The Hyènes.
Verdure.
Album.
Nouveau.
Et oui, tu en as forcément entendu parler. Le quatuor sud-ouestiste (ou sud-ouestain, ou ce que tu veux) sort un nouvel album.
Son nom? Verdure.
Son style? Rock.
Oui exactement, Rock.
Il en a fallu du temps pour enfin écouter cette galette. On ne va pas te raconter des salades, tu as vu la météo, ça pue le confinement, ça sent la poussière dans les salles. Alors forcément, l'album, il est resté reposer. Comme une bonne pâte à crêpe, comme un bon vin, comme un ado le dimanche matin. Et il tourne. Pas dans les clubs, pas dans les salles, malheureusement. Une sortie discrète, en version acoustique, pour les heureux veinards qui ont eu la chance d'être au bon endroit au bon moment. Pour les autres, pas de panique, ça va venir. On ne va pas rester le mors aux dents, on va aller écouter The Hyènes.
Parce que l'album, et bien tu sais quoi ? Et bien, il est bon. Et oui, tout simplement bon. Une bonne tranche de Rock'n'Roll, de celui qui est sorti de la cuisse de Noir Déz, forcémment. Mais si Denis Barthe a cassé du petit bois sur "Tostaki", si Luc Robène a cassé ses premières cordes avec Noir Désir avant d'aller visiter Strychnine, là s'arrête la comparaison. L'apport de Olivier Mathios à la basse (Ten Cuidado, Timides, Mountain Men) et de Vincent Bosler (Spooky Jam) au chant, aux textes et à la guitare, boucle la boucle. The Hyènes, c'est ça. Ce qui au début n'était que un projet lié à un film d'Albert Dupontel (encore un qui a bon goût, celui-là), a grandi, s'est renforcé. Bien sûr il y a eu des coupures, The Very Small Orchestra, d'autres projets parallèles, puis des tournées, en mode BD-Concert, et un EP apéritif, il y a un an déjà. Et là ça y est, Verdure est là.
crédit photo : Mélanie Torok
Verdure, ce sont 12 titres dans la pure tradition du Rock en français. Sombre avant tout. Les accords, c'est pas du majeur, ou alors du majeur tendu bien haut. Pas de compromis, le rock simple, efficace. Guitares, basse, batterie, chant. Simple. Un petit coup de saxo au passage, histoire d'apporter un peu lumière, mais surtout rester dans le dark. "Plus Dark que Vador". Aller chercher dans le fond des âmes les sentiments les plus sombres. pas besoin d'aller trop loin d'ailleurs, elle n'est pas toute belle, cette âme. Constat amer, "nos vies ici bas se décident là haut, de père en fils". Frustration de ne pouvoir que subir les lois qu'on n'a pas votées, incompréhension devant les bagarres de supporters manipulés ("Johnny vs. Johnny"), la triste vie des sans-illusions, usés par la télé et toutes les misères ("Qu’est-ce que ça peut me faire de sauver la planète ou le système bancaire ?"), l'univers de The Hyènes n'est pas drôle. Constat douloureux, espoir éteint. "toi qui rêvait de verdure, n'y pense même plus". Voilà, c'est dit. La planète nous survivra, à nous les humains, sans doute. Dans quel état, on ne sait pas, sans doute bien abîmée, mais elle survivra. La promesse du titre de l'album, Verdure, n'est qu'un l'heure. On étouffe.
Et quand ce n'est pas le monde qui va mal, c'est l'homme. Pas celui avec un grand H, non, celui qui a perdu l'être aimé, qui ne le trouve pas. Qui cherche une renaissance, mais "y'a toujours rien qui efface". L'ombre est toujours là. Il y a celui qui se défoule, gestes déplacés, violences, "comme les noms d'oiseau que tu donnes à ta femme". Celui qui se lamente aussi, qui n'y croit plus. Qui n'a plus d'espoir, qui sait qu'il finira seul. Alors dans un dernier souffle, ce constat amer, un peu facile, comme une excuse: "l'amour ce n'est rien que du cul".
Tu l'as compris, avec Verdure, The Hyènes ne fait pas dans le rock de comique troupier. C'est dur, ça cogne, dans les textes comme dans les musiques. Frappes sèches, guitares acérés, l'ambiance générale ne va pas chercher non plus dans les aigüs. Le son est rauque, les guitares grattent, la basse bien ronde pour te pousser encore vers le fond. Pas oppressant non plus, ne t'y trompe pas. C'est juste du rock. Bien tapé, 12 titres, un album. Du rock.
The Hyènes, Verdure 12 titres Sortie le 16 octobre 2020 chez Upton Park The Hyènes sur Facebook c'est ici. |