Le crachotement du saphir, des tintements de verre, une blonde à la main, des accords rapides et funky, un bandeau dans les cheveux, l'ambiance survoltée, enfumée d'un café. Non, vous n'avez pas voyagé dans le temps, c'est seulement l'impression que procure l'écoute du nouvel album éponyme des décalés Sarah Connors (par le label La Féline Prod) : un plongeon dans les années 60-70. Surfant sur la tendance vintage du moment, les cinq musiciens issus d'univers totalement opposés nous servent sur un plateau rétro un cocktail de vitamines soul, rock et reggae, un brin ska. Et ça fait du bien à l'heure où la technologie mène le monde de constater qu'une troupe d'artistes lutte contre les machines, et ce depuis leur premier EP F.Y.A. de 2010.
Mais attention, Sarah Connors n'est pas une pâle copie d'albums de l'époque comme Monkey Man de Toots and the maytals ou The Clash du groupe du même nom. Ils apportent aussi leur touche d'originalité à l'industrie de la musique, tout d'abord grâce aux divers genres qu'ils mêlent : Jazz, Punk, Soul, Pop, Rock sans oublier une touche de Funk, le tout formant un mélange éclectique qui offre une diversité musicale rare et rafraîchissante. Différents au point de poser un nouveau genre sur leur musique : «Dirty Jamaican Rock'n Roll», c'est à dire des sons qui empruntent la chaleur de la Soul des 60's, le rythme rapide et emblématique du Early reggae (faisant écho au défunt Rocksteady), et au Rock des 70's son énergie, pour en faire un mix explosif paradoxalement ancien et moderne à la fois. Leur signature est également repérable grâce aux notes d'accordéon qui parsèment l'album, lui donnant un côté enfantin, un tantinet musette.
The Sarah Connors : un remède contre la morosité, une irrépressible envie de se trémousser sur la piste sans retenue qui vous prend dès l'introduction très brève «Way in». Entraînante entrée en matière, principalement axée sur les basses, ce qui lui confère une allure plutôt reggae. Grâce aux bruitages, qui renforcent cette impression d'entrer dans un bar agité, l'auditeur ouvre une porte sur un monde de fêtes et d'insouciance dont s'évader relève du supplice. Et la fête bat son plein tout au long de la galette, passant tour à tour par des approches plutôt rock, voire Garage («Pam pam pam», «Take me»), mais aussi des morceaux profondément ancrés dans le reggae («suburb of the shadow», «Three little Mice») pour un concentré de bonne humeur, de guitares qui crachent, et de légèreté.
Album également égayé par de nombreuses surprises, comme sur «Show me the way», une pépite Funk où les voix décalées (oui, c'est aussi ça leur richesse : quatre membres qui s'occupent de la partie vocale) se lient aux accords chauds de la guitare pour donner un morceau plein de pep's et de culot qui ne ferait absolument pas tâche sur une pochette des Rolling Stones.
A passer en boucle également le remarquable «Six feet under», qui malgré un titre loin d'être réjouissant est en vérité un morceau électrisant, à la rythmique quasiment anarchique, qui conduit à un état de transe dont jamais on ne se lasse.
Et beaucoup mieux que d'écouter cette détonante galette seul sur son lit, vous pouvez aussi allez voir le groupe se déchaîner sur scène. Effectivement, ces cinq musiciens déjantés ont en commun une solide expérience des performances lives (pour avoir déjà chanté au côté de The Slackers, The Lord Of Altmont ou The Aggrolites), et un amour inconditionnel pour la scène. Rendez-vous pour leurs prochaines dates le 22 Décembre au Centre Musical Barbara dans le XVIIIe à Paris pour un concert de Noël (gratuit !) avec les Washington Dead Cats, le 2 Février 2013 au Hangar d'Ivry sur Seine dans le cadre du Reggae Ska Soul Festival avec le 8°6 Crew, The Branlarians et The Groovin'Jailers, le 9 Février au Festival Solidair de Nancy et pour finir le 30 Mars au café-théâtre bruxellois L'Os à Moëlle.
Tracklist :
-Way In
-Runnin' Around
-Lazy Girls
-Six Feet Under
-Show Me The Way
-Pam Pam Pam
-Take Me
-You'd Better Stop
-Lucky Charm
-Three Little Mice
-Funk You Asshole !!!
Bonne écoute !