Avec "Pamphlets", Squid met en vidéo un deuxième extrait de son premier album, pondu ce mois-ci. Bright Green Field, né le 7 mai, est fort bien reçu par le public et par la presse, qui annone à qui mieux-mieux qu’il s’agit sans doute permis de l’« album of the year ».
A travers ce clip, le réalisateur Raman Djafari affirme exploiter sa "peur de sortir" avec un travail d'animation minutieux qui, au vu du temps passé dessus, n'a pas dû l'aider à retrouver la lumière du jour. Le résultat est quoi qu’il en soit convaincant, fascinant du début à la fin de ces huit minutes épiques qui sont la conclusion de Bright Green Field.
Entrés par la fenêtre médiatique laissée ouverte par des types comme black midi, avec qui ils ont en commun le producteur Dan Carey (on lui doit également deux Fontaines DC, un Goat Girl, un Toy...), les Brigthoniens de Squid parviennent à mettre sur le devant de la scène cette musique que l’on pensait ne devoir entendre, pour toujours, que dans les clubs obscurs, scènes DIY presque légales et bars de zone industrielle pour trentenaires désabusés.
Profitant du repli sur soi nombriliste du monde contemporain roulé en position fœtale, ils rendent sexy cet hybride garage et math-rock, fendard mais invendable. D’abord par une excellence dans la composition et dans la production, mais également par la rénovation de vieilles routes krautrock, qui cessent alors de ne mener délibérément nulle part, comme par l'absorption du romantisme du revival post-punk que l’on connaît ces dernières années. Par la grâce de la réconciliation entre loubards et hippies, Squid se permet en outre d’être crade et teigneux comme des keupons, en même temps qu’aussi triomphalement présomptueux que des progueux. Si le terme d’« album de l’année » n’a sas doute de sens que dans le clinquant superficiel de sa formule, c’est déjà là un bel exploit.