dans ses paroles la question de l'environnement sans en occulter la musique, sa production résolumment moderne totalement assumée dont les percussions en sont les reflets demandera un peu plus de temps à appréhender que les deux titres précédents. Un titre qui est à double tranchant donc, qui comporte tout de même de vrais moments de bravoure magnifiés par la chorale ADM Gospel qui pour le coup mettra tout le monde d'accord.
Plus rentre-dedans, "Where Are We Now?" remet un petit coup de fouet bien placé. Dès l'intro, ça ne fait pas de cadeau. Paradoxalement, pour un groupe qui revendique cet aspect radio, nous serons tentés de dire que ce morceau est peut-être le moins radio de tous ceux qui composent Simple Drive. Les parties au piano (assurrées par le batteur Maxime Fornareso) et instruments à cordes donnent beaucoup de corps et de personnalité à l'ensemble, qui devrait faire mouche si Telegraph décide de garder ce morceau pour l'inclure dans la prochaine étape logique du groupe, un premier LP. Un titre plus "album" dans l'âme, qui expose un peu plus les influences du Rock américain de la formation. La cinquième piste, la dernière, est le morceau éponyme "Simple Drive". Paru le 10 janvier dernier en tant que single promo, le groupe s'accorde un final cohérent avec ce qu'il a pu proposer précédemment dans cet EP et ses titres parus au compte-goutte depuis 2017, à l'exception de "Where Are We Now?". Véritable récapitualtif des forces et qualités de Telegraph, ce morceau dont priment la simplicité et la recherche de l'efficace permet une nouvelle fois de comprendre la musicalité des gars, à l'image des envolées guitaristiques de Matthieu Humez. Une fin qui fonctionne parfaitement et qui conclue avec réussite ce premier essai discographique.
A l'image de leurs clips aux photographies bien travaillées dont on ne saurait que trop vous conseiller, Telegraph propose avec sa Pop-Rock bien calibrée et maîtrisée un EP tout en cohérence qui en impose. En effet, bon nombre de groupes au moment de se lancer pour de bon dans une discographie se contentent de sortir une simple collection de ses singles parus auparavant, sans tenir de la cohérence musicale ou par la simple construction de la tracklist. Point de tout ça avec Telegraph où les cinq morceaux, dont le plus vieux remonte déjà à 2017, se montrent parfaitemet liés, que ce soit dans les thématiques, leurs structures ou la production, ce qui est de bonne augure pour ce qui constituera dans un avenir proche, et on leur souhaite, leur premier véritable album. Telegraph sait déjà proposer son univers et reconnait ses points forts. Julien/Matthieu Humez et Maxime Fornareso ne manquent pas d'ambition et au vu de ce qu'ils peuvent proposer au public, qui sait ce que pourrait bien leur réserver l'avenir. Oui, qui sait ? Et s'il fallait compter sur eux pour les années à venir ? On ne peut que leur souhaiter ça.
Tracklist de l'EP:
1. "Run With Wolves"
2. "Broken Bones"
3. "Down in the River"
4. "Where Are We Now ?"
5. "Simple Drive"
Sortie le 7 février 2020 chez Telegraph Records
