Il arrive parfois des petits miracles qu'on ne croyait plus possibles. Et pourtant, de temps à autre (en général quand on s'y attend le moins) sort de nulle part une révélation qui non seulement va faire ressurgir une large banane sur votre visage mais aura aussi le don de prouver que le monde n'est pas vide et que tout n'a pas été entendu. Alors, oui, peut être suis-je en train d'en faire des caisses, mais l'album en question est une putain de bonne surprise, une humble petite merveille nommée "Slow to Love" de l'artiste Doe Paoro.
Etablie à Brooklyn après avoir erré auprès de grands maîtres hindous (non, non, ce n'est pas une blague) et s'être déniché un précieux collaborateur, c'est en février dernier que notre jeune héroïne donne naissance à ce disque. Un disque qu'on pourrait facilement qualifier de minimaliste, mais qui sonne toujours juste et qui est aussi rigoureux que puissamment hypnotique.
Dès l'introduction de l'album (enfin un effet vocoder bien utilisé), on sent qu'on a affaire à quelque chose d'unique. Suave balancement entre hip-hop, soul, folk et un zeste d'électro, le mélange fonctionne parfaitement bien, porté par des mélodies et des arrangements d'une beauté et d'une simplicité confondante. Sorte de mélange improbable entre Soap&Skin et Amy Winehouse, le chant est tour à tour fragile et puissant, profitant d'une certaine élasticité tout en souffrant, il faut le reconnaître, d'un petit manque de pureté technique.
Mais c'est précisément là que réside tout le charme, car si la technique n'est pas parfaite ou virtuose, le supplément d'âme qui est amené vaut bien tout l'or du monde ; ainsi ce feeling monstrueux vient estomper tous les petits défaut qui jalonnent l'album.
Alors que dire des merveilles que sont "I'll go blind" et son groove démoniaque, les minauderies charmantes de "Trying to impress" et les sublimes crève-cœurs "Can't live you" et "Soft but Strong" ? Rares sont les albums qui vous entraînent à ce point, ressemblant plus volontiers à d'émouvantes confessions qu'à un simple divertissement.
L'espace de neuf chansons, l'impression d'avoir communié avec cette personne étrangère et pourtant si familière vous laisse quelque peu perplexe ; encore tout ennivré de ces réverbérations funestes à la This Mortal Coil. Mais c'est ça, Doe Paoro, de la soul fantomatique qui n'est pas prête de vous lâcher. Et puisqu' on parle maison hantée et fantômes, jetez donc un coup d'œil à ce live habité du titre "I'll go blind" où il est prouvé que parfois un piano et une voix suffisent à casser la baraque!
Bien entendu, je vous conseille vivement de jeter une oreille sur son site, sachant que l'album est téléchargeable au prix que vous voulez ; alors n'hésitez pas à vous jeter sur cette véritable perle !