Nina Hagen – Angstlos

Après avoir explosé les frontière musicales avec un "African Reggae" bien givré, fait une démonstration télévisuelle très instructive sur la masturbation féminine et vanté les amours saphiques sur la chanson "Auf’m Bahnhof Zoo"; Nina Hagen délaisse le Nina Hagen Band et son rock prog halluciné pour se réorienter vers une carrière solo et surtout, internationale.

Premier effort de la belle pour se faire entendre de par le monde, NunSexMonkRock est un concentré de bizarreries bruitistes quasiment inaudible. Dur d'emporter l'adhésion totale, chose à laquelle remédiera la diva avec Angstlos.

 


 

S'offrant les services du roi du disco, Georgio Moroder, Nina lorgne clairement vers un disco funk cartoonesque, délirant et diablement efficace, bien que terriblement ancré dans son époque, à savoir les années 80.

Un son très 80's qui n'empêchera pas Hagen de nous jeter en pleine figure de sacrès bons titres, dont deux sont des classiques du répertoire Hagenien : "New York New York", avec son funk agrémenté d'une belle voix d'opéra dans son refrain, et "Zarah", débutant comme une sorte d'opérette électro et se finissant dans les méandres d'un disco endiablé et totalement décalé.

Du mélange des genres, l'album en fait son atout majeur, passant sans vergogne du rap ("Was es ist") au rock variétoche ("Frühling In Paris" et ses paroles hilarantes pour tout francophone qui se respecte) en passant évidemment par le funk pur et dur ("I Love Paul") ; le tout étant emballé dans la joie et la bonne humeur.
 


 

Autant de vignettes colorées et poilantes que Nina chante avec ce grain de folie qui la caractérise si bien. Et pourtant, après réflexion , on est étonné du soin apporté à ce qui pourrait ressembler au premier abord à une simple blague musicale bien potache.

De plus, c'est un des albums les plus facilement abordables de Nina, mais aussi un des plus homogène et complet. Le nombre peu élevés de titres (10 au total) évite par ailleurs l'indigestion sonore et aide à conserver la fraîcheur de cette douce folie.

Car il faut bien reconnaître que la carrière en dents de scie de la chanteuse nous a servi son lot d'album trop foutraques pour être réellement plaisants. Heureusement ce n'est pas le cas de ce Angstlos aussi appelé Fearless, autrement dit la version chanté en anglais de l'album.



Ne nous y trompons pas, la mère Hagen a su mener sa barque et savait qu'une version anglaise serait nécessaire pour toucher d'une part le public anglophone, et plus simplement, pouvoir prétendre à une audience mondiale, ce qui ne manquera pas de marcher à son époque. Ce succès tiendra pourtant plus d'un effet de mode que d'une réelle consécration, la dame tombant petit à petit dans l'oubli. Peu importe, l'artiste n'a eu de cesse de rester productive et de proposer des galettes toujours aussi barrées dont un très bon disque de jazz, Leipzig Big Band, où on sent que la voix de la chanteuse est devenue bien plus grave et gutturale que par le passé.

Bref, bien qu'ayant fait des albums en général assez inégaux, Angstlos est l'exception qui confirme la règle, et qui par la même régale aussi bien nos oreilles que nos zygomatiques.



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