« Attrapez-les tous » qu’ils disaient… Mais là, on n’est plus chez les Pokémons. Bien que leur nom soit puisé dans la culture nippone, Mothra étant un monstre papillon dans l’univers de Godzilla, les Mothra Slapping Orchestra ne sont pas là pour enfiler des perles. Objectif affirmé, attraper des monstres en leur balançant de sévères giclées de rockabilly façon Stray Cats croisés avec les Foo Fighters.
Pour arriver à ses fins, le trio rockabilly made in Reunion Island nous livre donc Catch Your Monster Final Round, son troisième opus long format. Les trois chasseurs de monstres mélangent plusieurs influences diverses. Leur rockabilly affirmé, ce n’est pas le gratteux chanteur Buck Banzai qui nous contredira tant il triture sa Gretsch Hot Rod sur des titres comme "Monster In Town". Une intro très rockabilly où la Gretsch Setzer rend hommage à sa signature et la magie s’installe. Le papillon Mothra déploie ses ailes.
"Cycotic Clown" pourrait réveiller les morts. Peut-être une technique pour dénicher les zombies avant de les attraper, si l’on respecte le titre de l’album… Le titre est un rockabilly énervé qui envoie grave et fait chauffer la contrebasse. Les clowns, ça contient toujours un groove infectieux. Le clown des Mothra n’échappe pas à la règle. Et le titre se permet de partir dans les digressions lorgnant heavy metal pour naviguer entre rockab’ et les meilleurs Alice Cooper. Pas mal non ?
Photo : Mikaël Thuillier
Et l’esprit de Jon Spencer vient souvent hanter le combo. "Für Elvis, Woo59". Un riff entêtant, un titre avec Elvis dedans… Voilà que le hurleur guitariste des Mothra se glisse dans la peau du rocker new yorkais en version Heavy Trash. Back in the late fifties…. Ca éructe, ça couine dans le micro ! Bref ça groove puissamment pour finir avec un clin d’œil à la "Lettre à Elise" de Beethoven ou plutôt à "Metal Heart" d’Accept…
"Gimme A Pill Doctor" s’inscrit dans la veine des gros boogie blues façon "LA Grange" de ZZ Top mais revisité par Dave Grohl et ses combattants Foo. Puis question pilules, on va aussi penser aux New York Dolls et notre Frenchy Sylvain Sylvain qui nous a quittés récemment. Celle-là pourrait être pour lui…
"Revolution" lâche les chevaux et les sonorités cristallines se teintent d’overdrive maitrisé façon AC/DC avant de redonner à la contrebasse ses lettres de noblesse.
Les Mothra savent aussi baisser le tempo (provisoirement on vous rassure) comme sur le single potentiel "I Wanna Die" se fendant même d’une intro au ukulélé. Certainement le coté insulaire… Rappelons au passage que le produit est la première production vinyle 100 % « péi ». Conçu, pensé, pété, répété, enregistré et pressé à la Réunion ! « Do It Yourself » qu’ils disaient aussi ! Buck Banzai y "croone" comme Frank Sinatra ayant copulé Mick Jagger. Les Mothra oseraient-ils une dose de pop dans leur rockabilly ? Why not ? On imagine la foule reprendre en chœur le refrain dans un stade de France rempli !
"Slowdown" démarre comme une ballade mais c’est pour mieux tromper l’ennemi. Une pompe rockabilly infernale soutient le morceau et Buck s’égosille puis fait rugir sa guitare. Slowdown ! Faites ce que je dis mais pas ce que je fais. Attention ! Le morceau développe quand même une fort belle énergie !
Photo : Mikaël Thuillier
On rajoutera une bonne dose de garage, des masques de catch (les trois Mothra pour des raisons de sécurité évidente au vu de l’importance de leur mission arrivent sur scène affublés de masques de catcheurs des années 60, des visionnaires bien avant la période COVID), une pincée de punk, quelques grammes de stoner et un peu d’allemand… Le titre "Ich Liebe Dich Greta" s’ouvre avec un riff aux relents de surf music. L’occasion d’ouvrir une petite parenthèse pour vous signaler que sur le même label Sayor Records, le hurleur des Mothra officie aussi dans The Pamelas, combo surf qui présente sa première livraison à découvrir d’urgence. Mais ne papillonnons plus et revenons aux aventures du papillon. Le voici en pleine exploration de la langue de Goethe. Greta et Gretsch s’entendant comme larrons en foire et sur cette affaire, la rigueur teutonne en a pris un sacré coup. Une histoire d’amour à l’allemande.
Résultat des courses, si vous êtes en manque de giclées de rockabilly façon Stray Cats croisés avec riffs d’acier style Foo Fighters alors Catch Your Monster Final Round des Mothra Slapping Orchestra est là pour vous. Le nouvel opus des pensionnaires de Réunion Island vous servira une bonne dose de rockab’ mâtiné de garage, du punk, du stoner et même un potentiel single avec une intro au ukulélé. On oubliat… Le tout emballé dans une magnifique pochette signé par le dessinateur de BD Hippolyte. Classe aussi bien dans le fond que la forme.
Sortie le 20 février 2021 sur le label Sayor Records
