Les BIS de Nantes, Biennales Internationales du Spectacles, sont l'événement à ne pas manquer lorsqu'on est musicien ou acteur du milieu musical. 14 602 participants pour cette neuvième édition ! C'est une rencontre professionnelle entre acteurs institutionnels, tourneurs, labels, éditeurs, programmateurs de salles et de festivals... Mais pas que.
Il y a aussi pas mal de concerts d'organisés, et notamment cette année avec le Canada pour deux soirées Côte à Côte (la troisième édition). Plus de 60 professionnels canadiens venus spécialement de plusieurs provinces (Québec, Saskatchewan, Ontario...) pour rencontrer leurs homologues européens. Nous avons participé à la première pour le concert de Ponteix.
Pour intéresser également le grand public, l’association VADYM, composée des structures À Gauche de la Lune (booking), Daydream Music (promo), Mélodyn (booking), V.I.A. et Yotanka (éditions, production), a monté le BISE festival, où en 2 jours, le public a pu voir 19 concerts d'une trentaine de minutes. A La Grosse Radio, nous nous sommes évidemment attardés sur les concerts Rock. Il y en avait peu, mais ne gâchons pas notre plaisir car cette première édition fut un succès ! Les salles furent pleines (ou presque) à chaque concert. Les moments forts ont été les concerts complets (blindés même) de l'Electro d'Atoem et de l'electro pop d'Octave Noire (style pour lequel nous ne comprenons guère l'engouement...). Il y en avait pour tous les goûts, et des choix de programmations qui ont dépassé les frontières comme pour le punk des Italiens de The Pier et pour les rockeurs lettons de Carnival Youth. Le BISE a été LE rendez-vous des soirées du BIS, pour deux soirées et ayant commencé la veille, le jeudi soir fut assez étrange sans concert, on aura profité pour passer du temps avec nos confrères avant de repartir le vendredi matin. On espère que ce BISE connaîtra d'autres éditions et pourquoi pas sur trois jours pour prolonger le jeudi soir le plaisir et l'intensité de ses journées professionnelles et musicales.
Ponteix
Rendez-vous avec les Canadiens francophones du Saskatchewan (région du centre du pays), Ponteix à la Bouche d'Air le mardi 21 janvier pour la première soirée Côte à Côte.
Le chanteur et surtout multi-instrumentiste Mario Lepage est particulièrement bien entouré par ses deux camarades de jeu. Si l'on note l'absence de bassiste, c'est compensé par le Korg et autres synthés joués par Mario et le second guitariste, Stacy Tinant. Ce dernier est d'ailleurs assez exceptionnel avec sa six-cordes. Nous n'avons pas compté le nombre de soli inspirés et d'une longueur labélisée "Alvin Lee", mais il nous en a régalés durant tout le concert.
Passée cette déclaration sur ce brillant guitariste, revenons au coeur du concert et déjà son style. Si vous avez compris l'inspiration classic rock, Ponteix joue au large, entre mélodies pop, rythmiques electroniques et évidemment sous couvert de Rock. Si le batteur, Jeffrey Romanyk, ne donne pas sa part, on remarquera surtout l'entente entre les deux guitaristes, se cherchant, se répondant sans cesse. Le public fan de chanson française aura son moment de grâce également lors d'une reprise en solo par Mario de "La Bohème" d'Aznavour. Un moment electro-transcendant, fait de boucles et surtout d'émotions à nue du chanteur. Dans la dernière partie de cette longue reprise Stacy Tinant revient pour nous offrir un solo sans fin pour ajouter de la tragédie au moment. Le final du concert donne dans le Rock psyché tout en saturation, Mario jouant aussi entre le grave et l'aigu de sa voix pour contraster l'ensemble. Ce rendez-vous est une réussite complète, la salle est comble et enjouée.
Bigger
Retour au BISE et au Stereolux pour un show dantesque. Devant une salle qui se remplit progressivement, Bigger sait qu'il n'aura pas deux fois l'occasion de faire une bonne première impression. 6 titres sont prévus, pas de bla-bla, il s'agit ici de marquer des points auprès des professionnels présents dans la salle, avec pour objectif principal de se faire plaisir et pouvoir vendre des concerts aux programmateurs cachés au Stereolux. Et la formation à 5 musiciens n'est pas la plus simple à refourguer financièrement. Car si le public est toujours capable d'acheter des pintes à 8 € en concert, mettre 15 balles pour un groupe indé est bizarremment une autre affaire...
Et le moins qu'on puisse dire est que Bigger via Kevin, son chanteur irlandais, tente de mettre toutes les chances de son côté pour séduire au mieux les pro et le public présents. Le groupe offre un concert ramassé, sans concession, les musiciens étant au taquet d'entrée de jeu, c'est féroce. Le set fait dans la sensualité, Kevin susurre avec ardeur, bien soutenu par les synthés haletants, une batterie tout en appui sur sa grosse caisse, une basse au temps, une guitare surtout rythmique pour se caler au chaud. Kevin vient goûter la foule dans la fosse, il séduit, donne son corps à la science inexacte du public venu pour découvrir. Fort à parier qu'il fut comblé. Avec le final "Circus", un air décadent de bastringue s'installant dans la salle, Bigger montre qu'il a kiffé autant que nous la soirée.
Lire aussi : notre interview du groupe juste avant ce concert
It's sunday
Un trio à la mélancolie affichée sur leurs visages étrangement inexpressifs. It's sunday, ou l'éloge de la paresse, comme un pan d'adolescence passé allongé à fixer le plafond de sa chambre.
Deux toms tambourinés et une cymbale pour semblant de batterie, accompagnés par deux guitares à l'inspiration minimaliste, ou du moins étant dans l'expiration. Tant de joie de vivre nous fait nous demander ce que nous foutons sur cette putain de Terre. Une profonde lassitude s'empare violemment de moi lorsque le groupe cherche en vain à accélérer... Et ce n'est pas faux mais presque, presque un groupe de rock. Nous ne savons pas ce que recherche ce groupe mais c'est sans doute à partager un profond abattement avec son public. On peut dire que c'est réussi. Si le post punk a le vent en poupe en ce moment, il s'agira pour poursuivre de dépasser une cold wave distante pour se rapprocher du public et gagner en chaleur et énergie.
Carnival Youth
Moment de grâce offert par un quatuor venu de Lettonie. Les quatre bien en ligne, batterie et synthé entourant la basse et le chanteur guitariste. Si le lead est supporté par le chanteur guitariste principal, le batteur montre sa belle voix en prenant le chant lors d'un titre savoureux. Et de la saveur, ce n'est pas ce qui manque à Carnival Youth, du garage rock chaloupé, assez dansant mais aussi planant grâce à ses nappes de synthé. Sous sa casquette, le chanteur sait aussi séduire le public de la soirée avec sa voix que l'on croit bien volontiers plus venue d'Angleterre que d'Europe de l'Est. Les ambiances offertes par le groupe sont bien variées, chacun peut y trouver son compte. On regrette cependant que le groupe reste en dedans, comme timide. On ne vous aurait pas bouffés ! On a aimé votre prestation. A bientôt pour d'autres concerts en France...
Set photos entier à voir sur la page de l'auteur Yann Landry