Petits frères spirituels des seigneurs du blues touareg, Tinariwen, les membres de Tamikrest font, depuis près de 15 ans, résonner le son ardent du Sahara. S’épanouissant dans un territoire où le développement de l’expression musicale est bien souvent entravé, Tamikrest offre Tamotaït, un cinquième album studio flamboyant, enregistré dans la campagne française. Compagnons depuis l’enfance, unis par les mêmes souffrances, les musiciens de la petite ville de Kidal communient aujourd’hui à travers leur virtuosité.
En exil perpétuel entre Mali, Algérie et France, Tamikrest a trouvé, au cœur du blues, un confortable cocon où nous sommes tous conviés. Bercé d’onirisme et de réflexions, Tamotaït est une dune mouvante, de l’oreille vers le cœur. Et puisque dans chaque exil, il y a un point de départ, une terre de naissance, Ousmane Ag Mossa et sa bande nous plongent dans le quotidien façonné de luttes et d’espoirs des peuples du désert. Aghaly Ag Mohamedine (percussions), Cheick Ag Tiglia (basse), aidés des Montpelliérains Paul Salavagnac (guitare) et Nicolas Grupp (batterie) sont les autres membres qui composent le groupe actuel.
Pour accompagner le chant Tamasheq (langue berbère), Tamikrest s’équipe des fondamentaux du rock, et notamment de plusieurs guitares électriques ; mais également de percussions traditionnelles nord africaines, comme le djembé. L’album défile sans accrocs, au détour de 9 chemins plus ou moins rocks, tous gonflés d'éclat et d'un certain psychédélisme inspiré, entre autres, de Pink Floyd.
Dans sa soif d’expérimentation et de perfection, le leader, Ousmane Ag Mossa a composé plusieurs morceaux au cours d’un voyage au Japon, avec un tonkori et un shamisen du Soleil-Levant. L’archipel ayant été simultanément frappé par un typhon, seul "Tabsit" figure sur l’album, divinement accompagné par les talentueux Atsushi Sakta et Oki Kano. Le quintet s’inspire également beaucoup du rock occidental, n’hésitant pas à alimenter son art de riffs garage comme dans le furieux "Anha Achal Wad Namda".
Hypnotisé par cet insaisissable rythme, il n’y a plus qu’à s’offrir à ce mystique voyage. Lui vient à nous dès "Awnafin", titre phare, quand la puissance des cordes nous fige. S’en suit une multitude de pépites, dont "Tawazad" et la tendre "Timtarin" (avec la chanteuse marocaine Hindi Zahra). Conversation avec un désert impitoyable, et pourtant débordant de l’amour de ceux qui le chérissent, il nourrit Tamikrest d’une inépuisable magie créative, qui lui répond par la beauté et la pertinence de l’art.
Tamotaït signifie espoir en langue Tamasheq. Ici, c’est un cri en faveur des communautés Touaregs, victimes éternelles de la violence qui afflige le Nord du Mali. Impressionnant de variété et d’énergie, l’album fait honneur à ce blues touareg, et aux combats des peuples en quête de liberté.
Dans la lignée de ses illustres ainés, Tamikrest foulera, cette année, les scènes européennes. Le groupe se produit notamment le 19 mai à l’Espace Django Reinhardt de Strasbourg, le 20 mai au New Morning de Paris, ainsi que le 22 mai, dans le cadre de Jazz sous les Pommiers, à Coutances.
Sortie le 1er juin 2020 chez Glitterbeat / Modulor
Tracklist : 01. Awnafin |