Déjà le dixième album pour les Liverpuldiens de The Coral ! Liverpulkoi ? J’suis même pas au courant de l’existence ce groupe… Et c’est bien là que le bât blesse : le talent de ces orfèvres en matière de pop classe mais pas chieuse, classieuse donc, n’a pas traversé le Channel. Grâce à ce concept album, forcément double, vous avez une chance de réparer cette injustice. Pour peu que vous appréciiez les ouvrages d’artisan, pour une fois, le terme ciselé n’est franchement pas usurpé. Alors, seriez-vous OK pour The Coral ?
Liverpool, ville des Fab Four, mais également celle de Echo and the Bunnymen ou de The La’s. Bon sang ne saurait mentir donc ; dans cette ville, naissent régulièrement des song-writers dans la plus pure tradition anglaise. Vingt ans ou presque que Ian Skelly et Nick Power - l’autre membre fondateur Bill Ryder-Jones a quitté le navire en 2008 - mènent tranquillement leur barque. Sans esbrouffe aucune, on est loin de l’auto-satisfaction oasisienne… Et pourtant avec ce Coral Island, ils se payent le luxe de nous inviter à découvrir une ville balnéaire anglaise, fictive mais riche en représentations imaginaires*. Ian Murray, le grand-pa des frères Skelly, joue le rôle de guide à travers des interludes et même si l’on entrave que dalle au grand breton, sa voix gouailleuse et rocailleuse vous emmène par le bout de l’oreille.
La première partie de ce dyptique, “Welcome to Coral Island” nous souhaite joyeusement la bienvenue dans un pays de connaissance, du moins pour ceux que les orchestrations de corde, parsemée de délicates flûtes (“Autumn has come”) n’effraient pas. “Lover undiscovered New mix” ou “The game she play” font jeu égal avec certaines compositions de Neil Hannon de Divine Comedy. Côté rétro, les fans des Kinks apprécieront “Vacancy” et les amateurs west coast de la grande époque, trouveront leur bonheur avec “Mist on the river”.
Le second disque est plus sombre ; même si “Summertime” demeure primesautier et bondissant, les guitares de “Faceless angel” sont haletantes, celles plus acoustiques de “Strange illusions” et “Olds photographs” nettement plus désenchantées. Si la guitare de "Land of the lost" a des faux airs du "Clint Eastwood" de Gorillaz, on songe à des références plus classic rock, telle que les Kinks, encore eux (“The calico girl”), voire même à du Morricone (“Watch you disapear”).
Sorti le 30 avril 2021 chez Modern Sky.
* On avoue bien volontiers se fier à cette information lue chez nos illustres confrères de Rock & Folk, notre niveau d’anglais ne nous permet pas d’être aussi “pointu” quant aux subtililités des paroles...