2012 ! L’année Neil Young ? D’abord Americana, compil de morceaux country plutôt sympathiques qui permettent de redécouvrir quelques standards déjà approchés par certains groupes de rock comme Led Zeppelin avec "Gallows Pole", ou encore le fameux "This Land Is Your Land" repris par une multitude de rockeurs, Bruce Sprinsgteen en tête. Ensuite, un bouquin, Une autobiographie de Neil Young, Bernard Cohen et Abel Gerschenfelde qui place le Loner (comme on le surnomme) en couverture de bon nombre de magazine de la presse spécialisée (voir Rock ‘n’ Folk de novembre), et enfin ce Psychedelic Pill arrive sur nos platine. Pas moins de deux cd, presque 90 minutes, Neil Young met le paquet (ou tout au moins le package).
C’est parti pour vingt-sept minutes avec "Drifting Back". Chaud bouillant… Vingt-sept minutes. On ne peut s’empecher de penser aux "classiques" morceaux longs du rock ‘n’ roll. Pink Floyd période vache Atom Heart Mother n’est pas loin avec ses 23 minutes. Iron Maiden, n’est pas en reste avec son "Rime Of The Ancient Mariner" incluant des poèmes de Samuel Taylor Coleridge. Le premier m’a laissé assez indifférent, le second m’a beaucoup plus intéressé.
Mais laissons nous plutôt embarquer par la voix du Loner. Le morceau est bien évidemment tripant à souhait. On n’est pas loin d’une grosse jam session, avec des mecs qui se connaissent par cœur. Billy Talbot à la guitare basse et Ralph Molina à la batterie tiennent la section rythmique derrière Neil Young quasiment depuis ses débuts. Frank Sampedro à la deuxième guitare est le petit nouveau, il ne suit le groupe que depuis 1975. A peine plus de 35 ans que les gars croisent le fer. Ca donne quand même une certaine cohésion ! Malgré cela, ouvrir sur un morceau de 27 minutes, ça peut quand même rebuter le commun des mortels…
Essayons la suite… "Psychedelic Pill" (c’est certainement celle qui nous a manqué pour apprécier pleinement le premier morceau) a un titre vraiment évocateur. Plein d’effets sixties sur les grattes. En 68, cet album aurait été un véritable carton… 3 minutes 30 plus tard nous voila repartis pour un trip de 16 min 49 avec "Ramada Inn". C’est pas violent. On lorgne du coté cowboy qui noie ses larmes dans sa bière. Psychedelic country, c’est joli même si on ne peut s’empêcher parfois de trouver le temps un peu long.
Retour à une country rock plus conventionnelle avec "Born In Ontario". Trois accords, un refrain accrocheur. Des paroles riches, "I Was Born In Ontario" répétées autant de fois voire plus que "Je t’attends" dans le morceau éponyme de Johnny Hallyday. Pas mal ! C’est plus dans l’esprit des morceaux que le Loner nous a livré sur son précédent Americana. Il sera peut être sur un futur Canadiana si ça sort un jour... "Twisted Road" reste dans le même esprit avec les lyrics classiques à souhaits : "Let the good times roll".
Et on rallonge les morceaux avec "She’s Always Dancing" et son ambiance planante. On reste dans l’esprit calme et envoutant. Les solos sont agréables.
"For The Love Of A Man" est une petite ballade fort sympathique. On imagine bien les bûcherons canadiens verser des larmes dans leur bière en écoutant ce titre. C’est beau mais mou du genou quand même…
"Walk Like A Giant" est le troisième morceau de bravoure avec ses 16 min 27. On accélère le tempo par rapport au précédent. Intro a la gratte pas loin des vieux Floyd puis le morceau monte en puissance, la gratte se durcit, se distord, on se rapproche du rock !!! Ca part un peu en sucette, hein… Faut pas déconner, en 16 minutes, on a le temps de s’éparpiller mais ça reste cadré par la voix du patron qui de temps en temps nous ramène dans le droit chemin. La fin est tout de même bien barrée. Une version remixée de "Psychedelic Pill" clôture le deuxième CD.
On se laisse finalement embarquer par ce Psychedelic Pill même si l’album n’est pas particulièrement facile à aborder. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour arriver à digérer l’univers du Loner. Le néophyte en matière de Neil Young privilégiera plutôt Americana sorti quelques mois plus tôt ou encore le classique Harvest. Reste que l'artiste devrait ravir ses aficionados. Bonne écoute.