Barricades est un quatuor basé en Seine-et-Marne qui monte son énergie depuis 2008. En 2012, leur premier album autoproduit, Le son des Barricades, prouve leurs inspirations rock et punk, confirmées avec Sans titre en 2017, dans lequel s'installe un peu plus de pop et des reprises de Brassens et Brel.
Voici le 10 janvier 2021 leur troisième petit, Imagine, qui n'est pas un hommage à John, ou alors un John qui aurait pris pas mal de parpaings qui l'auraient rendu bien vénère.
Dans les 11 titres de cet album rock aux paroles brutes, les textes en français abordent des thèmes de société, avec une optique bien sombre. Les Barricades savent poser des assonances sur le rythme, en savants allitérateurs sans cependant verser dans la littérature.
crédit photo : Raphaël Rivaldi
Avec une base toute simple, guitares, basse, batterie, une voix chaude juste ce qu'il faut d'éraillé, Barricades ne cherche pas dans l'originalité, mais dans l'efficacité.
Ça sent le punk pour le sens de la formule engagée mais surtout ce petit je-de-sais quoi entre mélodie épurée et texte incisif.
Un autre groupe de rock en français, comme il y en a eu plein avant eux, et comme, espérons-le, il y en aura plein après eux, qui s'en inspireront même sans doute. Parce que comme dans toute bonne dissertation, les barricades savent agencer : la forme est au service du fond.
Pour preuve : "La machine" s'emballe, avec une cadence effrénée qui fait boucler les cordes métalliques de la basse, martelée par la batterie que rien ne semble vouloir arrêter tandis que "XP327" nous plonge dans un rétro-futur de cosmonaute perdu dans l'espace.
La plupart de leurs morceaux donnent envie de se trémousser comme sur un air déjà connu. Les guitares couinent, les chœurs scandent, les sons se répercutent jusqu'à la distorsion... c'est moi où ça sent bon les années 80 ? "L'illusionniste", c'est la rencontre musicale improbable entre "Argent trop cher" et "Denver" (oui, l'icône rock du crétacé), ça sent bon les paillettes du cirque et la bière du fond du garage.
Les textes s'entremêlent parfaitement à la musique, et entre l'assassinat de l'"Époux-vantail" ou l'implacabilité de "Ta croix" on est plongé dans les notes tout autant que dans les mots.
Et on répète la lecture à la fin, parce que ça faisait trop longtemps qu'on n'avait pas senti un son aussi énervé, tout en ayant pris le temps de monter un truc bien abouti. Restez en place, on vient tenir l'assaut !
Sorti le 4 décembre 2020