Placebo – B3 (EP)

C’est ce lundi 15 Octobre que sort le nouvel EP de Placebo, B3. Chose étonnante d’ailleurs qu’un si vieux groupe plutôt enclin à enchainer les LP repasse par ce plus petit format généralement réservé aux artistes en devenir. Pour les groupes établis, il peut s'agir d'une récréation créative, d'un avant-goût, ou d'une façon de tâter le terrain. Etonnant ? Pas vraiment.

 


Replaçons cet EP dans son contexte. Cela fait 16 ans que Placebo a sorti son premier album avant de s’imposer avec des disques comme Without You I’m Nothing et Sleeping With Ghosts. Pas facile de leur trouver un digne successeur. Après un « Meds » trop perfectible, on sent que le power trio n’est plus au mieux de sa forme, et preuve en est avec le départ quelque peu forcé de Steve Hewitt, batteur du groupe depuis 1998.

Il devient clair que Placebo doit se renouveler afin de prendre un nouveau départ. Ce renouveau sera logiquement incarné par Steve Forrest, jeune batteur californien, qui grâce à son assise et sa frappe efficace amène le groupe à adopter un son rock plus lourd et plus gras. Même si « Battle For the Sun » est plutôt honnête, on est loin du romantisme acharné des précédents opus. C’est tout simplement plat ; et on se demande si le groupe n’a pas perdu une partie de son âme dans le processus. Quoi de mieux alors que de repartir sur des bases plus saines et refaire, comme à leurs débuts, un EP ?
 


Annonciateur d’un nouvel album, on sent toutefois qu’il s’agit plus là de prendre la température de l’eau plutôt que de risquer un plongeon à corps perdu. L’expérience se révèle du coup peu concluante, car paradoxalement aussi audacieuse que timorée.

En effet, l’EP emprunte à plusieurs genres (rock, électro, pop rock radioheadesque) sans jamais vraiment se décider en faveur de l’un d’entre eux, désignant ainsi plus une absence d’idées qu’un réel parti pris. A leur décharge, il est effectivement difficile de concilier envie de fraîcheur et héritage trop lourd à porter. Mais c’est précisément là que le bât blesse, car tous les acquis du groupe figurent aussi aux abonnés absents. On ne trouve aucun titre tubesque sur cet EP ; ce qui relève de l'ironie suprême pour ceux qui avaient l’habitude de nous mettre KO avec des titres aussi emblématiques que « Without You I’m Nothing », « Special K » ou « The Bitter End ».

Il est clair que Placebo s’essouffle avec ce B3 de mauvais augure. Mais qui sait, peut-être que dans quelques années, tel un phœnix, le groupe aura fini sa traversée du désert artistique et réussira de nouveau à nous surprendre (dans le bon sens du terme) ?

NOTE DE L'AUTEUR : 3 / 10



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