10 Grosses Questions à  Jewly pour la sortie de Toxic

Jewly sort son nouvel album Toxic ce 24 avril, l'occasion pour nous de lui laisser la parole pour évoquer sa production, ses goûts, ses inspirations. A vous de vous laisser croquer et de découvrir cette artiste qui fêtera l'an prochain ses 10 ans de carrière.

1. Comment fonctionnes-tu lorsque tu composes ?

La plupart du temps, je dissocie le travail d’écriture de celui des arrangements. Je me mets en mode hermite pour composer. Généralement, j’écris d’abord les textes puis je compose les mélodies mais il arrive parfois qu’une première mélodie m’inspire des mots et je poursuis l’écriture. En live, j’ai besoin d’être totalement en symbiose avec les thèmes et mélodies que j’ai envie de crier ou de susurrer, et donc, cette première étape de compo et d’écriture se fait entre mon cœur, ma tête et mes tripes ! Après je m’entoure d’un arrangeur. Je lui soumets mes premières idées d’arrangements puis on travaille ensemble.
Pour mes derniers albums, j’ai « casté » plusieurs arrangeurs, auxquels j’ai soumis 3 de mes titres (en mode piano-voix pour Toxic) ainsi qu’une liste de mes influences. L’idée était qu’ils me proposent un arrangement sur un des 3 titres. C’est comme ça que j’ai rencontré Moon Pilot. Nos premiers échanges se sont fait par téléphone. ça a tout de suite matché entre nous. Puis il a travaillé sur, non pas 1, mais 2 titres que je lui avais envoyés. L’alchimie humaine et musicale ont été immédiates. Je lui ai donc confié la casquette de réalisateur (en gros de directeur artistique). Nous avons bossé ensemble sur les arrangements sur plusieurs sessions (de mai à juillet) du côté d’Angers, avant de rentrer en studio à partir de septembre 2019.
Après, nous bossons le show avec mon équipe habituelle de live. J’ai la chance de travailler avec une équipe extra, qui me comprend très bien et qui s’est superbement approprié les titres de ce nouvel opus.

2. Dans quel morceau de ta production t’identifies-tu le plus et pourquoi ?

Alors, vu le fil conducteur et le thème de ce « concept album », forcément tous car ils sont tous une partie de moi. Le parcours de vie de cette personne, décrit chronologiquement de 4 à 37 ans, est clairement le mien, même s’il peut concerner la plupart d’entre nous.
Pour le côté musical, chaque morceau a été travaillé, peaufiné en détail car chacun est différent. C’était mon souhait de proposer une richesse d’influences, variées selon les titres. J’ai mis tout mon cœur dans chacun de ces morceaux, donc ce serait comme choisir entre tes enfants !
Pour le côté vocal, j’en citerais 2… “The Stupid Game Of” tout d’abord car il y a 3 palettes de ma voix dans ce titre.C’est ce qui a été très kiffant et nouveau pour moi avec le travail que j’ai fait avec Moon Pilot. Il m’a challengée en me faisant essayer plein de trucs avec ma voix et au final, je m’y retrouve vraiment. Dans ce titre, il y a 3 Jewly (oh myGod !!), une voix nonchalante, une voix plus douce et puis on lâche les chevaux...
Le 2e titre c’est “I Am Strong Enough”, pour le côté plus viscéral ; une évasion totale quand je le chante.

3. Y a-t-il un vers ou une phrase dans les paroles d’une chanson qui te tiennent particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?

Oh oui !! Tellement, je pourrais en citer plein ! Ces paroles sont toutes des cris du cœur, des choses qu’on a envie de cracher.
I just couldn’t listen to myself, I just wanna listen to myself”… je crois que ces mots seraient ce que je choisirais si je ne devais choisir qu’une seule phrase. Il y a un avant et un après, l’issue est toujours positive quand on se donne les moyens. Cela illustre cette phrase tellement vraie pour moi : « Tout ce à quoi l'on résiste persiste ». Ne résistons pas alors !

4. Quelles sont tes principales influences lorsque tu composes tes morceaux ?

Au stade de l’écriture des mélodies, j’essaye vraiment d’oublier toutes mes influences actuelles, et de partir plutôt dans des styles musicaux très très variés. Cela peut aller jusqu’au classique, univers dans lequel j’ai été bercée quand j’étais petite. Pour moi, c’est important de vraiment garder son identité musicale et j’évite de me laisser influencer par des artistes auxquels on pourrait me comparer. Après, au stade du travail sur les arrangements, idem, j’ai plein d’influences. Évidemment, il y a des artistes et des univers qui me parlent énormément, comme Depeche Mode, Nick Cave, The Kills, Hozier, Jack White… avec la volonté de garder en tête cette touche blues qui me tient à cœur. Mais en même temps, les influences peuvent venir de titres de styles musicaux divers et cela peut être juste un son, un effet de voix, etc.

5. Est-ce que d’autres sujets hors musique t’inspirent pour tes chansons ?

Oui clairement ! Dans cet album, l’humain est au centre, avant même la musique. C’est la thématique de toutes ces situations et personnes toxiques qui m’a inspiré tout le reste. J’écris avec beaucoup de second degré, je ne veux rien imposer à l’auditeur. Par contre, je veux qu’il se questionne, qu’il réagisse en tout cas. La musique, qui vient plutôt dans un second temps, amène une énergie positive et libératrice. Les sujets hors musique prédominant dans Toxic sont tous ces thèmes nocifs qui me déchirent ou me révoltent : le formatage social, le jugement, le harcèlement social et physique, l’homophobie, le racisme, la violence, le viol, l’addiction, la manipulation, l’exclusion et les inégalités, les conséquences du deuil, les maladies, les « normalités » imposées…et malheureusement, souvent en conséquence de tout ça, la non-écoute de soi. Je crois que nous sommes tous confrontés à cela, avec plus ou moins d’armes morales pour le comprendre et nous en défendre. Cet album Toxic, c’est un exemple de parcours pour s’en sortir, qui prône l’introspection et le fait de prendre soin de soi, d’une part et de faire preuve de bienveillance, d’autre part ; pour savoir comment avancer avec ces situations toxiques et ne plus les subir. Comprendre aussi que souvent, on ne peut pas changer l’autre ; il n’y a que nos réactions que l’on peut changer, et c’est sans doute ça qui est salvateur et qui peut faire bouger beaucoup de choses et être fédérateur au final.

6. Si tu devais écrire et composer un concept album aujourd’hui, quel thème choisirais-tu ? Quelles influences ?

Eh bien, il est là ! Et à vrai dire, je ne sais pas si le prochain sera à nouveau un concept album. Celui-ci est venu instinctivement, presque comme un besoin. Dans mon album précédent, Drugstore, je parlais d’histoires de personnes que j’avais rencontrées et qui m’avaient bouleversée. On l’a qualifié de concept album, même si pour moi, ça n’en était pas vraiment un. Après cet album, j’avais l’idée de faire complètement autre chose… Et finalement, Toxic est né naturellement. Quand j’ai l’idée, je fonce. Il faut juste que je me trouve un créneau de temps pour l’écriture et tout se libère. J’avoue que ça travaille à 200% dans ma tête. Mais là je vais profiter un peu de Toxic, c’est un album très intime, j’ai envie de le vivre pleinement.
Quant aux influences à venir… et bien, état d’esprit rock sans doute. Et pour la musique, je me laisserai me surprendre !


crédit photo : Philippe Mazzoni 

7. Quelle a été ta première idole musicale ?

Alanis Morissette. A l’époque je me souviens que beaucoup de personnes autour de moi la critiquaient à cause de certains effets de voix. Moi j’adorais ! Et les thèmes de ses chansons me parlaient… Je crois que je commençais à prendre conscience de ce que le toxique peut infliger, et ces jugements. Sa voix est sa singularité et si on n’aime pas, eh ben on n’écoute pas ! En tout cas, elle m’a permis de traverser beaucoup d’étapes complexes de mon adolescence, par ses émotions, son univers, ses mélodies et ses textes. J’aurai toujours un attachement tout particulier à cette artiste.

8. Avec quels groupes / artistes rêverais-tu de tourner ou bien composer un album en commun ?

De tourner, ou au moins de faire un duo, ce serait Nick Cave ! Pour composer un album, ce serait avec Jack White. Un artiste qui se moque complètement d’être dans les cases, un univers singulier, très riche et varié, que j’aime beaucoup.

9. Quel est le premier album que tu as acheté avec ta propre thune ? Quel est le dernier album que tu as acheté ?

Mon tout premier album que je me suis achetée : le Greatest Hits de Queen.
Les derniers albums que j’ai achetés, car il y en eu 2, c’était des vinyles : Hozier (son premier album, en double LP) et Imagine Dragons (Night Visions).

10. Comment convaincre quelqu’un d’écouter ta musique de la manière la plus rapide possible, à l’image d’un Tweet ?

Ha ! Pas facile d’être journaliste ou communiquant dis donc…
L’album Toxic : un parcours de vie avec dix situations toxiques qui peuvent tous nous concerner et dont on veut se libérer. Des mots et une musique pour s’évader, réagir, s’écouter et prendre conscience de ce qu’on est et qu’on ne veut plus subir ! Un concentré d’énergie rock positive et assumée.



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