Concerts à Paname le retour ! En manque total qu’ils étaient les foncedés du live à LGR, après tant de mois sans leur dope… Louée soit l’équipe du Supersonic de s’être exportée depuis début août chez leurs confrères du Trabendo, pour les biens-nommées soirées “Take me (A)out” ! En ce milieu de semaine, la cour de l’édifice écarlate perdu dans le parc de La Villette n’était pas bondée pour la venue des Parlor Snakes et des Lloyd. Idéal pour éviter toute promiscuité intensive, fortement déconseillée par les temps qui courent… Masqués pour la plupart, même s’ils n’ont pu reprendre en choeur, les aficionados et les autres ont semble-t-il passé une sacrée bonne soirée avec les deux formations parisiennes !
Les aficionados donc, ces fameux piliers de la scène rock parisienne… Comment ils étaient jouasses de retrouver leurs barrières, de s’y accrocher plus fermement que des moules à leurs rochers et de tailler une bavette. Pas les seuls à kiffer d’ailleurs ; les shooteux virevoltaient autour de la scène, frénétiques danseurs de ballet rock n’roll. Notre Poulain à nous, photographe racé que nous partageons de bon coeur avec nos confrères indés. L’inamovible Robert Gil, toujours de noir vêtu, mais qui avait habilement troqué son célèbre couvre-chef contre un foulard porté façon chech touareg. D’autres dont le masque dissimulait les traits, mais dont on reconnaissait la silhouette… Ils étaient venus et ils étaient presque tous là ! La garde rapprochée des deux groupes parisiens également, qui se partageait l’espace avec les rockers patentés et les jeunes attirés par l’entrée gratuite et le set DJ promis à l’issue…
LLOYD
Nous avions assisté aux balances prometteuses de ce trio parisien qui sort ces jours-ci le live de leur album Black Haze. Gros son les Lloyd, s’entendant de loin, mais qui s’avérait parfaitement audible de près. Cela nous changeait de la sono parfois approximative du Supersonic… Nous avions donc eu un aperçu d’une musique certes savante, mais a priori nullement barbante. Un ressenti qui se confirme dès le premier titre, le bien nommé “Dream’s ouverture”, ainsi que son successeur “Not a dreamer”. Le genre de morceaux fleuves, dans lesquels on parvient à ne pas se noyer, fruits d’une technique irréprochable, mais qui n’ont pas oublié de privilégier l’émotion… L’ombre du flamand rose fait plus que planer sur les trois Lloyd, ne serait-ce que par la technicité de haut vol dont ils font preuve. Mais une énergie toute ledzieppienne les traverse également, l’esprit du Kashmir traverse notamment leur titre phare “Black Haze”. Ils ne peuvent pour autant être considérés comme des revivalistes des deux monstres des seventies. Même si le point commun est l’exceptionnelle voix d’Alexis, chanteur et guitariste. C’est l’omniprésence du son piano - en intro ou en solo - du clavier de Loris, qui confère une originalité certaine au trio, la virtuosité d'Antoine aux drums coulant de source. “Shelter” dernier morceau du set, détonnera un temps en mode gospel a capella et clapping, mais s’orientera vite vers un blues parsemé d’impros classieuses. Un joli moment de complicité, une belle façon de conclure pour les Lloyd.
PARLOR SNAKES
Place à Eugénie Alquezar et son gang de serpents de salon, sur fond du “Joker” de Steve Miller. La batterie de Greg, bien connu de nos services puisque officiant au sein de STEVE AMBER, autre dangereuse bande de Paname, bat le rappel des troupes. Peter K, le new-yorkais alter ego de la frontwoman, cheveux mi-longs et fine moustache, se place à ses côtés, tandis Danilo le bassiste prend la pose qui sied à son instrument. Une imperturbabilité au service du rythme, qu’il conservera tout au long du set. Premier lâcher de crinière blonde sur le Korg pour Eugénie, mais pas le dernier. “Darkness rise”, tout est dit dès le premier titre. Pas un pet de gras, plus frontal qu’un semi remorque en pleine face, mais aussi mortellement sexy. Impossible de ne pas frissonner lorsque la voix d’Eugénie se fait cristalline, presque enfantine sur “Man of the night” ou quand elle susurre des "Come back baby" à son Mike sur le bien nommé “Serpent”… La belle Alquezar a de présence et de la prestance à revendre, et il en faut pour s’imposer, entourée de ces trois furieux. Surtout lorsque Greg se déchaîne sur ses fûts ! “Contente de jouer !” nous dit-elle en introduisant “Frequency” dernier titre du set. Plaisir partagé, enchanteresse charmeuse de serpents !
Crédits photo : David Poulain